Algérie

Forum algéro-américain sur l'énergie : Sonatrach a élaboré un plan d'investissement de 56 milliards de dollars



Les groupes énergétiques algériens Sonatrach et Sonelgaz, qui s'apprêtent à lancer d'importants projets de développement, ont présenté avant-hier leur potentiel d'investissement à Houston (Texas) à l'occasion de la deuxième édition du forum algéro-américain sur l'énergie. Le P-DG de Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour, qui participe à cette rencontre à la tête d'une importante délégation, a indiqué que son groupe avait arrêté un plan d'investissement de 56 milliards de dollars sur cinq ans et dont les détails seront rendus publics dans les trois prochaines semaines." C'est une annonce importante pour les partenaires qui souhaitent investir en Algérie", a-t-il indiqué devant un parterre de représentants de compagnies américaines qui prennent part à ce forum. Outre ce plan d'investissement, le dirigeant de Sonatrach a axé son intervention sur deux autres points importants, à savoir la stratégie de gestion de Sonatrach à l'horizon 2030 et le potentiel des ressources non conventionnelles en Algérie. Ces trois axes réunis devraient donner un nouvel essor au premier groupe énergétique africain qu'il dirige depuis mars 2017.
Ould Kaddour a expliqué que la nouvelle stratégie de Sonatrach consiste à diversifier les sources d'énergie du groupe en allant vers des activités nouvelles dans l'offshore et le gaz de schiste.
La vice-secrétaire d'Etat adjoint, Sandra Oudkirk, qui est intervenue juste après M. Ould Kaddour, a indiqué que les Etats-Unis s'intéressaient au développement des énergies non conventionnelles en Algérie, relevant au passage leur impact positif sur la sécurité énergétique des pays.
Sandra Oudkirk a cité le cas de son pays, les Etats-Unis, devenus en l'espace de quinze années un exportateur net de gaz grâce à l'exploitation de ces ressources non conventionnelles. Le développement de ces projets a " permis de changer le paysage énergétique des Etats-Unis ", a-t-elle dit. La diplomate américaine a précisé que le département d'Etat était prêt à accompagner les pays qui veulent se lancer dans cette industrie maîtrisée par les compagnies pétrolières américaines qui détiennent des techniques novatrices en matière de forage et de production.
Soulignant, par ailleurs, le potentiel solaire de l'Algérie, Sandra Oudkirk a indiqué attendre avec intérêt les discussions prévues lors de ce forum sur le programme des énergies renouvelables que Sonelgaz a commencé à mettre en ?uvre.
De son côté, l'ambassadeur d'Algérie à Washington, Madjid Bouguerra, qui a fait une présentation sur l'économie algérienne, a tenu à relever que la baisse du volume des échanges commerciaux entre les deux pays après le boom du gaz de schiste qui a réduit les débouchés pour le gaz algérien aux Etats-Unis "ne doit pas être perçue comme une régression ou un bond en arrière". En fait, une tendance nouvelle s'observe depuis 2015 qui augure de perspectives prometteuses dans les relations d'investissement et de partenariat entre les deux pays, a-t-il noté.
"Les perspectives demeurent positives" pour l'Algérie malgré la chute des cours de pétrole qui a privé le pays de la moitié de ses revenus à l'exportation, a-t-il expliqué aux entreprises américaines, citant en cela les dernières prévisions publiées par la Banque Mondiale qui tablent sur un fort rebond de la croissance en 2018. Ce rebond sera soutenu par les nouvelles mesures budgétaires prises par le gouvernement pour financer l'investissement, a-t-il ajouté. L'Algérie est en train de mettre en place un nouveau modèle de croissance qui va l'aider à atteindre l'émergence d'ici à 2030. "L'Algérie affiche une stabilité remarquable alors que la région traverse une période troublée. Après des années de tourmente et de problèmes politiques et sécuritaires, l'Algérie sous la direction du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a pleinement retrouvé sa juste place dans le concert des nations", a déclaré l'ambassadeur. Intervenant à son tour, le président du Conseil d'affaires algéro-américain (USABC), Ismail Chikhoune, a soutenu que la deuxième édition de ce forum "marquait un tournant dans les relations bilatérales et ouvre de nouvelles voix au transfert du savoir-faire, de la technologie, et de l'innovation dans le secteur de l'énergie". L'USABC ?uvre à promouvoir les échanges entre les deux pays en facilitant aux compagnies américaines les opportunités d'affaires ainsi que l'accès direct au marché algérien. En parallèle, il offre aux entreprises algériennes un accès aux différents segments de l'activité commerciale américaine, a précisé M. Chikhoune.

