Les commerçants algériens doivent désormais, pour obtenir un visa pour la
France dans l'espace Schengen, s'engager sur l'honneur à ne pas demander de
titre de séjour en France ni à y bénéficier de prestations sociales ou
médicales, indique le ministère français de l'Intérieur et de l'Immigration,
cité par l'APS. En dehors du fait que cela touche une catégorie spécifique,
cela est perçu comme un nouveau tour de vis au déplacement des Algériens en
France.
Le ministère, que dirige M. Brice Hortefeux, indique que «l'exigence
d'une déclaration sur l'honneur résulte d'une initiative du consul général de
France à Alger visant à simplifier la procédure de demande de visa de court
séjour pour le cas particulier des commerçants algériens».
Il précise que «par cette déclaration, le commerçant atteste qu'il n'a
pas l'intention de demander un titre de séjour ni de bénéficier de prestations
sociales ou médicales en France».
En Algérie, le grand public ignorait que les commerçants algériens
exerçant en Algérie, dont naturellement les chefs d'entreprises privées,
pouvaient prétendre à un titre de séjour en France. Ni qu'ils pouvaient
prétendre à des prestations sociales ou médicales. On ignore si la réciproque
pour les commerçants français est valable. Si cela est prévu, rien n'indique
que cela ait attiré grand monde. Et puis, à quel titre ? Ni Paris ni Alger ne
s'en expliquent. Il s'agirait d'une disposition d'un avenant aux Accords
d'Evian. Au demeurant, le contenu détaillé de l'avenant en vigueur ne fait
l'objet d'aucune publicité, que ce soit en France ou en Algérie. Mais les
préliminaires à sa renégociation ont débuté en 2009, dans une remarquable
discrétion bilatérale.
Des Algériens à cheval entre l'Algérie et la France
On sait, de sources concordantes, que de nombreux commerçants en Algérie
ont obtenu des cartes de résidents en France durant les deux ou trois dernières
décennies en utilisant des procédures spécifiques mais légales, dont
l'obligation d'avoir un pied à terre permanent dans le pays d'accueil. Certains
algériens sont propriétaires immobiliers et paieraient un impôt à ce titre.
Pour eux, remplir cette condition pour avoir une carte de séjour, cela est une
formalité.
Mais Paris veut mettre un terme à cette immigration, désormais non
souhaitée. Est-ce à cause du fait que certains de ces immigrés, généralement
fortunés, pompent dans les finances publiques françaises à travers leur accès à
des prestations sociales et médicales, alors qu'ils ne paient pas leurs impôts
en France ? Possible. Personne ne fournit d'indication sur leur nombre ni sur
le flux de ces Algériens qui finalement vivent à cheval entre l'Algérie et la
France.
Politiquement, à quoi correspond cette annonce des autorités françaises ?
On se souvient des propos du ministre Hortefeux au journal Le Figaro (07
décembre 2010). Le consulat général de France à Alger reproche à un confrère de
les avoir «déformés». Il cite la phrase authentique consacré aux visas: «Dans
les prochaines semaines, je les réunirai [les préfets] avec les consuls pour
leur fixer mes priorités dans l'attribution de visas et leur demander d'être
plus vigilants dans la délivrance des visas de court séjour qui ne doivent pas
être des «passeports pour la clandestinité». Pour le consulat, «M. Hortefeux
n'annonce donc pas de restrictions à la délivrance de visas, mais une plus
grande vigilance lors du traitement des demandes de visas. Son objectif est de
lutter contre l'immigration clandestine». Il est donc inexact de dire que «M.
Hortefeux se prononce pour la réduction des visas de court séjour pour les
Algériens», souligne le consulat de France à Alger.
Des négociations consulaires programmées
Fin décembre, sur le site radioalgerie.dz, le secrétaire d'Etat à la
Communauté nationale à l'étranger, M. Halim Benatallah, a réagi aux déclarations
françaises. «L'immigration illégale est un phénomène et nous coopérons dans ce
domaine, mais nous devons coopérer au bénéfice des millions d'Algériens et de
Maghrébins qui sont de bonne foi et qui souhaitent se déplacer en Europe», a
affirmé M. Benatallah.
«Ces personnes, qui n'ont
nullement l'intention de s'y installer et qui veulent simplement avoir cette
liberté de circulation», a précisé le secrétaire d'Etat en déplorant qu'il y
ait «cette tendance au refoulement des concitoyens détenteurs de visas en bonne
et due forme; une pratique plutôt inquiétante. Sur le terrain, même les
personnes qui ont le visa, arrivées sur place, elles subissent les plus grandes
difficultés et très souvent refoulées».
Est-ce des indices d'une nouvelle
tension politique entre les deux pays. Le secrétaire d'Etat algérien n'évoque
pas cette déduction. Pragmatique, il annonce sur le même site électronique:
«Nous avons des négociations consulaires en début 2011, et tout va être traité
dans ce cadre». A suivre.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 02/01/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Oualid Ammar
Source : www.lequotidien-oran.com