«C'est une grande réussite, en un jour et demi, on a gagné un temps fou,»
s'est exclamé Alain Boutebel, directeur Algérie Ubifrance.
Contrairement aux nombreuses missions que le Mouvement des entreprises
françaises (Medef) a effectuées en Algérie, tout au long d'une décennie, il
aura fallu seulement un jour et demi à Ubifrance -le
temps d'un forum- pour réussir à organiser 4100 rendez-vous personnalisés entre
entreprises algériennes et françaises. C'est ce que Boutebel
qualifie de «grande réussite d'un speed-dating (ndlr rencontre entre personnes) mais dans le business.» Le
responsable d'Ubifrance en Algérie en veut pour
preuve «les nombreux appels et mails en provenance des entreprises françaises
et algériennes nous remerciant de leur avoir permis de faire des rencontres
fructueuses en matière de partenariat.» Il est ainsi convaincu que «c'est pour
la première fois qu'on voit un événement de cette importance où on a compté 1200
personnes à l'ouverture de la séance plénière du forum.» Les Français pensent
ainsi qu'ils ont «gagné un temps fou !»
Dans le communiqué final qui a sanctionné le forum algéro-français
qui s'est tenu du 30 mai au 1er juin derniers, on retrouve nettement cette
profonde satisfaction de ses organisateurs français. «Le forum de partenariat
et la 3ème visite à Alger de M. Jean-Pierre Raffarin ont permis de redynamiser
et pour une large part, de refonder les relations économiques entre les deux
pays tant au niveau des PME que des grands groupes dont les investissements en
Algérie sont essentiels pour la création d'emplois, le transfert de savoir-faire
et l'innovation,» lit-on.
Les statistiques collectées par Futur Allia, le lien électronique qui a
été mis au service des entreprises désirant participer à ce rendez-vous, affichent
le même optimisme. Sur 665 entreprises inscrites, 519 étaient algériennes et 146
françaises. «Soit 770 personnes pour les premières et 220 pour les secondes.»
C'est dire que les Algériens ont fait montre d'une disponibilité sans égale à
écouter les Français. Il a été programmé pour cela, 4172 rendez-vous «soit 85%
d'entreprises qui ont été satisfaites.» Ce qui donne 426 entreprises
algériennes sur 519 ont eu leur rendez-vous. «Les
entreprises espèrent profiter du réseautage en plus
du dîner de gala (le 30 mai au chapiteau du Hilton d'Alger) pour nouer des
relations d'affaires aussi bien avec les Français qu'avec leurs compatriotes, officiels
et institutionnels», commente l'équipe qui a géré leur mise sur la toile.
«Ce qui va dans le sens des autorités algériennes et françaises»
«Les échanges les plus importants et les plus riches ont été enregistrés
dans huit filières,» est-il noté en parallèle, dans le communiqué d'Ubifrance. Ce sont le bâtiment et les travaux publics, l'agroalimentaire,
les biens d'équipement industriel, l'énergie et l'environnement, la santé et la
pharmacie, les services, la formation et l'ingénierie, les TIC, les transports
et la logistique. Il en a découlé «des exemples concrets d'échanges fructueux»
comme «des partenariats en cours d'études entre des entreprises algériennes
intervenant dans le secteur portuaire et des transitaires/logisticiens français
comme Set cargo, plusieurs joint-ventures (JV) en projet dont l'une entre SELD
et un industriel algérien pour conditionner en Algérie des lubrifiants ou
additifs spéciaux, une autre JV entre un bureau d'études français et un autre
algérien pour étudier des projets de zones industrielles en Algérie, une JV en
cours de création dans le domaine de la sécurité entre Civipol
Conseils et un privé algérien, l'enregistrement par une PME française d'une
commande ferme pour des équipements d'automatisme et une piste sérieuse pour la
même société avec un industriel public algérien pour produire en Algérie des
équipements de télégestion, des pistes sérieuses pour l'exportation de dattes
et produits transformés à base de dattes vers l'Europe.»
L'analyse faite en outre par Futur Allia fait savoir que «le forum est
destiné en priorité aux PME, ce qui va dans le sens des autorités algériennes
et françaises.» C'est ainsi qu'il a été constaté que 80% des participants sont
issus d'entreprises employant moins de 200 salariés. Celles qui en emploient
plus «se sont inscrites pour leur effet d'entrainement
comme locomotives des PME.» Il s'agit en particulier de Total, Lafarge, Renault,
Sanofi-Aventis, Saidal, Cevital, complexe Zaïmi, Eriad Alger, Fromagerie Bel Algérie et le Groupe Sim.
Des projets français «contre les intérêts des Algériens ?»
