Algérie

Forges d'antan et réal-politik d'aujourd'hui



Il est bien loin le temps où deux premiers responsables de partis politiques montaient aux créneaux pour dire tout le bien qu'ils pensaient de la reprise du Complexe sidérurgique d'El Hadjar par le magnat indien de l'industrie Lakshmi Mittal. Ces deux chefs de parti, en l'occurrence Amara Benyounès et Louisa Hanoune, l'un (re)devenu entre-temps ministre et qui plus est de l'Industrie, et l'autre demeurée invariablement dans ce qui est qualifié d'opposition dans un système politique très imprécis, en sont désormais à descendre en flammes l'Indien au motif que «le cas Arcelor-Steel (nouvelle appellation du complexe d'El Hadjar) est une escroquerie» pour la cheffe du PT. Quant au deuxième, il fait un peu plus dans la diplomatie et pour cause les obligations qu'imposent sa fonction et n'hésite pas à rappeler au numéro Un mondial de l'acier que les «capacités installées à El Hadjar ne sont pas adaptées aux besoins du marché algérien... qui ne sont satisfaits qu'à 10% par rapport à la demande». Et ce n'était que le début d'un feu nourri à travers lequel le ministre du Développement industriel ajoutera «...le plan de développement (des activités du complexe) a été conçu sur la base d'un diagnostic et répond aux trois principales raisons de dysfonctionnement industriel, vétusté des installations et anachronisme des équipements. Ensuite, un déficit managérial et enfin la perpétuation de l'instabilité sociale». Ce dernier aspect ayant essentiellement pesé dans le cahier des charges lors de la reprise du complexe par ArcelorMittal-Annaba.Les deux personnalités ci-dessus évoquées n'ont pas tari d'éloges sur cette fameuse transaction lors d'un discours tenu au milieu des années 2000 à Constantine. Les deux n'hésitant pas à évoquer le génie algérien et vantant la qualité de vie à laquelle pouvaient aspirer désormais les 5 000 travailleurs du complexe d'El Hadjar. La suite est connue : il ne se passe pas une année sans que ledit complexe ne soit l'objet d'agitations les plus inquiétantes pour la stabilité de la région, voire du secteur économique. Lakshmi Mittal est actuellement à Alger, où il a rencontré le Premier ministre et sans doute bien des ministres, lesquels, de près ou de loin, sont concernés par le brûlant dossier de l'acier. Si la sincérité va être du côté algérien et pour cause un rapport de forces qui n'est pas en faveur de l'Etat, il est fort probable que, quoi que très intéressée, cette réaction du c?ur ne pourra qu'être à la hauteur de la duplicité de l'interlocuteur de la brochette de grands commis de l'Etat évoqués. La réputation de patron rusé, voire retors, du magnat de l'industrie de l'acier n'est plus à démontrer et il y a peu de chances qu'elle soit démontée dans l'épisode algérien après bien de mésaventures vécues par des puissances industrielles de la sidérurgie, notamment en Europe réputée berceau de l'industrie de l'acier, en Asie et à un degré moindre aux Etats-Unis et dont les fourneaux ne rougeoient plus désormais parce qu'éteints pour l'éternité. En raison de la chute du prix des hydrocarbures, l'Algérie ne dispose plus du confortable matelas financier de ces dernières années et les dirigeants y regarderont certainement à deux fois avant de prendre une quelconque décision visant à injecter de nouveau des fonds pour l'hôte de la Conférence nationale sur le développement économique et social car ce ne sera incontestablement qu'à ... fonds perdus, comme en témoigne l'assez récente expérience du gouvernement français dans le démantèlement de Gandrange et Florange, des fleurons del'industrie sidérurgique de l'Hexagone, voire de l'Europe. En ce qui le concerne, Mittal ne peut plus faire face au gouffre financier que représente pour lui le Complexe sidérurgique d'El Hadjar, non pas parce qu'il n'est plus rentable à l'heure actuelle, mais pourrait l'être à terme. C'est-à-dire à partir de l'instant où l'Etat algérien ne se résoudra plus à investir à perte compte tenu d'une dégringolade des prix du pétrole où quels que soient les évènements mondiaux circonstanciels, il y a peu de probabilité d'une inversion de la courbe descendante.A. L.




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