Décidément, les agressions contre le patrimoine forestier se perpétuent, de surcroît grâce à l'impunité dont bénéficient les agresseurs et leurs complices.Si le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Abdelwahab Nouri, avait clairement encouragé la Conservatrice de la wilaya dans son combat pour développer son secteur lors de sa visite au barrage de Boukourdane, la réalité du terrain est tout autre. L'environnement est hostile à toutes les formes de changement. Les mauvais réflexes perdurent. La superficie de la forêt s'est tragiquement rétrécie, notamment au niveau de la partie est de la wilaya de Tipasa, en l'occurrence les daïras de Fouka, Koléa... Toutes les enquêtes engagées à l'encontre des destructeurs des forêts se sont heurtées à l'insouciance des décideurs.L'identification des «assassins des forêts», y compris leurs complices fonctionnaires du secteur, est établie. Des dizaines de dossiers concernant ces actes immoraux sont bien ficelés, mais, étrangement, aucun responsable de la Direction générale des forêts ne veut réagir. Celle-ci a l'habitude de jeter en pâture les conservateurs de wilaya pour se dédouaner.C'est dans ce contexte que le wali de Tipasa, Layadi Mostefa, a décidé de créer des forêts récréatives afin de préserver ces «lambeaux» du patrimoine forestier de sa wilaya, d'une part, et d'autre part, engager une campagne de sensibilisation et de reboisement, afin d'impliquer les citoyens dans la préservation et le développement du patrimoine forestier. Son instruction référencée 55 du 29 octobre 2014 relative à la création d'une commission de wilaya pour la classification des forêts urbaines et suburbaines à caractère récréatif concerne en premier lieu 4 directions de la wilaya. Il s'agit des forêts, des Domaines, du Cadastre et de la Conservation foncière.Selon la Conservation des forêts, «la direction des Domaines avait été saisie à 2 reprises pour activer les démarches, nous déclare un fonctionnaire des forêts, nous avons mis nos moyens matériels et humains à la disposition des services du cadastre pour recenser et cadastrer les sites forestiers», ajoute-t-il. En effet, 25 sites forestiers à vocation récréative occupant une superficie de 385 ha avaient été identifiés au niveau de 17 communes, en l'occurrence, Damous, Gouraya, Hadjret-Ennous, Sidi Ghilès, Cherchell, Sidi Amar, Tipasa, Hadjout, Tipasa, Aïn Tagouraït, Bouharoun, Khemisti, Bou Ismaïl, Douaouda, Fouka, Koléa et Attatba.Contacté par nos soins, il a déclaré : «Je ne suis pas informé de cette instruction du wali n°55 nous déclare un fonctionnaire des cadastres, nous avons terminé le cadastre de tout le patrimoine forestier, mais j'ignore où se trouvent ces forêts à caractère récréatif.» En réponse à notre question, le directeur des Domaines de la wilaya de Tipasa précise : «Je m'efforce à appliquer le décret exécutif n° 06-368 du 19 octobre 2006 qui fixe le régime juridique de l'autorisation d'usage pour les forêts récréatives ainsi que les conditions et les modalités de son octroi.» «Maintenant, c'est à la Conservation des forêts de nous donner les noms des sites», conclut-il. Un dialogue de sourds s'installe, car on se rend compte de l'absence de coordination, en dépit de l'existence de la commission créée par le wali.«Nous cherchons le statut de la forêt récréative avant d'appliquer les textes d'usage, nous voulons la carte de délimitation des forêts visée par les services du cadastre et l'établissement des certificats d'immatriculation signés par les services des Domaines», nous dira la Conservatrice des forêts, «c'est une fois que ce travail sera fait que nous allons établir l'arrêté d'intégration au régime général des forêts que la Conservation foncière devra publier et délivrer les livrets fonciers, ajoute-t-elle. Le ministère de l'Agriculture qui est en possession de ces documents procédera ensuite à la classification des sites forestiers à vocation récréative, j'estime que tout est clair», conclut-elle.Malgré toute cette confusion et cette perte de temps, la Conservation des forêts s'est engagée dans des actions de plantations fruitières et forestières, de repeuplement, des fixations de berges, des corrections torrentielles et des travaux sylvicoles. Autant de travaux entrepris depuis le 25 octobre 2014, par des personnes de bonne volonté dans les communes de la wilaya, afin de préserver le patrimoine forestier, en dépit de l'adversité de l'environnement et des man?uvres internes sournoises menées dans des bureaux de l'administration.
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Posté Le : 22/03/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : M'hamed Houaoura
Source : www.elwatan.com