Algérie

France-Algérie «Sarkozy surprendra les Algériens»



Les relations algéro-françaises sont appelées à connaître une importante évolution dans les semaines et les mois à venir. De l'amélioration de l'octroi des visas à la coopération dans le nucléaire civil, en passant par deux nouveaux textes appelés à fixer le cadre des relations économiques, scientifiques, techniques, culturelles et sécuritaires entre les deux pays, Alger et Paris auront du pain sur la planche pour affiner leurs rapports. Hier, lors d'une rencontre «informelle» avec des représentants de la presse écrite nationale, l'ambassadeur de France à Alger, M. Bernard Bajolet, a esquissé l'avenir des relations algéro-françaises et des projets en cours, et a également donné un aperçu des «priorités» du président Sarkozy dans le domaine des relations internationales, notamment en ce qui concerne la région méditerranéenne et le Maghreb. Moins de deux mois après la prise de fonction du président français, Sarkozy et Bouteflika «se sont entendus sur la méthode et les objectifs du partenariat d'exception», que les deux pays comptent conclure, et la volonté des deux chefs d'Etat à traduire ce partenariat «en termes concrets», a insisté M. Bajolet. Les échos des différents échanges qui ont eu lieu entre Bouteflika et Sarkozy, dont les plus récents se sont déroulés lors du dernier Sommet du G8 en Allemagne, sont qualifiés de «très positifs» par l'ambassadeur français. Tellement positifs que Bernard Bajolet pense que «Nicolas Sarkozy va surprendre les Algériens, car il sait qu'il devra conquérir leurs coeurs» ! Avant la visite du président français à Alger, dont la date n'a pas été arrêtée mais qui semble avoir été décidée sur le plan du principe, il y aura plusieurs «visites de préparation» qu'effectueront, probablement de part et d'autre, des ministres français et algériens pour fignoler les termes des accords dans les domaines économique, culturel, scientifique et, surtout, en matière de circulation des personnes. Sur ce dernier point, M. Bernard Bajolet a rassuré quant à la volonté de son pays d'améliorer encore plus les conditions d'attribution des visas. Il a tenu à rappeler que des «progrès ont été déjà faits dans ce domaine à l'époque où Sarkozy était ministre de l'Intérieur». 350.000 ALGERIENS RESIDENT ILLEGALEMENT EN FRANCE «Notre objectif n'est pas de réduire la circulation des personnes, mais de la faciliter», explique l'ambassadeur de France. Par ailleurs, il estime «qu'une plus grande fluidité (dans la circulation des personnes, ndlr) doit avoir comme répondant une coopération plus efficace contre l'immigration illégale». «Plus on est sûr qu'un Algérien qui obtiendra un visa reviendra dans son pays, plus on donnera de visas», ajoute Bernard Bajolet. Pour donner un volume à ces craintes, notre interlocuteur avance le chiffre de 350.000 Algériens en situation irrégulière sur le sol français. Il rassure cependant: «nous n'allons pas les renvoyer du jour au lendemain» mais «une politique est en cours d'élaboration» pour raccompagner les immigrés clandestins (pas seulement les Algériens) dans leurs pays respectifs.  Concernant l'amélioration des délais d'études de dossiers de visas, Bernard Bajolet affirme que d'ici la fin de l'année en cours, sous réserve de trouver les locaux, l'ensemble des services de visas de Nantes seront transférés à Alger. Déjà, avec l'ouverture du consulat de France à Oran, le 2 septembre prochain, le traitement des dossiers sera considérablement amélioré. Par ailleurs, la France, selon son ambassadeur à Alger, souhaite développer l'octroi des visas de circulation long séjour (attribués pour les hommes d'affaires, les scientifiques, les journalistes...) et en augmenter la durée. 34.000 visas de ce genre ont été déjà attribués, précise-t-il. VISAS CONTRE RECIPROCITE Cependant, ajoute l'ambassadeur, «je souhaite que des mesures de réciprocité» soient adoptées par la partie algérienne. «Les deux choses ne sont pas liées, précise-t-il, nous continuerons à améliorer l'octroi des visas, mais nous souhaitons que l'Algérie en fasse de même». Bernard Bajolet fait état de complaintes d'hommes d'affaires français qui n'ont pu obtenir que des visas de 3 mois uniquement. Il cite aussi le cas d'un magistrat de cour d'appel française qui n'a eu qu'un visa de 3 mois. La remarque vaut également pour les universitaires et les journalistes français qui souhaitent venir en Algérie. «Les autorités algériennes sont trop hésitantes» en particulier «lorsqu'il s'agit des journalistes», remarque-t-il également. Autre sujet évoqué hier avec l'ambassadeur de France, la coopération nucléaire entre les deux pays. Bernard Bajolet a réitéré la disponibilité de son pays pour une coopération bilatérale dans ce domaine. La preuve, une délégation française viendra prochainement à Alger pour entamer les discussions sur ce sujet et «étudier tous les aspects». «L'Algérie a le droit d'avoir plusieurs partenaires. Nous ne demandons pas l'exclusivité», répond l'ambassadeur lorsqu'il est sollicité pour commenter l'accord de coopération signé avec les Etats-Unis dans le domaine nucléaire. Y a-t-il des limites qui seront imposées à l'Algérie, au regard du dossier iranien ? «La seule limite sera celle des protocoles internationaux et de la réglementation en vigueur au sein de l'AIEA», dira M. Bajolet qui a même fait état de la disponibilité de l'Algérie de signer un protocole additionnel (au Traité de non-prolifération nucléaire, ndlr) où elle donnerait des «garanties volontaires», estime-t-il. Toujours dans le domaine énergétique, la France souhaite la «reconduction des contrats d'approvisionnement en GNL» dont l'échéance arrive en 2012-2013. L'Algérie est le 4e fournisseur de la France en gaz naturel qu'elle approvisionne à hauteur de 10,5 milliards de m3 par an, soit 16% des besoins de l'Hexagone. La France souhaite également, selon son ambassadeur, «garder sa part de marché en Algérie» qui est de l'ordre de 20% et qui commence, dit Bernard Bajolet, «à s'éroder légèrement devant la concurrence asiatique». «UNION MEDITERRANEENNE» On apprendra également lors de cette rencontre que la France a soumis à l'Algérie, le 6 juin 2007, une proposition de deux textes de coopération entre les deux pays. Le premier est une convention, appelée à remplacer celle de 1986, et qui se veut «un cadre de coopération dans les domaines technique, culturel, scientifique, économique, financier et de sécurité», à l'exception du domaine militaire qui semble être régi par d'autres textes. Le deuxième document soumis à l'appréciation algérienne concerne les «trois priorités de la coopération», selon la partie française, entre les deux pays. Il s'agit de «la formation des cadres» (qui inclut la remise à niveau de l'enseignement du français en Algérie), «l'appui au développement économique» et «le soutien à l'Etat de droit» (qui inclut la coopération en matière de justice et de police). Autre sujet que la France souhaite discuter avec plusieurs pays de la région, c'est l'institution d'une «Union méditerranéenne». En réalité, le projet «n'a pas encore été arrêté» et la France «souhaite en parler, au début, avec quelques-uns de ses partenaires de la Méditerranée», affirme Bernard Bajolet. C'est ce qu'il désigne par le «noyau dur» composé des pays de la Méditerranée occidentale auquel viendrait s'ajouter la Turquie. Il s'agira, à cette étape de la réflexion, «d'initiatives spéciales» qui concerneraient l'environnement, l'énergie, la sécurité et les rapports entre les entreprises.


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