En France, plusieurs associations dénoncent le projet de loi sur
«l'immigration, intégration et nationalité» déjà adopté par les députés et dont
l'examen a commencé, avant-hier, au Sénat. Les opposants à ce texte s'élèvent
contre «la fragilisation du droit de l'étranger». Le monde associatif décrie
plusieurs «points attentatoires aux droits des personnes étrangères». En cause
l'allongement de la durée de rétention qui passe de 32 à 45 jours. Une
transposition de la directive européenne «retour» explique le
gouvernement français.
Le ministre français de l'Intérieur a défendu ce projet de loi devant le
Sénat. M. Hortefeux veut porter la durée de rétention administrative «pour,
considère-t-il, ne pas freiner la conclusion des accords de réadmission». «Pour
accorder un laissez-passer consulaire à l'un de ses ressortissants, la Chine
met en moyenne 35 jours, le Mali 38 jours», justifie le ministre français.
Cette situation qualifiée de «carence» par le même ministre, et elle «est,
selon lui, la première cause d'échec des procédures d'éloignement» (34% des
cas). Le socialiste espagnol Zapatero avait porté le délai de rétention à 60
jours dans son pays. L'Europe accorde jusqu'à 18 mois.
Autre mesure pointée du doigt par les associations: l'assignation à
résidence sous bracelet électronique pour les étrangers en instance d'expulsion
et parents de mineurs. «Les étrangers sans papiers seront considérés comme des
criminels», accusent les associations. Celles-ci s'inquiètent également d'une
nouvelle obligation créée par le texte, celle de notifier, «sauf raison
humanitaire», une interdiction de retour de deux à cinq ans sur le territoire
français à un étranger qui s'y est maintenu au-delà du délai de départ
volontaire. Aussi, plusieurs associations et médecins se sont inquiétés de ce
projet de loi qui pourrait restreindre la possibilité de droit au séjour pour
les personnes sans papiers lorsqu'elles sont atteintes de pathologies graves.
Plusieurs dispositions constituent une transcription en droit français de
décisions prises, en 2008, au niveau de la communauté européenne. Un des points
vise à «lutter contre le détournement du droit d'asile». «Il n'est pas question
de laisser la demande d'asile devenir un passeport pour la clandestinité»,
avait récemment déclaré Brice Hortefeux. La France accueille 10.000 réfugiés
politiques par an. Le nombre de dossiers ne cesse de croître: +20% en 2008,
+12% en 2009, et une hausse, en 2010, où le total a atteint 50.000 demandes.
L'Allemagne et la Belgique enregistrent les mêmes tendances migratoires. Les
autorités politiques européennes disent «craindre le développement d'une
filière d'immigration illégale».
Autre point présenté comme but par le ministère français de l'Intérieur à
travers ce projet de loi: encourager l'immigration professionnelle. Comprendre
l'immigration choisie ou sélective. Autrement dit: la chasse aux élites. La
directive «carte bleue» de Bruxelles sera transposée «pour promouvoir une
immigration professionnelle de haut niveau, visant sans le dire le pillage des
cerveaux des pays du Sud». Mais M. Hortefeux rejette ce qualificatif de
«pillage des cerveaux». La carte «salariés en mission», qui facilite le séjour
des étrangers et de leurs familles détachés plus de trois mois en France, a
déjà été délivrée depuis 2006 à 5.000 salariés originaires des Etats-Unis,
d'Inde et du Japon. Depuis quatre ans, le nombre des cartes de séjour
attribuées pour des motifs de travail a presque doublé même s'il l'on affirme
que le flux tend à se tasser. Sur un autre volet, ce projet de loi consacre un
durcissement des conditions d'éloignement. En vertu de la «directive retour» de
2008, un délai d'un mois sera prévu au départ volontaire avant toute exécution
contrainte d'une mesure d'expulsion des sans papiers vers leur pays. La
directive interdit le retour sur le territoire européen, en vertu du principe
de solidarité des pays de l'Union européenne. Enfin, M. Hortefeux tentera sans
aucun état d'âme de convaincre les parlementaires à voter la mesure chère à
Sarkozy consistant en un retrait de la nationalité française pour un tueur de
policier, au cas où ce dernier a une double nationalité.
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Posté Le : 03/02/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Amine L
Source : www.lequotidien-oran.com