Algérie

Forêt d’Akfadou (Béjaïa): Un dossier de classement introduit



Forêt d’Akfadou (Béjaïa): Un dossier de classement introduit


La biodiversité de l’Akfadou, son rôle de poumon écologique modérateur du climat, fixateur de gaz carbonique et pourvoyeur d’oxygène, ainsi que son potentiel économique, militent pour son classement en tant que «parc naturel protégé». Une option salutaire pour le soustraire aux périls.

«La configuration idéale serait d’avoir une réserve intégrale inaccessible, une zone tampon ouverte à la recherche scientifique et une zone périphérique éligible à une exploitation réglementée», suggère un responsable de la Conservation des forêts.

Un dossier de classement est introduit par la subdivision des forêts de Chemini, en collaboration avec la commune d’Akfadou, apprend-on.

«Le dossier est au niveau du ministère. Pour l’heure, il n’y a aucune suite», nous confie Aklit Mohamed, le maire d’Akfadou.

La forêt d’Akfadou, un patrimoine naturel formé d’une multitude d’écosystèmes juxtaposés et interdépendants, couvre une superficie de 10.000 hectares. Réputé pour sa densité de boisement et sa diversité faunistique, le domaine étend son emprise sur des limites latitudinales englobant des territoires de la wilaya de Béjaïa et de Tizi Ouzou, sur les deux versants du Djurdjura.

Les caducifoliés représentés par le chêne zen et le chêne-liège sont incontestablement les essences forestières les plus abondantes. La zenaie, qui a atteint un stade remarquable de différenciation, est aussi riche qu’unique en son genre. On n’en trouve nulle part ailleurs, en Algérie ou en Afrique du Nord.

D’autres espèces végétales, dont certaines ont été introduites il y a moins d’un siècle, complètent ce panorama floristique et confèrent à l’Akfadou sa diversité profuse. Le cèdre de l’Atlas, le sapin de Numidie, le pin noir et l’aulne glutineux font partie intégrante du biotope, qui abrite aussi une foison de formations buissonnantes et herbacées, d’herbes aromatiques et de plantes médicinales. Les essences replantées dans cette forêt s’y sont bien acclimatées. Elles ont même affiché une épatante aptitude à la régénération.

La biocénose de l’Akfadou est aussi d’une étonnante diversité. On y dénombre une kyrielle d’espèces de mammifères, de batraciens, de reptiles, d’insectes et une riche avifaune endémique. Animal emblématique de l’Akfadou, s’il en est, le cerf de Berbérie a fait l’objet d’une louable opération de réintroduction dans ce milieu, qui représente l’un de ses ultimes refuges. Pilotée depuis 2005 par le centre cynégétique de Zéralda, avec la précieuse collaboration de la Conservation des forêts de la wilaya de Béjaïa, cette entreprise est un franc succès. Le cervidé s’est si bien réadapté à son habitat naturel qu’il est parvenu à se reproduire. Un pas décisif dans la pérennisation de cet animal en voie de disparition.

Culminant à plus de 1.200 mètres, l’écosystème lacustre est formé de plusieurs plans d’eau. Aguelmime aberkane (le lac noir), Ouroufel et Aslous sont autant de niches écologiques, de sites de reproduction et de stations d’hivernage pour une multitude d’espèces endémiques et de volatiles migratoires.

Les coupes illicites de bois, l’exploitation anarchique et irrationnelle des ressources sylvestres, le braconnage, les incendies de forêt et la sécheresse, sont autant de périls qui pèsent sur la biodiversité de ce milieu, à la fois riche et fragile.

Même la pollution, ce fléau des temps modernes, s’est invitée dans le milieu forestier, y compris dans les sites que l’on croyait hors de portée des visiteurs. Victime, sans doute, de sa réputation d’écrin de bonheur, le lac noir pâtit sévèrement de ces actes d’incivisme. Les touristes profitent pleinement de la splendeur du site et repartent en abandonnant derrière eux sacs en plastique, bouteilles vides et restes de nourriture.


Photo: La pollution s’est invitée dans le milieu forestier, y compris dans les sites que l’on croyait hors de portée des visiteurs

M. Amazigh


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