La nomination de la socialiste FadélaAmara dans le gouvernement «Fillon 2» fait des vagues. Sans surprise,l'association dont elle préside les destinées depuis 2004 a accueilli, avec unmalaise, l'entrée de la première des leurs sous les ors de la République. Un vent de mini-crise organique et morale souffle sur la trèsmédiatique «Ni putes, ni soumises», un mouvement associatif qui a valu à saprésidente une visibilité télévisuelle inespérée dans les milieux de ladiversité. Instance suprême de l'association entre deux congrès, le Conseilnational a tenu, samedi, un conclave presque dans l'urgence. Les participantsn'ont pas ménagé leur présidente, accusée d'avoir pris une direction auxantipodes de ses convictions. «Ça ne valait pas le coup de brader des idéespour trois francs six sous. Je suis atterrée par sa décision», estime SafiaLebdi, fondatrice et vice-présidente du mouvement. Selon des informations de presse non confirmées, l'annonce de lanomination de Fadéla Amara, fille d'une famille d'immigrés algériens deClermont-Ferrand, aurait entraîné une série de démissions parmi les militantset la dissolution de comités locaux. Son entrée dans un cabinet ministériel dedroite a troublé les militantes et fragilisé le mouvement. Participante, en 1983, à la marche des beurs pour l'égalité,Fadéla Amara a bâti son parcours militant au sein du PS, dont elle estconseillère générale dans le Puy-de-Dôme, l'un des fiefs de l'immigrationhistorique algérienne et bastion pneumatique de Michelin. Féministes et anti-racistes de «Ni putes, ni soumises» luireprochent deux fautes. La première est d'avoir accepté un Secrétariat d'Etat àla politique de la ville, un poste placé sous la tutelle ministérielle deChristine Boutin. Cette dernière est décrite par les adversaires de Amara commeune «proche des milieux anti-avortements, homophobe et fervente catholique». De plus, «Ni putes, ni soumises» se disent troublés par l'entréede leur présidente dans un gouvernement qui «compte en son sein un ministère del'Identité nationale et de l'Immigration». Le malaise est d'autant plus vif queplusieurs membres de l'association ont apposé leurs noms au bas de l'appelcontre la création du département de Brice Hortefeux. «On reproche ainsi à Fadéla ne pas avoir protégé notre mouvement»,se plaint sa camarade Safia Lebdi. D'ores et déjà, une procédure de retrait deconfiance semble engagée, à en croire des informations rapportées par lesrédactions parisiennes. L'idée d'un congrès pour octobre fait son chemin, avec,comme principal point à l'ordre du jour, la désignation d'une nouvelleprésidente. Au sein du PS, plusieurs responsables - «éléphants» et «jeunesloups royalistes» - ont dénoncé le choix de Fadéla Amara de répondre à la maintendue par Sarkozy et son Premier ministre François Fillon. Un seul, MalekBoutih, membre du bureau national, l'a appelée au téléphone pour la féliciter.«Il y a, dit-il, des enjeux qui dépassent les clivages : lutter contre leracisme, la montée des intégrismes et du communautarisme». L'ancien présidentde «SOS-racisme» ne cache pas son irritation devant la proposition d'un membrede la direction du PS de la suppression par les conseils généraux et régionauxPS de toute subvention au profit de «Ni putes, ni soumises». En revanche,s'élève Boutih, personne au PS n'a préconisé une idée similaire à l'encontre del'association Emmaüs lorsque son président, Martin Hirsch, a accepté d'entrerdans le gouvernement «Fillon 1». Commentaire de Malek Boutih : «ceci révèleque, pour toute une génération de dirigeants socialistes, le mouvement desassociations de banlieue doit rester avant tout une courroie de transmission etqu'ils aiment Fadéla quand elle colle des affiches, pas quand elle prend sesresponsabilités».
Posté Le : 27/06/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : L'un De Nos Correspondants A Paris: S Raouf
Source : www.lequotidien-oran.com