Algérie

Forte mortalité des PME : Les activités industrielles en péril



La démographie des sociétés algériennes est en effet caractérisée par une très forte mortalité.  (Environ 30 000 PME auraient disparu durant l'année 2011, selon Zaïm Bensaci  président du conseil national consultatif de la PME).  La situation des PME, notamment les plus petites d'entre elles (TPE), n'était guère plus brillante durant les années passées, mais l'année 2011 offre la particularité d'avoir été plus prolifique en création de nouvelles entités, favorisée en cela par le dispositif d'aide en faveur des jeunes qui avait englouti pas moins de 120 milliards de dinars pour mettre sur pied environ 50 000 nouvelles TPE.   N'ayant pris aucune initiative pour améliorer le climat des affaires à  l'origine de la surmortalité des entreprises, il y a de fortes chances qu'une bonne partie des entités créées à  la faveur de ce dispositif disparaisse à  leur tour prématurément. La bureaucratie, un frein à  tout essor ! Eu égard aux difficultés de tous ordres qu'elles doivent surmonter au quotidien, le souci des PME algériennes ne consiste plus comme par le passé à  prospérer, mais seulement à  survivre en attendant d'hypothétiques jours meilleurs, nous affirme un industriel algérien. Le sort des entreprises qui activent en Algérie est en effet fortement dépendant d'un faisceau d'actions à  caractère législatif et réglementaire que seul l'Etat est habilité à  prendre en leur faveur. S'il est vrai que les pouvoirs publics ont déjà pris bon nombre d'initiatives destinées à  faciliter la création de PME (le nombre de procédures est passé de 32 en 2003 à , à  peine, une vingtaine aujourd'hui, à  réduire le poids de la fiscalité et à  mettre en œuvre certaines mesures incitatives, il n'en demeure pas moins que sur le terrain, la bureaucratie continue toujours à  sévir quand il s'agit de mettre en œuvres ces initiatives. L'octroi de terrains à  usage industriel, la délivrance de permis de construire et de lotir, les branchements à  l'électricité, au gaz et à  l'eau continuent à  prendre beaucoup de temps. La levée de crédits bancaires et autres commodités indispensables à  la survie d'une entreprise nouvellement créée (connexion internet, mises à  niveau, déplacements d'affaires à  l'étranger, etc.) continuent à  relever du parcours du combattant, notamment lorsque l'entité est implantée à  l'intérieur du pays. La bureaucratie s'avérera d'autant plus tatillonne que le secteur des PMI et PME est très fortement dominé par les opérateurs privés, envers lesquels l'administration publique algérienne, formatée par des dizaines d'années d'économie essentiellement  étatique, continue à  entretenir une certaine méfiance, pour ne pas dire hostilité. L'Etat, qui n'est économiquement présent qu'à travers deux mille EPE qui ne survivent que grâce à  de ruineux assainissements financiers périodiques, a pourtant tout intérêt à  concentrer ses efforts sur le secteur privé qui a, au moins, le mérite de produire un minimum de valeur ajoutée, contrairement au secteur public qui coûte, bon an mal an, au minimum 2 points de PIB au pays. Dans cette ambiance peu favorable à  la démographie d'entreprises, seules quelques très rares PME bien capitalisées, mais aussi et surtout, bien managées, ont des chances de tirer leur épingle du jeu de ces défaillances multiformes dont les auteurs (administrations et services publics) sont rarement poursuivis en justice pour réparation des dommages causés aux entreprises. La faible espérance de vie de nos PME s'explique en grande partie par cet environnement des affaires délétère que l'Etat, pour diverses raisons, ne parvient malheureusement pas à  améliorer. La dérive vers l'import-import Mais quelles soient publiques ou privées, force est de constater que ce sont surtout les PME, notamment les plus petites d'entre elles, qui ont payé le plus lourd tribut à  ce mauvais environnement des affaires en raison de leur fragilité patrimoniale, de l'archaïsme de leur gestion et de leur impréparation à  la compétition sans frontière. Autant de facteurs qui ont influé sur la mise en faillite ou le changement d'activité forcé de milliers d'entre elles. En effet, bon nombre de ces sociétés qui ne disposent pas des atouts nécessaires pour faire face aux radicaux changements intervenus ces vingt dernières années en matière de management et de conduite des affaires intégrant désormais deux contraintes majeures. La première de ces contraintes est, on l'a compris, liée à  la baisse de la demande intérieure conséquente à  la réduction du pouvoir d'achat des consommateurs et à  l'intrusion massive de produits étrangers, parmi lesquels d'importants lots d'articles contrefaits défiant toute concurrence. Parce qu'elles ont investi des segments de marché saturés et de surcroît fortement concurrencés par l'informel et la contrebande, de nombreuses PME ont dû ainsi se résoudre à  changer d'activité pour échapper à  la faillite. Le drame de ces reconversions consiste malheureusement en la transformation forcée d'activités industrielles utiles au  pays, en activités de bazar consistant à  importer des produits finis destinés à  àªtre revendus en l'état. Incapables de se remettre constamment au goût des standards de qualité imposés par les puissantes firmes internationales, les petites et moyennes entreprises de production algériennes, autrefois protégées par les tarifs douaniers, éprouvent aujourd'hui d'énormes difficultés à  écouler leurs produits, ne serait-ce que sur le marché national qui leur était, il y a, à  peine quelques années, totalement acquis. La capacité d'entreprendre dans un contexte de concurrence étant étroitement liée à  l'innovation qui est, elle-même, fortement dépendante des moyens financiers dégagés par l'entreprise, on comprend alors la menace que constitue pour notre déjà bien maigre tissu industriel cette dérive vers l'«import-import». Instabilité juridique S'il est, dans les conditions présentes, bien difficile de maintenir en activité une petite ou moyenne entreprise il est, à  l'évidence, tout aussi difficile d'en créer de nouvelles. Aux persistants obstacles bureaucratiques qui continuent à  empoisonner la vie des chefs d'entreprise vient, en effet, de s'ajouter l'instabilité juridique que redoutent par-dessus tout les patrons d'entreprise. Des ordonnances et des lois régissant le monde des affaires sont en effet, depuis ces cinq dernières années, subitement remises en cause par de simples dispositions introduites dans des lois de finances annuelles et complémentaire, mettant subitement en cause le devenir de milliers de PME qui avaient établi leurs business plans sur la base de la législation en vigueur. L'obligation de résultat étant la vertu cardinale des petites et moyennes entreprises, il est bien évident que de telles pratiques ne sauraient donner confiance aux promoteurs qui engagent leur propre argent pour créer des entreprises ou prendre des initiatives de nature à  améliorer leurs performances productives. On comprend alors pourquoi le Forum des chefs d'entreprises a exigé lors de la dernière tripartite une «une stabilité du droit des affaires d'au moins 5 années» comme garantie de confortement du secteur des entreprises que l'instabilité juridique a, à  l'évidence, fortement ébranlé. En dépit des déclarations rassurantes des pouvoirs publics, le gouvernement a malheureusement persisté dans cette démarche de déstabilisation en introduisant dans la récente loi de finances pour 2012, des dispositions qui contredisent ses engagements. Créer des entreprises en Algérie, mais aussi et surtout les garder longtemps en vie,  constitue de ce fait une véritable gageure.                                     


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