Algérie

Forcing


C?est à un véritable forcing que se livre, depuis quelque temps, Belkhadem pour faire aboutir son projet de révision constitutionnelle. La mise en place, sous son impulsion, par l?instance exécutive du FLN d?une commission de réflexion et l?ouverture d?un chantier à ce sujet confirment l?obstination de l?ancien chef de la diplomatie algérienne à vouloir conditionner l?opinion publique sur l?urgence d?un débat sur la question alors que cette révision n?est pas à l?ordre du jour au plan des préoccupations politiques gouvernementales, et de surcroît est loin de faire l?unanimité au niveau de la classe dirigeante. On rappelle qu?à ce propos Ouyahia et Zerhouni, deux personnalités influentes du pouvoir, ont émis des avis diamétralement opposés à celui du patron du FLN. Les deux dirigeants ne voient pas la nécessité d?une révision de la Constitution à partir du moment, dira le ministre de l?Intérieur, où la charte sur la réconciliation nationale approuvée à une large majorité par le peuple conforte le système de direction du pays dans lequel Bouteflika ne trouve pas de difficultés majeures pour régner. Le message est clair : il signifie à Belkhadem que si les Algériens ont voté pour la charte, c?est pour que celle-ci donne les pleins pouvoirs au président de la République. Ainsi, doit-on comprendre, le « régime présidentiel », qui semble tellement inspirer Belkhadem, n?a pour l?heure besoin d?aucun amendement. Que cache donc cette ambition du ministre d?Etat à vouloir clarifier la nature de l?actuel régime constitutionnel et partant de mettre un terme aux « ambiguïtés régissant la relation entre les institutions » ? Il y a forcément une idée précise derrière la tête, celle qui consiste à occuper les espaces stratégiques de ces mêmes institutions, alors que la scène politique nationale est frappée d?un vide sidéral, pour consolider, à l?avenir, encore davantage la position du courant islamo-conservateur à travers les appareils de direction. On appelle cela de l?entrisme version FLN. D?autant que ce n?est pas fortuitement que le SG a déclaré, en même temps, que l?idéal serait d?aller... vers une démocratie parlementaire qui donnerait au FLN le droit de constituer l?équipe gouvernementale avec à sa tête un Premier ministre issu du parti dominant. Le vieux parti ayant l?assurance d?être pour longtemps la locomotive politique du pays, Belkhadem a toutes les raisons de croire qu?une parcelle du (vrai) pouvoir doit lui revenir en toute légitimité. En filigrane, c?est dans le « territoire réservé » du Président qu?il veut s?investir, même si pour des considérations tactiques il rassure ses partenaires de la coalition présidentielle de son attachement à soutenir le programme de Bouteflika et, par voie de conséquence, le mode de gouvernance dans lequel il s?inscrit. Le FLN, qui aspire par ailleurs à « conquérir » la Kabylie dans le cadre des élections partielles, voit assurément grand. Le défi reste toutefois hasardeux, car avec une démarche qui semble confondre vitesse et précipitation, on se demande si Belkhadem sait réellement où il va...
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)