Fortifications espagnoles des villes côtières algériennes

Pendant plusieurs siècles, de 1505 à 1792 précisément, la Couronne espagnole a déployé une intense activité de construction le long de la côte algérienne. Cette activité a été principalement motivée par la volonté stratégique de contenir l’expansion de l’Empire ottoman et d’exercer un contrôle maritime sur la Méditerranée occidentale. Cette présence espagnole a laissé de nombreuses traces dans les archives militaires.
L’exposition en présente une sélection, aujourd’hui conservée aux Archives générales de Simancas, et dans les archives du ministère de la Défense à Madrid, à propos de trois sites stratégiques : Bejaïa (Bugia), Alger (Argel), la région d’Oran (Oran, Mers el-Kébir [Mazalquivir], Arzew).
Au cours du XVIe siècle, l’empereur Charles Quint puis son fils le roi Philippe II, ont consolidé le réseau des villes fortifiées côtières. Ils occupent d’abord la forteresse de Mers el-Kébir (1505), puis les villes d’Oran, Arzew, Honaïne (Honein), Béjaïa, Alger (1509-1510), enfin Annaba (Bona) en 1535.
Ces conquêtes s’accompagnent de travaux de renforcement des défenses (enceintes et forts) conduits par des ingénieurs militaires, ainsi que de la transformation et de la construction d’édifices (hôpitaux, églises), destinés à affirmer le pouvoir royal. À la fin du XVIe siècle, la plupart de ces villes sont conquises par les Ottomans. Seules les villes de Mers el-Kébir et d’Oran restent sous le contrôle espagnol.
Au XVIIIe siècle, c’est donc sur Mers el-Kébir et Oran que se concentre la nouvelle dynastie des Bourbons régnante en Espagne. De Philippe V à Charles III, les Espagnols rénovent le système défensif de ces deux villes et renouvellent leurs équipements. Cette période, qui a laissé de nombreuses traces dans le paysage actuel, est aussi la plus documentée par les archives militaires.
L’étude de ces archives relatives à l’occupation espagnole permet donc de renseigner de nombreux bâtiments encore en place aujourd’hui, dans une perspective à la fois historique et patrimoniale.