Algérie

Fouad Ali Al Himma ou la voie royale



Certains ont cru, hâtivement, que le roi du Maroc, omniprésent et omnipotent même après la nouvelle Constitution faussement démocratique, a enfin délégué ses pouvoirs, ou une bonne partie. Il vient pourtant de démontrer him self qu’il garde bien la main. En nommant son ami intime Fouad Ali El Himma, le cauchemar de la classe politique et médiatique marocaine en qualité de conseiller, M6 a sifflé la fin de la récréation démocratique. Une douche froide pour la France et d’autres pays occidentaux qui ont vite fait de louer un royaume moderne et démocratique. Au diable la transparence, la crédibilité et l’exemplarité, semble dire le roi Mohammed VI. Avec la nomination du responsable du parti du «tracteur» à ce poste sensible, officiellement cette fois, le souverain aura sans doute lézardé un peu plus son palais, du fait que son ancien camarade au collège royal est vomi au Maroc. Une corruption personnifiée. Voilà la triste image qui colle à la peau de ce jeune, brillant par ailleurs, qui a eu à servir comme conseiller du prince Sidi Mohammed VI en 1998 sous les ordres de Hassan II. Tiens, tiens…     Cet ami fidèle de la famille allait, sous l’impulsion de Mohammed VI devenu roi, gravir les échelons de la vie politique marocaine en réussissant l’incroyable prouesse de créer un parti (le parti Authenticité et modernité idéologiquement inclassable) dont le tracteur écrase tout sur son passage depuis 2007. Puis vinrent les sulfureuses révélations de WikiLeaks, qui le mettent clairement en cause dans de grosses affaires de corruption. Compagnon désormais encombrant du roi, Fouad Ali Al Himma s’est retiré, tactiquement, sur la pointe des pieds de la scène politique, sans doute pour se faire oublier. Mais le Printemps arabe a offert aux jeunes du Mouvement 20 février un prétexte pour traîner l’ami du roi dans la boue. Les islamistes du PJD en ont fait l’homme à abattre. Son parti, le PAM, est devenu infréquentable, par ce que portant le péché originel d’être né dans les bras du makhzen. On pensait alors que la victoire nette et sans bavure du PJD de Benkirane allait signer l’acte de décès politique d’Al Himma. L’homme a effectivement disparu de la scène. Loin des yeux. Mais proche du cœur de Mohammed VI qui n’a pas résisté à la tentation de rappeler son fidèle serviteur, quitte à froisser les islamistes et les jeunes du Mouvement 20 février. C’est dire que les promesses de changement au Maroc, que les résultats des législatives ont plus ou moins accréditées, volent en éclats après cette nomination d’un homme sorti par la porte et qui revient par l’imposant portail du palais royal. Du haut de son piédestal sur lequel l’a placé son ami le roi, Fouad Ali Al Himma peut désormais faire un bras d’honneur aux islamistes, aux journalistes et à une majorité de Marocains qui ont cru, naïvement peut-être, à une monarchie irréprochable. Eh oui, il revient et par la voie royale...
Pour les jeunes du Mouvement 20 février, c’est un juste retour des choses. A leur place.
 


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