Football - Mercato en Algérie: La politique du résultat immédiat

Les médias spécialisés en ont fait leur pain quotidien. Nous voulons parler du recrutement tous azimuts qui tient en haleine tous les fans des clubs. Pourquoi ? Parce qu'ils sont convaincus que c'est là que réside la clé de la réussite. Il est vrai que c'est un préjugé en faveur de cette méthode à laquelle s'adonnent pratiquement tous les clubs, chacun selon ses moyens. Ces derniers sont différents. Ici, on parle de millions de centimes, tandis qu'ailleurs, le mot milliard est devenu banal. Dans ce marché estival qui tient en haleine les supporters, des chiffres faramineux circulent, car la surenchère demeure la règle entre la demi douzaine des clubs riches, les bénéficiaires ne sont autres que les joueurs ciblés. La plupart d'entre eux sont, à notre avis, surévalués, soit en raison de leurs limites, soit à cause de leur âge, certains ayant dépassé la trentaine. Si de tels chiffres ont été atteints, c'est parce que plusieurs facteurs y ont concurru. D'abord, le nombre restreint de bons joueurs, qui pousse justement les dirigeants à surenchérir. Ensuite, il y a le rôle des «agents» qui font tout pour que leurs mandants soient le mieux cotés possible, à travers les médias par une mise en exposition permanente où ces joueurs sont devenus de véritables vedettes people. Enfin, et surtout, ces dirigeants sont taraudés par la réussite immédiate de leur «projet». On citera l'exemple édifiant de l'USMAn qui a dépensé beaucoup d'argent ces dernières saisons, sans pour autant conserver sa place parmi l'élite. Cette saison, on retrouve en tête l'USMA et son président Haddad qui veut mettre sur pied une «dream team» «qui jouera les titres dès la saison prochaine 2011/2012, dans une première étape, et représenter dignement le football national sur les scènes continentale et internationale, dans une seconde étape», comme cela est souligné dans le récent communiqué transmis aux médias spécialisés. Il est souligné dans ce même texte «que la mobilisation des moyens mis à la disposition de l'effectif tout juste moyen hérité de l'ère amateur n'a pas eu l'impact escompté en termes de résultats. Mais le club a gagné durablement en termes d'organisation et de structures administratives pouvant prendre en charge tous les besoins de l'équipe». Effectivement, le stade Bologhine a bénéficié de nombreux aménagements. Il reste à savoir si le recrutement relevant du duo Renard-Haddad s'avérera payant. En effet, un rassemblement de joueurs, aussi bons qu'ils soient, ne constitue pas toujours une garantie, car de nombreux paramètres doivent être réunis pour obtenir une équipe performante. Il y a d'abord le jeu collectif, si peu aisé à obtenir entre de fortes individualités venues de divers raisons, donc habituées à des façons d'évoluer pas forcément compatibles. Ensuite, cela dépendra de la conception tactique de base de l'entraîneur Renard qui n'a pas, à notre connaissance, fait ses preuves. Enfin, l'USMA aura affaire à une forte opposition de la part d'autres clubs, qui, aussi, se sont sérieusement renforcés. On pense notamment à la JSK et au MCA qui entendent retrouver le haut du tableau après une baisse de régime. La loi de l'offre et la demande a assurément pénalisé les clubs de l'Ouest. Le MCO, le WAT et le MCS ne peuvent pas concurrencer leurs homologues du Centre, même si, dans cette région, les gens capables d'investir existent bel et bien mais hésitent à s'engager résolument dans la voie du professionnalisme. Certains d'entre eux se sont contentés d'acheter des actions dans les nouvelles SSPA. On conçoit donc que, pour cette nouvelle saison 2011-2012, les trois clubs cités ne pourront pas jouer le haut du tableau. Tel est du moins notre avis. Du côté de l'Est, l'ESS n'a plus le formidable effectif de ces dernières saisons. Certes, Serrar continue de se démener, mais c'est plutôt l'inconnu après le départ des cadres qui ont, faut-il le préciser, perdu leur enthousiasme, ce qui explique la «saison blanche» de l'Entente. Ce syndrome-là pourrait toucher les clubs aux riches effectifs. Il n'est pas question ici de jouer aux rabat-joie et nous souhaiterions bien nous tromper et faire notre mea-culpa si ces clubs venaient à carburer à plein régime. Finalement, cette «transhumance» de joueurs n'est pas faite pour assurer la stabilité des clubs. On notera cependant que l'ASO, champion en titre, ne fait pas beaucoup de vagues cette intersaison. Et pourquoi en serait-il autrement puisque l'équipe de Chlef a largement dominé tous ses concurrents, terminant le parcours avec une très confortable avance.