Algérie

«Foot pro» : une facture «douloureuse»



La Fédération algérienne de football a fait le point sur le professionnalisme, dix ans après son avènement, dans un rapport, établi sur demande du ministère de la Jeunesse et des Sports. Un rapport pour «avoir plus de visibilité».A noter que l'instance fédérale n'a pas manqué, tout particulièrement, avec l'actuel président, de présenter souvent des chiffres représentant les dettes cumulées par les clubs issus des Ligues 1 et 2 comme conséquence d'un professionnalisme, ce qui n'est pas totalement faux. Peut-être trop rapidement lancé.
Apurement des comptes ' Souci de transparence ' Volonté de nettoyer la scène ' Souci d'une meilleure gestion ' Désir de laisser une place nette avant le départ ' Un peu de tout, de tout un peu. Mais certainement un peu tard, tant les dégâts sont grands. Tout dernièrement encore, la FAF a annoncé qu'elle avait recensé 23 clubs professionnels (sur les 32) concernés par les dettes : 7 de Ligue 1 (soit 44%) et 16 de Ligue 2 (soit 100%). Quatorze clubs professionnels, dont trois issus de la Ligue 1, sont interdits de recrutement, en vue de la saison 2020-2021, souligne la FAF, dans un communiqué. Et, le président de la direction de Contrôle de gestion et des finances (DCGF) de la FAF, a avancé le chiffre faramineux (pour les salariés, petits ou moyens que nous sommes) de 1.000 milliards de centimes de déficit cumulés pour les clubs de la Ligue 1 professionnelle, dans le cadre des examens effectués par cette structure depuis son installation, en octobre 2019. La situation affecte jusqu'à la division amateurs- puisque pas moins de 10 ex-pensionnaires de L2 professionnelle se trouvent englués dans des dettes. Ceci sans parler des dettes des entraîneurs dont 87,5% concernent les techniciens affectés à la L2. Le constat est effarant ! Qui n'a pas livré tous ses secrets. Il faut espérer que cela le «soit» un jour. Car, ce qui est certain, c'est que bien des fortunes ont été amassées de manière inexplicable, le plus souvent indirectement, grâce (sic !) à la gestion ô combien incontrôlée ou mal entreprise du foot national. Tout particulièrement dans certains clubs qui ont profité de leurs larges et remuantes bases de supporteurs pour «imposer» ou «marchander» leur soutien politique cela s'entend. Le clan Bouteflika, en a largement profité, tout particulièrement en périodes électorales. Bien-sûr, cette façon de gérer ne date pas d'aujourd'hui (du temps du foot 100% amateur, l'«exploitation» du gisement - surtout celui des joueurs récompensés seulement de «primes», de moutons de l'Aid, de «Omra», de logements et de locaux commerciaux - était tout autre, moins rapace mais toute aussi dommageable) et ne concerne pas tous les clubs. La grosse manipulation a commencé avec l'introduction du professionnalisme, sorte de fils prodigue du néo-libéralisme. Aux joueurs et entraîneurs (pas tous !) les gros salaires et aux «dirigeants», les belles affaires ! Hélas, comme dans presque tous les secteurs ayant été «ouverts à tous vents», sans aucun contrôle des recettes et des dépenses, bref sans contrôle strict de la gestion des clubs, devenus des entreprises économiques ne disant pas leur nom, le sport-roi s'est transformé en serviteur des maîtres du moment et esclave des «foules» joyeuses, lors des victoires, en furie lors des défaites, mais toujours malléables.
La pandémie de la Covid 19 est heureusement (re-sic !), venue non pour mettre un terme à la «cata» mais plutôt, en raison de l'arrêt des compétitions et surtout des effets financiers et économiques désastreux, dévoiler plus tôt que prévu les dérives gestionnaires. Chacun public ou privé - se trouvant obligé de «rendre des comptes» et surtout de remettre les pendules à l'heure en revisitant les manières de gérer l'«entreprise» sportive, c'est-à-dire avec compétence, avec rigueur et avec transparence et, surtout ne plus trop compter sur les entreprises étatiques - elles mêmes en difficulté- pour renflouer des caisses en permanence «trouées».
Même la guerre de Libération nationale et ses chouhada ne sont plus à convoquer, à tort et à travers, pour réclamer on ne sait quel droit historique. Mais, pour cela, il y a, à mon sens, une condition sine qua non: le désengagement politique des affaires internes des clubs dits et/ou se voulant professionnels : laisser les marchés (des joueurs, des entraîneurs, des spectateurs, du sponsoring, du mécénat....) faire leur ?uvre quoiqu'il en coûte, dans le cadre strict de la loi, cela s'entend.
Plus d'intervention politicienne ' Difficile car, souvent, chez nous, c'est moins la politique ( comme au «bon vieux temps» lorsqu'un ministre pouvait, par téléphone et de son bureau , sélectionner un joueur de l'équipe nationale de foot ou, durant les années 90 et 2000, un super-ministre ou un chef de protocole présidentiel ou un wali pouvait faire et défaire des présidents de clubs) qui va aux «affaires» et au sport-roi , ce sont les «affaires» qui vont à la politique et au sport (et à leurs représentants) pour s'y intégrer, influencer et «prospérer». Cela va-t-il perdurer ' Cela va-t-il renaître ' Tout est possible, en ces temps de confinement sanitaire, entraînant l'inquiétude, l'incertitude, la tergiversation et la désinformation. D'autant que le culot n'est pas mort ! Tout dernièrement, le président (') d'un club en pente raide (ou en chute libre, c'est selon !) déclarait que, très bientôt, l'entreprise allait être «rachetée» (la majorité des actions) par une grosse firme pétrolière nationale. Et, «pour l'instant rien n'est encore décidé». Mais, a-t-il ajouté, «la seule chose d'officiel que nous avons, c'est qu'on a une réunion à la présidence de la République, avec le chef de cabinet de la Présidence, le ministre de ...... et le P-dg de........
Le mot magique : la Présidence ' La belle «couverture». Encore ! On ne s'en sortira donc jamais !


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