Algérie

France: De nouveaux éléments sur le tueur de Toulouse


Mohamed Merah, «français d'origine algérienne», tué jeudi par les policiers du RAID à Toulouse, avait succombé à deux tirs mortels, l'un à la tête et l'autre à l'abdomen, et son corps avait été criblé de balles, alors qu'il se trouvait de dos, selon l'autopsie. Le médecin légiste a dénombré de nombreux impacts essentiellement au niveau des bras et des jambes sur le corps de l'auteur présumé des sept meurtres de Toulouse et Montauban. En dehors des cercles politiques français ou européens, l'affaire Mohamed Merah, mort après un siège de 32 heures, sonne comme un ‘'déjà vu''. Cela ressemble beaucoup à l'affaire Khaled Kelkal, abattu le 29 septembre 1995 près de Lyon dans des conditions douteuses, au plus fort de l'apparition du terrorisme en France, par les policiers après une cavale de plusieurs jours et, surtout, avoir donné de la matière à une presse locale si friande de tels événements.

Plus que les braquages à main armée de fourgons blindés ou les ‘'barbecues'' de Marseille (les règlements de compte de la pègre locale se font à travers l'assassinat de rivaux en les enfermant dans une voiture à laquelle on met le feu), l'affaire Merah a retenu en haleine toute la France. La fin plus que le début, puisque le tueur de trois parachutistes de Montauban s'est avéré être, selon l'enquête policière, un dangereux terroriste salafiste, fiché et oublié par les services de sécurité français. Une omission qui est à l'origine depuis jeudi dernier d'une vive polémique entre services de sécurité. Premier visé, le patron du RAID. ‘'Le RAID lui a donné sa chance jusqu'au bout», assure le chef de cette unité d'élite de la police française, Amaury de Hautecloque qui n'en revient toujours pas de l'attitude de Mohamed Merah: «Je n'avais jamais vu ça», a-t-il raconté vendredi. «Si un assaut a été lancé, c'est par Merah», insiste-t-il, alors que le plan qu'il avait «validé était un plan de reprise des lieux en sécurité pour s'assurer de prendre M. Merah en vie», poursuit-il.

Le fondateur du GIGN Christian Prouteau, lui, avait accusé cette unité délite d'être restée longtemps passive, et qu'il aurait fallu déloger immédiatement Merah de son appartement, pratiquement criblé de balles, où il s'était réfugié en l'inondant de grenades lacrymogènes. Le patron du RAID raconte: ‘'Mercredi à 22h45, il m'a dit je suis un moudjahid, je veux mourir les armes à la main, vous allez m'abattre et je suis très fier, très honoré de lutter contre le RAID, je vais essayer d' (en) tuer le plus possible». Hier samedi, la mère de Merah a été libérée après la fin de sa détention préventive, mais pas son frère et son amie, emmenés à Paris. Samedi, Abdelkader Merah est redevenu le principal suspect dans cette affaire qui a pris des contours éminemment politiques avec l'approche des élections présidentielles. Abdelkader Merah, 29 ans, et sa femme ont été transférés samedi matin du commissariat central de Toulouse au siège de la Sous-direction antiterroriste (SDAT) à Levallois-Perret (près de Paris) où leur garde à vue se poursuivra.

Soupçonné d'être proche des milieux salafistes en France, Abdelkader Merah s'est dit ‘'fier'' des sept assassinats de son frère. Lors des auditions, Abdelkader Merah a indiqué qu'il était présent au moment du vol du puissant scooter avec lequel son frère cadet circulait lorsqu'il a abattu trois enfants et un enseignant juifs et trois militaires entre le 11 et le 19 mars à Toulouse et Montauban. Abdelkader Merah, qui a affirmé aux policiers n'avoir pas été au courant des projets meurtriers de son cadet, s'est dit «fier» des actes de son frère, selon des déclarations de policiers. Lui et sa femme ont été interpellés mercredi près de Toulouse au moment même où le RAID entamait un siège de 32 heures devant le domicile à Toulouse de son frère. Ils doivent terminer dimanche matin les quatre jours de garde à vue possibles en matière de terrorisme dans les locaux de la SDAT. Leur présentation à la justice devrait nécessairement avoir lieu dans la capitale puisque c'est le parquet de Paris qui dirige l'enquête du fait de sa compétence antiterroriste.

Par ailleurs, les enquêteurs travaillent sur des pistes qui pourraient les mener vers de possibles soutiens logistiques de Mohamed Merah. Quant aux armes qu'il avait, il les aurait tout simplement achetées, selon le coordinateur national du renseignement, Ange

Mancini. «Ce sont des armes qu'il dit avoir achetées, et je pense que c'est vrai, il les aurait payées 20.000 euros», a-t-il expliqué. «Les armes, elles aussi, vont parler. On aura petit à petit des éléments qui vont accréditer ou infirmer ces déclarations», a ajouté M. Mancini.

Hier samedi, le président Nicolas Sarkozy a tenu une réunion avec le Premier ministre, plusieurs membres du gouvernement et responsables policiers pour évoquer les questions de sécurité, au moment où l'efficacité de la police a été mise en cause, ainsi qu'une controverse au plus haut niveau des services de sécurité français sur les failles commises dans la lutte contre le terrorisme en France et la gestion de cette affaire. Juste après la mort de Merah, le président français avait annoncé le renforcement de l'arsenal pénal de lutte contre le terrorisme, précisant vouloir instaurer des «peines de prison» pour ceux qui en font l'apologie.


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