Algérie

Forum d'El Khabar, où va la presse '


Forum d'El Khabar, où va la presse '
Presque un quart de siècle après l'ouverture de la presse au secteur privé dans notre pays, le forum d'El Khabar revient sur le parcours et les entraves encourues par les professionnels.En scrutant l'état de l'information et de la communication en Algérie, le forum d'El Khabar, organisé lundi, au siège du quotidien arabophone, a voulu faire le bilan de la presse, presque un quart de siècle après l'ouverture démocratique et l'aventure intellectuelle suggérée par les réformes de Hamrouche, alors chef de gouvernement.Quel bilan et quelles perspectives ' Constat mitigé, partagé par les intervenants qui ont mis en avant la volonté des professionnels pris en étau entre le désir de s'ouvrir de nouveaux horizons, et le blocage et les man?uvres de l'administration pour parasiter le paysage devenu une «foire d'empoigne», pour reprendre les termes d'un intervenant.«Ceux des journalistes qui auront quelque peu réussi l'aventure sont ceux qui n'ont misé que sur leur seul professionnalisme. Ce n'est donc pas étonnant que sur les 130 titres quotidiens existants, seule une quinzaine tire son épingle du jeu et a l'adhésion du lectorat», a noté Ahmed Brahimi, ancien directeur de l'Ecole supérieure de journalisme, qui s'est par ailleurs appesanti sur le rôle d'une presse d'avant-garde, en phase avec le lectorat et qui traduit ses préoccupations et ses espoirs. L'orateur a prévenu sur le danger véhiculé par certaines chaînes satellitaires qui ?uvrent pour des intérêts occultes et qui sèment la culture de la haine. Dans ce cas, l'éthique et la déontologie sont mises à rude épreuve.Pour le sociologue Nacer Djabi, le système politique illégitime ne fait pas l'effort d'aider la presse pour défendre son projet. Le clivage linguistique (arabe, français) a été exploité pour davantage creuser le fossé entre une presse arabophone qui s'adresse aux masses et une francophone élitiste et qui influence l'opinion. Selon le constat objectif dressé après 25 ans, «il n'y a pas d'entreprises de presse fortes, même si celles-ci compensent le vide laissé par une production universitaire quasi inexistante. De même que la presse dans certains cas, face au vide, s'est substituée aux partis politiques, mais le revers de la médaille, c'est que cette corporation, qui s'est fortement féminisée, est largement divisée».Pour Ahcène Djaballah, expert et ex-cadre de l'information, «l'évolution du système informationnel est liée au système politique. Si celui-ci est ouvert, l'information prospère mais le système est gelé et ne réagit que s'il y a pression de l'extérieur. Les élites ne sont pas organisées. Les idées existent mais tardent à se concrétiser, ce qui fait de nous de grands frustrés», regrette-t-il.Pour Mohamed Arezki Ferad, historien et acteur social, «hormis quelques titres, ce n'est pas de la communication mais de la propagande qu'on nous offre. Il y a évolution de la presse, mais le retard est dû à une volonté politique inexistante. Ceux qui ont réussi le doivent à leur naissance naturelle et non dans les labos du système, parce qu'il n'y a pas de démocratie. Dans un environnement non démocratique, on ne peut espérer une presse forte qui demeure la pierre angulaire de tout développement».Mais M. Ferad ne se fait pas d'illusion : «Alors que je suis sollicité pour intervenir dans les débats par une radio avec laquelle je collabore depuis des mois, j'ai appris dernièrement par les responsables de cette même radio que je n'étais plus désirable et que mon nom figure sur une liste rouge.»Pour Zoubir Souissi, premier directeur du Soir d'Algérie, doyen des journaux indépendants, créé en mars 1990, le combat a été rude durant ces 25 dernières années, le journaliste étant pris au piège entre la mahchoucha du terroriste et le harcèlement de l'administration. Aujourd'hui, relève-t-il, il y a un nouvel état d'esprit dans le monde de la presse où chacun se bat pour son grade.«N'empêche, conclut Bedjaoui Ahmed, expert en communication et auteur, il ne faut guère se décourager, c'est une presse jeune qui n'a pas fait toutes ses preuve et qui a les possibilités de s'épanouir, à condition que l'environnement ne lui soit pas hostile.Car la liberté d'entreprendre donne toute sa signification à la citoyenneté.» Même avis partagé par Hamid Abdelkader, journaliste et modérateur de ces débats qui, à l'instar du célèbre chroniqueur d'El Khabar, Saâd Bouakba, suggère que sans démocratie, point de salut et point de liberté.Et une presse muselée est la pire image que les autoritarismes veulent pérenniser à l'ère d'internet, de facebook et du numérique. Les pouvoirs «déconnectés» finiront bien un jour par se rendre à l'évidence, ont pronostiqué les uns et les autres.


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