Washington souhaite lancer un partenariat avec l'Algérie
Le département d'Etat américain a déclaré lundi qu'il souhaitait lancer un partenariat avec l'Algérie dans l'énergie en vue d'assurer la sécurité des approvisionnements de la région, notamment ceux destinés au marché européen. "Une des meilleures façons pour les Etats-Unis et le gouvernement algérien de travailler ensemble est de renforcer la sécurité énergétique de la région par la promotion de la diversification énergétique", a déclaré Sandra Oudkirk, vice-secrétaire d'Etat adjoint lors du forum algéro-américain sur l'énergie à Houston. La diplomate américaine a ajouté que plusieurs pays dépendent encore d'une seule source ou forme d'énergie ce qui les rend vulnérables aux perturbations d'approvisionnement qui menacent leur sécurité économique et nationale. Oudkirk a cité l'exemple de certains pays européens, largement dépendant du gaz russe, en indiquant que le bureau des stratégies énergétiques du département d'Etat soutenait les efforts de diversification de l'approvisionnement et des voies de transport de l'énergie vers ce continent. "L'Algérie est un grand fournisseur d'énergie pour l'Europe et nous la félicitons pour être un partenaire fiable, aidant le continent à diversifier ses approvisionnements", a-t-elle ajouté. La vice-secrétaire d'Etat adjoint a enchaîné que "les Etats-Unis encourageaient l'Algérie à augmenter ses exportations vers l'Europe ainsi que vers d'autres pays du monde", soulignant, par ailleurs, le renforcement des relations entre les deux pays ces dernières années. "La coopération économique est réellement la base pour des relations bilatérales renforcées ", a-t-elle affirmé. Les pays européens cherchent à assurer leur sécurité énergétique au moment où ils essayent d'imposer des conditions défavorables à leurs fournisseurs traditionnels, incitant de nombreux producteurs à revoir leur stratégie de commercialisation en vue de trouver de nouveaux débouchés à leur gaz. La non reconduction des contrats à long terme annoncée par quelques pays européens pourrait mettre à mal l'approvisionnement du vieux continent qui compte s'orienter de plus en plus au marché spot pour satisfaire ses besoins énergétiques.
Les Etats-Unis misent déjà sur les exportations de GNL vers l'Europe centrale et de l'Est, des régions fortement dépendantes du gaz russe. Le président Donald Trump a promis en juillet dernier, lors d'un sommet à Varsovie, ayant regroupé une douzaine de dirigeants européens, de promouvoir les exportations de gaz naturel liquéfié vers ces pays. Donald Trump a maintenu les objectifs de l'ancienne administration Obama de mettre fin à la prédominance russe sur le marché gazier européen en soutenant le projet de l'union de l'énergie et le développement des infrastructures de GNL. La Pologne a commencé à recevoir depuis l'année dernière les premières livraisons du gaz américain. Mais selon des analystes gaziers, le défi de la réduction de la dépendance de l'Europe au gaz russe sera long à relever, la chaîne gazière étant longue et coûteuse, alors qu'en parallèle les livraisons russes au continent augmentent d'année en année dans un contexte de la baisse des réserves britanniques et norvégiennes en mer du Nord.


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