Algérie

Forêts en danger



Comme une fatalité, les feux de forêt viennent chaque année faire des coupes claires dans le manteau forestier du pays, réduisant à peu de chose les quelques efforts consentis pour sa conservation et son développement. On continuera donc à traîner le déficit, à la fois héritage des conjectures historiques difficiles et produit malheureux des politiques poussives dans le domaine. Les forêts ne couvrent que 11% de la superficie du territoire algérien, alors que la norme veut que le quart de la superficie globale soit dédié aux bois. Ces poches vertes, dont l'effet sur l'équilibre environnemental et le potentiel économique n'est plus à souligner, restent donc trop clairsemées pour un pays méditerranéen, qui plus et est exposé à la désertification de grandes parties de sa géographie. Le risque est sérieux de les voir encore rétrécir sous l'effet du réchauffement climatique et de la sécheresse.La situation sécuritaire du pays depuis le début des années 1990, en plus d'avoir provoqué la destruction de 24 000 ha, a considérablement réduit la marge de man'uvre des forestiers qui ne se hasardent plus dans les touffeurs des maquis au risque de se retrouver nez à nez avec les terroristes. Une situation qui a également ouvert la voie à la prolifération des bûcherons clandestins et à l'abattage sauvage des arbres comme il se constate fréquemment dans le massif de l'Akfadou. Tous ces éléments font que le cas algérien en matière de sinistres forestiers prend des proportions plus dramatiques qu'ailleurs et appelle donc une attention particulière et des efforts autrement plus soutenus pour préserver ce qui peut l'être encore : une stratégie globale de reboisement et de protection avec des objectifs à la mesure du déficit actuel et une implication des nombreux services et secteurs de l'Etat. Soit un élan que l'on n'a pas vu jusqu'à présent, hormis les slogans des campagnes épisodiques à l'occasion de la journée mondiale de l'arbre ou de l'environnement. Le pic caniculaire du week-end dernier a eu ses effets sur les forêts de Béjaïa, Annaba, Skikda' avec son lot de centaines d'hectares partis en fumée.Des sinistres devant lesquels les éléments de la protection civile ont, sans doute, fait ce qu'ils pouvaient avec les moyens dont ils disposent ; des camions-citernes et autres engins qui, au-delà des limites de leurs possibilités d'intervention sur des incendies s'étalant sur plusieurs hectares, s'avèrent inopérants sur des sites enclavés en l'absence de pistes forestières. Des moyens autrement plus efficaces existent pourtant et sont à la portée de l'Algérie des années 2000. Le manteau forestier algérien étant pour sa grande partie situé dans le périmètre côtier et l'aisance financière du pays aidant, le bon sens aurait ainsi voulu que les brigades mobiles d'intervention puissent disposer de l'appui efficace de canadairs. Ces bombardiers d'eau qui ont fait leurs preuves ailleurs et qui ne doivent pas coûter plus cher que les centaines d'hectares de forêt réduits en cendres chaque été.


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