Algérie

Fractures syriennes Edito : les autres articles



La Ligue arabe donnait, hier, l'impression d'avoir raté une autre occasion de renforcer ses rangs et de privilégier la tactique à ce qui tient lieu de stratégie. La crise syrienne, croyait-on, avait aidé le Monde arabe notamment à surmonter ses propres divisions, un peuple se faisant massacrer par ses propres dirigeants. Il était donc normal que des mesures conservatoires, fussent-elles symboliques, soient prises. Mais hier, l'organisation arabe, sans se lancer dans un exercice d'improvisation, le coup étant préparé depuis longtemps, a abordé autrement le problème syrien en recourant à des décisions qui confortent paradoxalement le régime syrien. Elle a en effet décidé d'attribuer à l'opposition le siège de la Syrie à la Ligue arabe. Mais là, il y a problème et il consiste à savoir qui, effectivement, occupera ce siège et parlera au nom de l'opposition, car il y en a plusieurs. Celle qui avait pris les armes contre le régime en place a fini par se présenter sous la forme de groupes aussi nombreux que parfois opposés, qui règlent leurs divergences par les armes. Qui parlera donc au nom de cette opposition '
Un tel rôle devrait normalement être dévolu au tout nouveau Premier ministre, attendu au Qatar, sauf que Ghassan Hitto ne fait pas l'unanimité, de nombreux groupes s'opposant à son élection. Ce qui a eu pour conséquence une plus grande division de l'opposition, son leader, Moaz El Khatib, reconnu par des dizaines de pays et d'organisations internationales, ayant décidé de démissionner de son poste car étant opposé à la désignation d'un Premier ministre rebelle par intérim. Même cas pour l'ASL (Armée syrienne libre) qui refuse de le reconnaître, «car il n'a pas été choisi par consensus». Quant à ceux qui sont sur le terrain, ils s'opposent aux hommes politiques, y compris à M. Khatib. Pour ce qui est du fond, il ne devrait pas s'agir d'une question de personnes. M. Khatib, qui avait appelé à l'ouverture d'un dialogue avec le régime syrien, en donne une explication. Selon son entourage, il reprochait «notamment au Qatar de vouloir contrôler l'opposition et d'avoir imposé l'élection de M. Hitto». Est-ce pour cela qu'il envisage de se rendre au Qatar afin de présider la délégation syrienne et de parler «au nom du peuple syrien» '
Ce n'est plus de la simple rivalité, l'opposition syrienne présentant désormais de graves fissures, donnant une plus grande consistance aux craintes exprimées depuis près d'une année. Celle notamment du secrétaire général de l'ONU mettant en garde contre ce qu'il a appelé des guerres par procuration. En tout cas, et sous quelque angle que ce soit, il est fortement question de pressions extérieures, sinon un jeu de puissances consistant, pour ces dernières, de décider de l'après-Al Assad et violer tous les embargos. En ce sens, un quotidien n'a pas hésité à parler de pont aérien engageant pas moins de 160 avions et de nombreux aéroports de la région. Et c'est de là que vient le danger mis en avant par de nombreux analystes qui s'interrogent avec insistance sur l'après-Al Assad.


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