Algérie

Football - Souvent à la merci des résultats et des dirigeants: Le dur métier d'entraîneur en Algérie



Que la valse des entraîneurs prenne de plus en plus d'ampleur ne surprend aucunement les observateurs avisés. La plus grande responsabilité revient aux dirigeants qui exigent de la part des entraîneurs des résultats immédiats, comme si ces derniers avaient une baguette magique. Combien de techniciens, réputés, se sont cassé les dents au sein de plusieurs clubs ' Nombreux sans doute. Ce qu'il y a de rassurant dans ce sport complexe et difficile où de nombreux paramètres entrent en ligne de compte, la réussite ne se commande pas sur un simple claquement de doigts. En vérité, elle est le fruit d'un travail planifié et rigoureux, qui prend en compte toutes les données liées à cette discipline. En premier lieu, le facteur humain, c'est-à-dire l'effectif mis à la disponibilité de l'entraîneur. A ce sujet, rappelons une réflexion très significative du célèbre Albert Batteux (entraîneur du grand Stade de Reims et de l'équipe de France qui s'est illustrée en Coupe du monde 1958 en Suède). Abordé par un collègue inquiet, il lui a dit textuellement : « Il est préférable d'entraîner de grands joueurs. Or, ces derniers se trouvent au sein des grands clubs ». Cela ressemble à une évidence, mais sans que cela constitue une vérité absolue, car tout évolue dans le monde du football, à savoir les systèmes de jeu, les lois, sans omettre le rôle de plus en plus conséquent de l'argent via les droits télé, le sponsoring et les subventions d'Etat.Choisir son club ou apporter sa philosophie '
Comment ne pas évoquer une catégorie d'entraîneurs qui choisissent l'équipe, cette tendance étant plus apparente à l'étranger qu'en Algérie où la marge de man?uvre est limitée. En effet, des techniciens ont bâti leur réputation grâce à leur habilité dans ce domaine. Pour notre part, nous aurions bien aimé les voir exercer ailleurs, au sein de clubs moins nantis en matière d'effectifs. Leur véritable niveau serait alors apparu au grand jour. Dans la majorité des cas, il s'agit de techniciens dits « réalistes », ceux pour qui seul le résultat compte, la manière étant le cadet de leurs soucis. Il faut leur reconnaître certains succès, mais le hic, c'est que ces derniers sont temporaires et limités à une courte période. C'est ce qu'on appelle le faux réalisme. Pourquoi ' Parce que leurs méthodes sont très exigeantes en matière d'efforts et d'abnégation. Et, fatalement coincés par ce système rébarbatif, les joueurs régressent aussi bien techniquement que physiquement, les blessures accompagnant leur parcours.
La politique du résultat possède donc une facette séduisante, mais recèle également des conséquences fâcheuses. Et de nombreux entraîneurs qui ont choisi cette voie en ont fait les frais, les dirigeants les accusant par la suite d'incompétence. « Ce n'est pas avec cet entraîneur que nous allons accéder » s'est récemment exclamé le président d'un club. Alors, une question : « Pourquoi l'avoir engagé ' ». En limogeant à tour de bras les techniciens, ces responsables reconnaissent de facto leurs erreurs.
Le jeu collectif et la technologie, des atouts mal exploités
Au cours de notre carrière, nous avons eu de nombreuses opportunités d'assister à des entraînements. D'un entraîneur à un autre, les manières diffèrent peu, même il existe un programme de base que tous observent, surtout ceux qui ont un préparateur physique. Nous avons constaté que les exercices concernant le jeu collectif sont peu nombreux, alors que c'est la base essentielle lors des rencontres. Nous n'irons pas jusqu'à mésestimer l'utilité des « ateliers » appliqués lors de séances destinés à faire progresser les joueurs dans certains domaines, mais il faut toujours retenir que la transmission du ballon constitue le socle essentiel du football, car il est pratiqué par 22 joueurs, tous impliqués et tendus vers le même objectif. Les entraîneurs du temps présent seraient certainement jalousés par les anciens, car ils disposent de moyens modernes et plus conséquents, outre les adjoints que les anciens n'avaient pas. Aujourd'hui, le pourcentage de possession du ballon est une connaissance banale. Ailleurs, grâce à une technologie pointue, l'évolution des joueurs est scrutée et analysée. On connaît les zones où le joueur est le plus efficace, en prenant connaissance de ses performances et également de ses erreurs. Récemment, un journal de la capitale espagnole a publié une étude surprenante et fondée à partir d'une observation très précise concernant le latéral brésilien Marcello. Pourtant considéré comme le meilleur à son poste, il a été révélé que l'international auriverde a perdu de nombreuses balles en 21 rencontres de Liga ! Le joueur, conscient de cette réalité, a dit assumer ses fautes, tout en précisant que ses exploits ont été occultés par cette même technologie à double tranchant. Cette dernière, même si on doit reconnaître son précieux apport, ne devrait pas empêcher le football d'être, après tout, une activité humaine où le talent du joueur demeure l'atout numéro un. A condition que ce dernier soit exploité de manière rationnelle et intelligente. Mais ceci est un autre problème qui concerne les entraîneurs qui appliquent leurs propres options.


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