Algérie

Fonds de soutien à l’agriculture à Tissemsilt



1.300 milliards détournés et 180 fellahs au banc des accusés Les investigations menées par la gendarmerie nationale de Tissemsilt pour s’assurer de l’utilisation des 1.300 milliards de centimes injectés par l’Etat au titre de soutien à l’agriculture ont été ficelées. Ces sommes colossales n’ayant pas produit l’effet escompté sur le quotidien du citoyen, du fait de la gabegie, de détournements de deniers publics et de leur dilapidation au lieu d’être dépensées dans la réalisation des projets, sont allées dans les poches de gens indélicats, de leurs complices et d’individus aux épaules larges qui dictent leurs volontés. Selon les statistiques disponibles, l’enquête a touché plus de 180 fellahs, 100 entrepreneurs, plusieurs responsables ainsi que d’innombrables employés de la direction de l’agriculture et du Fonds national de soutien à l’agriculture. Dans le cadre de cette enquête, l’ancien directeur de l’agriculture ainsi que le directeur régional de la CRMA ont été auditionnés. Concernant la CRMA, on assure qu’elle a constitué le principal canal par où passaient les fonds de soutien. Grâce à ces investigations, il a été découvert que de nombreux détournements et déviations ayant marqué près de 600 dossiers où les pires techniques du faux et escroquerie ont été mis à jour. En tête de liste de ces actes répréhensibles, on trouve la duplication de cahiers d’honoraires et factures. A cette fin, un scanner était mis à contribution, des signatures imitées et des sceaux privés ou publics utilisés. C’est, en effet, l’utilisation de ces cachets contrefaits qui a fini par faire découvrir le pot aux roses. En effet, pour obtenir légalement un sceau, il faut absolument une demande écrite ainsi que l’accord du responsable direct de l’institution concernée. Il faut aussi que la confection du sceau fasse l’objet d’une facture visée par le vendeur et que le sceau soit inscrit sur le registre spécialement tenu à cette fin. Présentement, l’on s’attend à l’exécution des dispositions judiciaires usuelles, c’est-à-dire la convocation des parties concernées devant le tribunal de Tissemsilt qui devra étudier cette affaire sous tous ses angles. Pour l’instant, c’est l’expectative et le suspens dans les milieux ayant une relation directe avec ce scandale, notamment des entrepreneurs, fellahs, bureaux d’études, délégués et techniciens. Ceci étant, la plupart des observateurs estiment que derrière l’échec du soutien à l’agriculture, il y a tous les intervenants ayant un lien avec le milieu agricole et qui ont profité des fonds destinés aux projets, à l’abri des regards indiscrets et de tout contrôle. Selon des sources fiables, des cadres se sont mis de toutes leurs forces en mouvement pour dénoncer les dépassements ayant touché de nombreux programmes. Parmi ces derniers, il y a des responsables qui, une fois le pot aux roses mis à nu, ont décidé d’informer le directeur de l’agriculture ainsi que les responsables directs de la CRMA pour les alerter de ce qu’ils ont qualifié d’empiètement des lois. Pour y parvenir, l’un d’eux a même avancé des chiffres et cité des noms de personnes impliquées dans ces affaires avant de clamer son innocence et prétendre être blanc comme neige comme en fait foi un courrier daté de 2005 dont nous détenons copie. Lors de l’enquête, ce responsable a exhibé ce document qu’il a soumis aux enquêteurs qui l’auditionnaient. Cette sortie n’a pas manqué, dit-on, de soulever un tas de questions et de points d’interrogations sur le black-out observé par les destinataires de ce courrier et qui n’ont pas bougé pour voir de plus près ce qui se passait. On dit même que, lors de réunions périodiques, le rédacteur de ce «rapport» n’avait pas hésité à laver le linge sale au sein même de la direction de l’agriculture, mais que ses cris et dénonciations ressemblaient plus à des labours en pleine mer puisque les dépassements et infractions aux lois continuaient de plus belle grâce à la perspicacité des spéculateurs et barons du soutien à l’agriculture. Tout le monde s’attend donc que l’enquête judiciaire entraîne des faits graves qui toucheront des figures connues en raison des postes qu’elles occupent. R. Djilali


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