Frais vallon (Bab El Oued)

En 2001, à la suite des inondations tragiques de Bab El Oued qui avaient fait de nombreuses victimes, on avait mis en cause l'obturation des galeries de drainage des eaux pluviales décidée par les pouvoirs publics par mesure de sécurité en raison de leur exploitation par les terroristes.Cette fois, pour embellir le doublement de la voie reliant Bab El Oued à Chevalley, on est en train d'installer de grands bacs à fleurs séparés par de petits espaces à travers lesquels l'eau pluviale va dans la tranchée de drainage. Ces réservations ou espaces sont non seulement insuffisants en termes de gabarit pour capter les eaux pluviales qui dévalent des versants environnants, mais aussi mal situés, selon Mouloud Dekhmouche, ingénieur en génie civil.«La vitesse du courant va pousser naturellement les eaux dans le sens de la pente, évitant ainsi de se déverser dans les réservations dérisoires aménagées», explique-t-il. Cette tranchée a été réalisée pour être dégagée et n'être exposée à aucun obstacle afin de collecter et canaliser rapidement les eaux pluviales d'une manière uniforme et ordonnée, insiste l'expert. L'objectif étant de ne pas laisser les eaux qui tombent s'accumuler avec les précipitations antérieures et futures. C'est l'un des principes de base du drainage qui, mal conçu, peut engendrer des catastrophes comme celle de sinistre mémoire vécue par les habitants de ce quartier populeux d'Alger, rappelle-t-il.La voie routière en question, qui draine les eaux pluviales des 2 versants alentour et qui ont la particularité d'avoir une pente très forte, favorise la flottaison et l'entraînement des objets même lourds, tels que les bacs à fleurs que l'on vient de mettre en place. Conséquence : la tranchée drainant se retrouvera rapidement bouchée et l'écoulement des eaux difficile. Tous ces facteurs combinés accroissent le volume de cumuls des eaux et donc de la masse destructrice en mouvement, explique ce spécialiste.A-t-on mesuré les graves conséquences de cette opération prétendument d'embellissement qui semble avoir été engagée sans la moindre étude technique par les services compétents en la matière, s'interroge-t-il ' «Le volontarisme et l'ignorance ont pris le pas sur le recours aux compétences et au savoir-faire. Nos spécialistes en aménagement sont écartés au profit des bricoleurs du week-end et des spécialistes en col blanc, comme c'est le cas dans le secteur de la construction», s'indigne M. Dekhmouche.