Algérie

Football  La formation, seule alternative



L'échec essuyé par l'équipe nationale algérienne dans les qualificationsà la CAN a été durement ressenti par les sportifs algériens, très chatouilleuxdans ce domaine. Cet échec est d'autant plus cruel que c'est le secondconsécutif après celui de 2006. Et, bien évidemment, on a assisté au scénarioclassique avec le limogeage de l'entraîneur Cavalli, rendu responsable de ceratage, d'autant plus douloureux que la qualification en CAN-2008 auraitconstitué, finalement, une consolation du fait que le onze national a très viteéchoué dans sa tentative de figurer parmi les cinq pays africains qualifiéspour le Mondial. Cavalli a carrément opté pour la carte des professionnels,mais cela n'a pas suffi. Et pourtant, dans leur groupe, les Algériens avaientdes adversaires à leur portée. Plusieurs joueurs locaux ont élevé la voix,s'estimant lésés par le technicien français qui a déclaré, ces jours, «avoirfait avec ce que j'avais alors à ma disposition», se gardant de préciser qu'ilavait sillonné l'Europe et effectué ostensiblement et en toute liberté sonchoix. L'avenirA présent, il faut regarder résolument vers l'avenir, et Saâdane, enacceptant le poste, sait à quoi s'attendre, n'ignorant rien des difficultés dela tâche. Dès lors, des questions viennent à l'esprit : va-t-il jouer la cartedes pros ou fera-t-il appel à plus de joueurs locaux ? Quelle sera la tendancetactique de l'EN ? Les joueurs sous la coupe de Cavalli pourraient-ilss'adapter et faire table rase des anciens réflexes ? Quoi qu'il en soit, ce quiest certain et réconfortant, c'est que, tant au MJS qu'à la FAF, on estconscient du problème de fond de notre football, c'est-à-dire la formation.Nous avons applaudi à l'initiative du président du PAC, Zetchi, qui a décidé defonder une académie, confiée au fils du technicien Jean-Marc Guillou. Cette initiativeest séduisante, mais il faudra attendre quelque temps pour voir si elle estsusceptible d'être rentable. En effet, divers paramètres doivent être pris enconsidération pour réunir les meilleures chances de réussite. Le minime ou lecadet va-t-il supporter la séparation alors qu'il vivait dans son coconfamilial ? Dans l'affirmative, quelles sont les conditions de la prise encharge ? Quels sont les préparatifs concernant la diététique et le suivimédical ? L'encadrement technique sera-t-il à la hauteur des espérances ?A-t-on pensé à la psychologie de ces «ados» en pleine évolution physique ?C'est le même genre de questions qu'il faudra résoudre lorsque tous les centresde formation seront réellement fonctionnels. Il y a quatre décennies, les joueursse formaient sur les terrains vagues et au sein des écoles. Les aires de jeuont disparu sous le béton à cause d'une urbanisation galopante, tandis que lesétablissements ne peuvent plus - ou si peu - s'acquitter de cette délicatemission. Il reste les clubs où sont concentrés des milliers de jeunes, mais làencore, il existe des obstacles objectifs comme l'insuffisance del'infrastructure et la rareté de bons entraîneurs éducateurs. Il n'est pasquestion ici de «jouer à l'ancien combattant» sous prétexte que nous avonsconnu ce milieu de nombreuses années. Mais force est de s'interroger sur lemode de désignation des encadreurs des jeunes catégories dont certains n'ontpas le diplôme requis ou qui sont couverts par des «prête-noms». En outre, laplupart d'entre eux, séduits par un faux réalisme en matière tactique,n'hésitent pas à imposer leur diktat, ce qui va à l'encontre de l'instinct desjeunes, à la recherche de la joie de jouer, d'où la valeur pédagogique dufootball, sport d'équipe par excellence où se forgent la camaraderie et lasolidarité.  En Europe, il y a belle luretteque les autorités ont, avec raison, inscrit le football dans leurs projetsd'enseignement et reconnaissent que le football, à cet âge-là, demeure unefonction essentielle de l'éducation physique et psychique des élèves. On nesoulignera jamais assez, par ailleurs, le peu de protection assuré aux clubsformateurs qui, paradoxalement, avec des moyens dérisoires, parviennent àdénicher et à favoriser la progression de jeunes talents, alors que les clubs,nantis et couvés par les pouvoirs publics, et sous prétexte qu'ils évoluentparmi l'élite, se contentent de se servir sans vergogne dans ces viviers, dèslors menacés de mort. Une réglementation visant à prévoir une compensation pourles clubs formateurs a bien été prévue par les règlements, mais elle demeuredérisoire au regard des sacrifices consentis et des «dommages sportifs» causés.Et, en dépit de l'actuelle masse démographique qui veut que le réservoir desjeunes est intarissable, et par rapport aux décennies passées, où un jeunearrivait nanti de sa technique au club, il faudra s'atteler à une tâche immenseet ingrate, à savoir prospecter, initier, former et favoriser les jeunescandidats à la profession car c'en est devenu une ! C'est de cette base élargie- du principe de la pyramide - que pourrait surgir l'élite que tout un chacunde nous souhaite.


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