Les Etats africains se préparent au retour des combattants terroristes de «Daech». Après ses revers militaires au Moyen-Orient, l'organisation terroriste a jeté son dévolu sur l'Afrique. Sur les 30.000 combattants étrangers de «Daech», 6.000 viennent du continent africain.Le retour de ces djihadistes, déterminés en terre africaine, entraîne de sérieuses implications pour la stabilité et le développement des Etats du continent noir. Le Forum de haut niveau sur «les réponses anti-terroristes efficaces et durables : une approche régionale» organisé par l'Union Africaine, à Oran, s'est tenu justement pour prendre le pouls des menaces majeures qui pèsent sur le continent. Le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a estimé, dans son intervention, que face à une montée, en puissance, du terrorisme au Sahel, les efforts consentis par les pays africains demeurent «insuffisants». Il a précisé que le continent africain est vulnérable devant les organisations terroristes qui entretiennent des liens étroits avec le crime organisé transnational. «Les défis posés par le terrorisme sont multiples. Je reste, toutefois, convaincu que la coopération entre les Etats africains est la bonne réponse pour lutter contre ce fléau (…) L'Algérie est prête à partager son expérience dans la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent», a déclaré le ministre. Le Commissaire à la paix et à la sécurité de l'Union africaine, Smaïl Chergui, a affirmé, de son côté, que la réponse sécuritaire ne suffit plus pour lutter contre ce fléau.
Il a ajouté que les pays africains doivent investir dans la déradicalisation des jeunes et l'assèchement des sources financières des organisations terroristes.
«Le terrorisme et l'extrémisme violent portent, non seulement, atteinte à la paix et à la sécurité internationales, aux valeurs et principes qui caractérisent nos sociétés diverses, mais ils engendrent, aussi, des coûts humains et matériels élevés. Le terrorisme a un impact, très important, sur l'essor économique du continent (…) le secteur du Tourisme, en Afrique, est lourdement affecté par les attaques perpétrées par des groupuscules terroristes. La lutte contre le terrorisme absorbe les ressources financières limitées des pays africains.
L'intensification des missions militaires est coûteuse et l'imprévisibilité des frappes terroristes exige, souvent, des dépenses supplémentaires en matière de sécurité (…) les récents attentats terroristes épouvantables, en Afrique, constituent un appel urgent à l'action et un véritable test quant à notre détermination», a déclaré Smaïl Chergui.
Le diplomate a reconnu que de «graves lacunes» subsistent dans la mise en ?uvre du cadre de lutte contre le terrorisme. «La prise en charge de la question des combattants terroristes et leur retour en Afrique appelle notre continent à développer sa coopération, dans de nombreux domaines, parmi lesquels l'échange de l'information sécuritaire et le contrôle des frontières (…) il est essentiel de combler les lacunes de nos systèmes de justice pénale. Il est important de compléter les opérations militaires, au Sahel, par des mesures de stabilisation intégrées. La tâche n'est pas facile. Elle exige une volonté politique, sans faille, soutenues par des ressources importantes. Sans un tel investissement, tout le travail que nous avons fait, au cours des dernières années, sera vain. Nous devons nous efforcer de transformer nos engagements en actions, tout en cherchant à consolider, renforcer et opérationnaliser, les diverses stratégies anti-terroristes adoptées aux niveaux national, régional et continental pour assurer la cohérence et l'efficacité. Enfin, nous devons faire un investissement sérieux et à long terme, dans la prévention de l'extrémisme violent. Les interventions doivent être adaptées aux vulnérabilités particulières. Nous devons fournir des alternatives significatives et efficaces, pour les moyens d'existence et la participation politique (…), cette réunion est un appel à l'action. Nos populations sont des témoins des horreurs du terrorisme, elles se tournent vers nous pour obtenir des réponses», a insisté le diplomate.
Smaïl Chergui a déclaré, par ailleurs, lors d'une conférence de presse, en marge de Forum, que l'Union africaine ?uvre pour trouver une réponse urgente à la situation des milliers de migrants détenus dans des camps en Libye. Il a souligné l'urgence du rapatriement des migrants vers leurs pays d'origine. «Il y a des milliers de migrants qui vivent dans des conditions inhumaines, dans les camps. Nous avons visité un seul camp qui regroupe 3.800 migrants et des violations atroces des Droits de l'Homme ont été relevées, sur le terrain.
Il existe 41 camps de migrants connus par le gouvernement libyen, mais ce chiffre n'est pas définitif. Des camps secrets pourraient exister, dans ce pays. L'UA a recommandé aux pays africains dont sont originaires ces migrants de dépêcher des représentations consulaires, en Tunisie, en perspective de l'évacuation urgente de ces migrants. Il n'y a, en principe, aucun problème pour le rapatriement de ces migrants par voie aérienne», a annoncé le diplomate.
Selon l'ONU, le gouvernement libyen contrôle une trentaine de centres de détention renfermant quelque 15.000 personnes. Le nombre de réfugiés et de migrants «aux mains de trafiquants et de passeurs, sous la protection de milices», est, toutefois «bien plus grand» en Libye, estime l'Organisation internationale. Une opération de rapatriement de 20.000 migrants a été annoncée par l'Union africaine, pour les prochaines semaines. L'évacuation de ces 20.000 migrants pose cependant, des problèmes d'ordre logistique et sécuritaire.
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Posté Le : 12/12/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Sofiane M
Source : www.lequotidien-oran.com