Il est souligné que 41% de la demande algérienne de RDV est le fait de
fabricants et industriels qui étaient à la recherche d'équipements, de
technologie et de savoir-faire, 19% d'entreprises algériennes étaient
intéressées par des projets d'investissements avec les entreprises françaises
et 22% d'intermédiaires algériens espèrent passer des accords de partenariat
dans le secteur de la distribution (commerce et industrie). Autre constat, 15%
d'entreprises françaises/ consultants ont engagé des négociations de
partenariat avec des homologues algériens dans le domaine de la haute
technologie, l'innovation et l'ingénierie, 10% autres passeraient des accords
de commercialisation et de distribution avec des acheteurs algériens et enfin 16%
d'entreprises françaises ont rencontré des porteurs de projets industriels.
Entre-temps, «la mission de M. Jean-Pierre Raffarin a enregistré des
résultats des plus encourageants,» estiment les
Français. L'ex-Premier ministre a réglé «deux différends majeurs» à savoir
l'agrément de la chambre algéro-française (CCIAF) lancée
en novembre 2009 et le chantier du métro d'Alger «bloqué depuis de nombreux
mois à la suite de problèmes technico-financiers.»
Sur 10 projets d'investissements suivis par Raffarin, 5 ont été finalisés
(MACIF avec la SAA,
la BADR et la BDL) (Cristal Union et le
groupe LABEL) (Alstom-Ferrovial-EMA) (Bretagne
International et l'ITELV) et (Sanofi-Aventis
pour la construction d'une unité de production de médicaments à Sidi Abdellah). Deux ont été signés l'un entre SaInt-Gobin et Alver Oran et le
second entre Axa et le FNI, la
Banque extérieure et la BEA pour redynamiser le marché des assurances. «Les
trois derniers ont bien progressé et doivent connaître leur aboutissement dans
les mois qui viennent,» est-il relevé. Il s'agit du dossier Lagarge
et le groupe public GICA, Total Pétrochimie et Sonatrach
et enfin Renault.
Les Français promettent qu' «une nouvelle vague d'investissements est
d'ores et déjà envisagés dans deux filières jugées prioritaires : l'agroalimentaire
et les TIC.» 7 nouveaux projets ont, est-il noté, été présentés aux autorités
algériennes compétentes (ministère de l'Industrie et de l'Agriculture) pour les
aliments du bétail, les engrais, la production de jus de fruits, de fromage et
de spécialités laitières. 4 partenariats ont été retenus pour les TIC «dans le
passage à la téléphonie de 4eme génération, l'accompagnement de l'opérateur
historique, l'aide à la création d'un centre national de l'innovation numérique
ou la banque postale.»
Perspectives françaises et politique algérienne
Les Français lanceront dans trois mois une enquête pour évaluer les
retombées du forum sur leur partenariat avec les Algériens. «L'objectif affiché
est d'accompagner les entreprises les plus motivées dans la mise en Å“uvre de
leurs projets,» disent-ils. Ils se projettent en 2012-2013 «pour travailler
désormais par filière sous forme de rencontres et forums ciblés dans des
secteurs où la demande algérienne est forte (agro industrie, TIC, sous- traitance mécanique, électronique, maintenance industrielle,
santé, formation et transfert de savoir-faire.)» Ils prévoient par ailleurs
«d'organiser des actions sectorielles dans les régions industrielles et
agricoles et d'accompagner les partenariats entre PME voire entre grands
groupes en collaboration avec nos partenaires institutionnels (ANDI, ANSEJ et
le secteur bancaire et financier.)»
Premier commentaire de responsables algériens sur un fait jugé «désolant»
à savoir que «les Français ont compris que les décideurs algériens veulent que
les entreprises françaises soient accompagnées de ministres, sinon ils ne les
prennent pas au sérieux.» La décision algérienne étant toujours «un fait
politique. Pis, «la majeure partie des dossiers économiques en suspens entre
les deux pays, n'est pas dans l'intérêt de l'Algérie,» nous disaient hier de
hauts responsables. Leur exemple premier, l'éventuelle cession de gisements
pour le groupe Lafarge. «Les gisements sont rares, en plus, la présence de
Lafarge dans les entreprises publiques de ciment pour soi-disant un transfert
de savoir-faire est absurde parce que l'industrie du ciment est totalement
maîtrisée chez nous. Mieux encore, le ciment produit localement est vendu deux
fois moins cher que celui produit par Lafarge. Voyez la différence !» font-ils
remarquer. Mais ceci est une autre histoire politique qui conforterait les
aspirations «économiques» des Français et sur laquelle nous y reviendrons.
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Posté Le : 07/06/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ghania Oukazi
Source : www.lequotidien-oran.com