Une conjugaison de facteurs est à l’origine de cette crise: un déficit de précipitations en 2011, la pénurie de denrées alimentaires, les prix élevés des céréales, la présence d’un grand nombre de réfugiés internes et les atteintes à l’environnement.
Des bulletins d’alerte de la FAO et de la Banque mondiale (BM) préviennent contre l’insécurité alimentaire et la faim qui risquent de persister dans certaines régions du globe, dont les pays du Sahel, en Afrique de l’Ouest et le Proche-Orient. En Afrique du Nord, c’est le Maroc qui se voit traîner lamentablement la patte avec, sur la courbe des performances, une tendance à la baisse, «suite à des pluies irrégulières et insuffisantes, alors que des récoltes supérieures à la moyenne devraient être rentrées dans le reste de la région», lit-on dans le dernier rapport de la FAO sur l’état de la production dans différentes régions de la planète. Globalement, l’institution onusienne pour l’alimentation et l’agriculture pronostique de bons rendements céréaliers en 2012.
Une récolte record en 2012
Le rapport de la FAO prévoit une augmentation record de 3,2% de la production céréalière mondiale en 2012, qui devrait s’élever à 2.419 millions de tonnes, «due essentiellement à une récolte de maïs exceptionnelle aux Etats-Unis. Les bonnes perspectives de l’offre ont conduit à un assouplissement des prix du blé et des céréales secondaires en mai».
Cependant, en dépit des tendances positives à l’échelle mondiale, des régions risquent de baisser pavillon face à une insécurité alimentaire plus que jamais rude. Plus de 17 millions de personnes sont menacées de famine dans la région du Sahel avec un niveau d’insécurité alimentaire qui atteindrait son pic entre juillet et septembre 2012, alerte la Banque mondiale. Une conjugaison de facteurs est à l’origine de cette crise, explique la BM citant la sécheresse due à un déficit de précipitations en 2011, la pénurie de denrées alimentaires, les prix élevés des céréales, la présence d’un grand nombre de réfugiés internes et les atteintes à l’environnement.
Les pays du sahel les plus touchés
La Mauritanie, le Niger, le Mali, le Tchad et le Burkina Faso sont les plus durement frappés, note la BM. Ce tableau de bord peu reluisant qu’établissent la FAO et la Banque mondiale fait craindre à d’autres pays l’effet tache d’huile. En Algérie, s’il est vrai que les Algériens ont le dos au feu et le ventre à table, c’est sans nul doute grâce à l’application de certains et à la bénédiction du pétrole.
L’Algérie demeure dépendante des marchés mondiaux en céréales malgré des performances dignes d’estime que l’on ne cesse de souligner au crayon-feutre. Pour 2012, il est prévu une production nationale en céréales de 58 millions de quintaux contre 45 millions de quintaux la campagne précédente.
Globalement, l’agriculture algérienne couvre aujourd’hui 70% des besoins nationaux en produits alimentaires, tandis que les importations s’emparent des 30% restants.
Dans une récente interview accordée à El Watan, le ministre de l’Agriculture, qui orchestre le développement du secteur, a prêché la belle ode de la souveraineté alimentaire en multipliant les investissements dans le secteur comme lorsqu’on fait revenir une viande. Les agriculteurs et industriels les plus honnêtes n’ont pas hésité à s’en servir lorsque les petits plats ont été mis dans les grands. Des efforts ont été ainsi faits pour réunir l’ensemble des acteurs autour du même objectif; la sécurité alimentaire. Certains y croient.
L’Algérie couvre 70% de ses besoins
D’autres philosophent et s’enlisent dans le byzantinisme en faisant reposer le salut du pays sur le seul pilier des hydrocarbures. Face aux lobbies des importateurs, les investisseurs tirent une autre sonnette d’alarme: si le scénario de la crise de 2007 venait à se rééditer, le pays sera sans défense face à la rareté des produits sur les marchés internationaux. L’organisation de la filière céréales a permis ces dernières années un rapprochement intéressant entre l’amont agricole et son aval. L’incidence de cette jonction sur les autres secteurs est réelle, car l’amont agricole sert, pour certains secteurs, d’un réservoir en matières premières et intrants nécessaires au fonctionnement de l’appareil productif.
C’est ainsi que des initiatives, réunissant industriels et agriculteurs, sont nées dans le but de pourvoir l’agroalimentaire en matières premières et limiter, par là même, le recours excessif et onéreux à l’importation d’intrants. Mathématiquement, l’incidence est aisément calculable lorsqu’on sait que l’agroalimentaire représente 2% dans le PIB industriel qui tourne autour de 5%. La contribution de l’agriculture au PIB est située autour de 10% à 20 et 25% si l’on évacue de l’équation la part des hydrocarbures.
En clair, la croissance du PIB agricole sur un laps de temps de dix années est passée de 393 milliards de dinars à 1100 milliards de dinars. Le système de fusion des différents acteurs dans des comités interprofessionnels a donné l’occasion de mieux appréhender les besoins par le recours aux disponibilités alimentaires locales. La sécurité alimentaire passe par la compréhension de tels concepts basiques. La recherche de solutions de facilité par le moyen des importations porte préjudice à l’ensemble des maillons de l’économie.
Sécurité alimentaire en Algérie, le débat est engagé
Le Comité interprofessionnel des céréales (CIC) organise, demain à l’hôtel Sofitel d’Alger, la première journée du CIC, édition qui sera consacrée au thème: «Remontée de filière pour une meilleure sécurité alimentaire».
Cette manifestation, qui regroupera les représentants des pouvoirs publics, représentés par le ministère de l’Agriculture et du Développement rural, ainsi que les acteurs de la filière, sera axée sur la préoccupation de la filière céréales, les défis, les enjeux et les actions à entreprendre afin d’assurer une meilleure sécurité alimentaire. Le débat s’impose.
Surtout lorsqu’on s’aperçoit que les prix des denrées alimentaires ne cessent de s’envoler sur les marchés internationaux.
Les foyers d’insécurité alimentaire sont déclarés ça et là, faute d’une réelle stratégie de développement face aux facteurs menaçants.
Ali Titouche
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Posté Le : 18/06/2012
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Ali Titouche
Source : El Watan.com du dimanche 17 juin 2012