Le Beylick de l’époque semblait être plus écolo ; il y avait même le « amin El ma »qui contrôlait jalousement les usagers pour s’assurer que l’eau est utilisée à bon escient. Il y avait cette culture du rationnement. Même les animaux de campagne et les bêtes de somme avaient leur tour dans cette noria aquatique. Dans les cours des maisons, on s’assurait que le système de la « Dala » soit respecté. Les voisins se relayaient tour à tour pour le grand nettoyage dans le strict respect des quotas d’eau. C’est par jarre d’eau qu’on payait le porteur. A chaque navette, il encaissait son « dourou ». Cette rigoureuse discipline dans l’usage de l’eau nous venait d’habitudes ancestrales et des saints versets du Coran où les gaspilleurs sont décrits comme les frères du diable. Au niveau de chaque fronton gravé sur les niches de la fontaine on pouvait lire « et de l’eau jaillit la vie ». On ne risquait pas de se tromper, il y avait même une tasse en cuivre accrochée au mur de la niche pour étancher la soif. Aujourd’hui, en plein mois de ramadhan, nous voilà face à l’épreuve de l’eau. L’eau, cette force tranquille qui coule dans nos veines vient à manquer à la consommation. Les robinets ne coulent plus à profusion, la sécheresse nous guette encore une fois pour prendre sa revanche sur le gaspillage et les belles années de clémence céleste. On aura ainsi fait le deuil d’une généreuse planète bleue où il faisait bon vivre. Aujourd’hui, on l’appelle le pétrole bleue, exportable comme tout produit de consommation. Elle est même cotée en bourse. Et dans tous les conflits qui secouent le monde, l’eau est devenue un argument stratégique de taille pour faire valoir ses intérêts. Du beau Danube ou du Nil bleu subsiste une nostalgique fresque de flots tranquilles, racontant dans leur remous des siècles d’histoire gâchée aujourd’hui par la stupide histoire de géostratégie des nouveaux marchands d’eau.
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Posté Le : 29/08/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohamed Bentaleb.
Source : www.horizons.com