Algérie

Fracture égyptienne



Tout ça pour ça '», se demande-t-on encore et même pour longtemps en Egypte, où le départ du président Hosni Moubarak et son procès n'auront pas entraîné la chute de son régime. L'on se rend même compte, à  quel point Moubarak pouvait servir de rempart afin justement que l'armée continue à  afficher sa proximité avec le peuple.
Ceux qui battaient le pavé en janvier dernier réclamaient son départ en espérant, selon toute vraisemblance, que cela allait provoquer un vaste changement, mais l'irruption de l'armée en a fait un acteur. Il a suffi d'un communiqué pour que le doute s'installe. Ce qui a fait dire dès la chute de Moubarak, que le jeu n'était plus le même. Il a suffi d'un communiqué avec un numéro un, annonçant d'autres par conséquent, pour que l'on passe de la révolte au putsch. Avec son Conseil suprême des forces armées, elle a cessé d'être la grande muette, pour diriger le jeu politique, en nommant les plus hauts personnages de l'Etat et établir les échéances électorales, ce qui évacue l'idée même de changement.
C'est ce qui a provoqué la colère des Egyptiens revenus en masse sur la fameuse place Tahrir du Caire.
Le conflit, déjà latent, a dégénéré vendredi entre les forces de l'ordre et des manifestants qui campaient depuis fin novembre devant le siège du gouvernement pour protester contre la nomination par l'armée de Kamal El Ganzouri, comme Premier ministre, qui avait déjà occupé ce poste sous Moubarak. Les manifestants réclament également la fin du pouvoir militaire, celui-là même qui continuait à  nommer et préparer les élections largement remportées par les islamistes. La confrontation est terrible, avec des morts et des blessés. Quant à  la fracture, elle est encore plus importante, avec ces images de la répression qui font le tour de la planète. Ce qui a été jugé excessif par de nombreuses capitales. Que pensent justement les Egyptiens très présents devant les urnes ' Ceux qui appellent à  la fin du pouvoir militaire ne veulent pas s'arrêter à  cette période de dix mois tout juste. Ils voient loin et souhaitent en fait la fin d'une période qui dure tout de même depuis soixante ans.
Soit depuis l'avènement des officiers libres conduits pas Nasser. En d'autres termes, aller vers un pouvoir civil dans toute l'étendue du terme. Ce qui, alors, constitue une contestation ouverte, sinon un net rejet d'articles de la nouvelle Constitution octroyant un rôle politique à  l'armée se faisant la garante de la légitimité constitutionnelle. Il devient évident que cette institution s'est arrangée pour ne pas àªtre concernée par le changement, encore faudrait-il, à  ce stade, connaître ce dernier.
En ce sens, l'armée égyptienne est d'une certaine manière au moins suspectée d'avoir d'abord reconduit les hommes du passé, à  l'image du tout nouveau Premier ministre. Et ensuite d'avoir noué une alliance avec les islamistes.
En échange du pouvoir ' Une bien terrible équation qui ne trouve pas de réponse puisque la rue a continué à  gronder, alors que le rôle supposé des islamistes était justement d'étouffer la contestation, à  défaut bien entendu de l'empêcher. Et quand bien même ils le voulaient, le pouvaient-ils réellement eux qui n'ont fait que suivre le mouvement enclenché sans eux au début de cette année ' Désormais, la fracture devient béante que l'échange d'accusations est loin de refléter. C'est un facteur aggravant.
 


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