Algérie

France-Algérie : La culture comme ciment. Oui, mais comment ?


France-Algérie : La culture comme ciment. Oui, mais comment ?
Pour faire se rapprocher les deux rives de la Méditerranée et participer à la réconciliation de la France et de l'Algérie, la culture pourrait être un formidable vecteur. Sauf qu'en France comme en Algérie, les structures et les politiques culturelles ne fonctionnent pas toujours.
"Si j’étais le ministère du Tourisme algérien, je me servirais des Noces d’Albert Camus pour promouvoir mon pays. C’est le plus bel ouvrage jamais paru sur l’Algérie. » Ecrire, Rachid Boudjedra — l’auteur algérien du récent et sublime Figuiers de Barbarie* — peut le faire en français comme en arabe. Un pied dans chaque culture. Mais quelle place pour la culture française en Algérie ? Y a-t-elle un avenir possible ? Oui, à condition qu’il y ait réciprocité. Que l’on parle de culture franco-algérienne passe encore. Mais nous « arrive-t-il souvent d’évoquer l’idée d’une culture algéro-française », renchérit l’écrivain. L’avenir de la culture française en Algérie ne vaut que si la culture arabe a un avenir en France. Le principe du donnant-donnant.

Bateau et néanmoins significatif, l’exemple de la langue illustre bien le côté à sens unique de cette relation. Alors qu’en France, 5 à 6 millions de personnes ont l’arabe pour langue, combien de Français ont la possibilité « ne serait-ce que de passer la matière au bac », rappelle notre modérateur Joseph Macé-Scaron ? Bien peu. D’autant moins quand on sait qu’en Algérie, 50% à 60% de la population algérienne parle français. Le résultat d’un enseignement qui commence en troisième année de maternelle de l’autre côté de la Méditerranée.

Alors oui, il y a bien, depuis 1987, l’Institut du Monde Arabe, ce « Beaubourg arabe », une belle antenne parisienne pour le relais de la culture arabe. « Mais le centre culturel algérien n’a commencé à jouer un rôle que récemment, s’amuse l’écrivain Rachid Boudjedra selon qui « il y a peu, on y faisait des méchouis ».

Quid des politiques culturelles partagées entre la France et le Maghreb ? « Il faudrait une volonté gouvernementale plus forte pour bâtir des choses radicales et non des fantasmes », explique Jean-Jacques Aillagon. Difficile pourtant de créer une communauté de destins quand la moindre bonne volonté est mise à mal par une organisation de l’action publique qui frôle l’absurde. En France, la politique culturelle internationale est en effet gérée non pas par le ministère de la Culture, mais celui des Affaires étrangères. D’où un certain décalage d’ambitions. « Un problème que personne ne se résout à régler », ajoute doux-amer l’ex-ministre de la Culture.

Que faire alors quand les initiatives politiques manquent ? Se concentrer sur des valeurs sûres. Comme cette nouvelle littérature française qui se construit sur l’Histoire algérienne. Aussi ambitieuse que brillante, on pense notamment à « L’art Français de la Guerre » d’Alexis Jenni (Goncourt en 2011), à « Des Hommes » de Laurent Mauvignier ou encore à l’ouvrage de Jérôme Ferrari « Où j’ai laissé mon âme ».

A croire que peu de choses ont changé depuis Camus : les écrivains restent nos meilleurs vecteurs de culture à l’étranger.
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