Algérie

Fouzia Benkkadour (Conceptrice du Forum Algérie)



« Mon c?ur bat au rythme de ce pays... » Elle a des yeux bleus venus d?ailleurs dans son visage d?Algérienne, passe du français, pour parler à une amie blonde, à l?arabe pour en interpeller une deuxième, fille d?émigré comme elle. Commence souvent une phrase dans la langue de Molière pour la terminer dans celle d?El Moutanabi. Et elle se sent à l?aise dans les deux. Fatima Benkkadour, 22 ans, née près de St-Etienne en France, titulaire d?un diplôme d?Ecole de commerce en France, est arrivée dans le pays de ses pairs en juin 2007 pour un stage dans une institution française et a décidé d?y rester. L?Algérie a toujours été au c?ur de ses projets. La jeune femme a effectué un mastère de marketing et management européen à l?Institut de recherche en action commerciale (IDRAC) de Lyon. Présidente du club international de l?école, elle se lance en 2006 dans une manifestation sur la culture de sa terre d?origine, baptisée Forum Algérie . « Le but était d?apporter aux étudiants une idée de ce qu?est ce pays. » Durant une semaine, la cité des Canuts vit au rythme d?El Djazaïr. Un an plus tard, elle démarche un organisme français pour un stage à Alger. Arrivée dans la capitale en juin, la fille de Relizane prend ses aises, s?intègre au sein de cette structure mélangeant allégrement, comme elle, les deux cultures de part et d?autre de la Méditerranée. La jeune femme s?est installée ici pour se confronter à la réalité culturelle, sociale et économique du pays. C?est chose faite désormais. « J?avais envie de participer à ma manière à la vie de cette nation. Mon c?ur bat à son rythme. J?ai été élevée là-bas, avec des valeurs algériennes. Mais la France nous a beaucoup donné aussi. » Elle va en Algérie aussi à la recherche de ses racines. « Pour pouvoir bien vivre avec moi-même, il faut que je sache d?où viennent mes valeurs, mes repères. Même l?odeur agréable de ma grand-mère, je veux savoir d?où elle vient. Je me rends ici, car c?est là que tout commence. » Sa dualité lui est source de richesses, mais de tiraillements également. Elle se sent algérienne en France ; se sentait française au début en Algérie ; avait peur de mal prononcer ses mots. Entre les deux, elle choisit de ne pas choisir. « Il y a des situations où je me sens algérienne, d?autres où je me reconnais française. C?est juste différent. » Vivre ici, lui a permis d?assumer son mélange : « Une reconnaissance que j?ai niée auparavant, car admettre qu?une partie de moi était française aurait été abandonner mon algérianité. Ici, j?ai admis mes deux cultures. » Toujours dans son optique de collaboration entre les deux rives de la Méditerranée, elle souhaite donner suite au Forum Algérie. Elle pense à la réhabilitation d?habitation typique au sein du quartier historique d?Alger, un projet qui fédérerait des jeunes « émigrés de France » et des Algériens autour de l?histoire. L?Algérie est son côté gauche, la France son côté droit. Elle apprend, petit à petit, à les marier. A Alger, elle donne des cours de danse arabe à ses amies françaises.


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