L'objectif de l'étude est, de prime abord, de comprendre dans quelle mesure les soulèvements populaires, ayant marqué la région ces derniers mois, pourraient affecter les rapports dans la région. Il va sans dire que le document consacre un chapitre volumineux à l'évolution de la situation politique, économique et sociale dans chacun des pays du sud de la Méditerranée.
Le regard du Femise sur la situation en Algérie est susceptible d'en interpeller plus d'un. Les auteurs du rapport considèrent d'emblée que si l'Algérie n'a pas été touchée par de violentes révoltes populaires, comme ce fut le cas chez ses voisins, elle n'est pas pour autant immunisée contre un risque d'instabilité sociale persistant. Selon le Femise, malgré l'optimisme des pouvoirs publics alimenté par des indicateurs au vert, l'Algérie n'a pas encore trouvé de modèle de croissance susceptible de réduire les inégalités, le chômage et la pauvreté. Le Femise estime qu'«à la lumière de ce qui se passe dans le monde arabe, l'Algérie a deux choix : faire des efforts pour réformer ses institutions et l'économie vers plus de démocratie et de transparence, ou régresser vers une attitude protectionniste dans un effort pour maintenir le statu quo politique».
Le Forum évoque certes certains points positifs, à l'instar d'une amélioration, même limitée, de la gouvernance notamment dans la lutte contre la corruption, ou encore le retour de la croissance, avec un taux 4,4 % en 2010, à des niveaux d'avant-crise, ainsi que la solidité des comptes extérieurs avec des réserves de change consolidées, un dette publique réduite et un excédent de la balance extérieure en augmentation continue (un solde de 28,7 milliards de dollars est attendu en 2011). Mais cela ne suffit pas, dans la mesure où toutes ces performances dépendent de la seule ressource, le pétrole. Elles ne reflètent en aucun cas un dynamisme réel et une diversification de l'économie, laquelle n'a pas encore atteint, selon le Femise, son potentiel de croissance maximale qui pourrait àªtre assuré si des secteurs plus productifs étaient développés. D'ailleurs, l'une des facettes de cette croissance estropiée est l'augmentation continue de l'importation des services. Le déficit de la balance des services a atteint, en 2010, 8,3 milliards de dollars et il est prévu qu'il atteigne, selon les prévisions du Femise, 10,5 milliards de dollars en 2011.
C'est dans ce sens, justement, que le rapport pointe du doigt la détérioration de l'environnement des affaires sous couvert du protectionnisme, lequel a grevé l'attractivité de l'Algérie aux yeux des investisseurs étrangers. Le Forum prévoit d'ailleurs une baisse du volume des investissements directs étrangers en 2011, lequel devrait chuter de 5,4% à 3,5 milliards de dollars. On considère également que les politiques économiques adoptées au nom du «patriotisme économique» auraient dû favoriser les acteurs locaux. Cela n'a pas été le cas puisque les actions menées depuis ont été, selon le rapport, nuisibles au développement du privé national.
Cela a eu pour effet d'empêcher une croissance durable égale dans toutes les régions du pays. On assiste depuis à un renforcement des inégalités et une persistance de la pauvreté, notamment dans les zones rurales.
Le Femise considère également que «le gouvernement algérien a été incapable de trouver une stratégie à long terme pour l'emploi des jeunes». Malgré la création des dispositifs Ansej, Angem et ANEM, les emplois créés «sont éphémères et sous-payés». Le chômage touche particulièrement les jeunes. Selon les estimations du BIT, 24,3% des jeunes sont sans emploi.
Dans ce sens, le Forum préconise d'encourager l'investissement, qu'il soit public ou privé, et de suivre des réformes susceptibles d'accroître la productivité du travail pour réduire durablement le taux de chômage.
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Posté Le : 17/11/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Melissa Roumadi
Source : www.elwatan.com