Algérie

Fondement du développement de l'Algérie



Fondement du développement de l'Algérie
Avec mes étudiants en doctorat et amis professeurs d'université, nous avons, dans un large débat productif, analysé deux déclarations de hauts responsables de l'Etat qui méritent une attention particulière car engageant l'avenir du pays. La première, en date du 30 mai 2011, est celle du Premier ministreet la seconde, en date du 14 juin 2011, est celle du directeur général des Douanes algériennes.
Si nous prenons l'hypothèse uniquement pour ces quatre dernières années de 30 % des produits contrefaits au sein du total de la valeur des importations qui ont été en moyenne de 40 milliards de dollars par an, nous aurons 13 milliards de dollars. Il s'ensuit qu'avec une moyenne sur la même période d'un écart entre la valeur du dinar sur le marché parallèle et le marché officiel de 25%, nous pouvons estimer la perte pour le Trésor algérien uniquement pour la contrefaçon, pouvant s'assimiler à des transferts illégaux, voire à de la corruption, à 3,5 milliards de dollars par an, soit pour les quatre années 14 milliards de dollars, montant reconverti en dinars donnant la somme faramineuse de 1 050 milliards de dinars au cours officiel. Ces pratiques informelles sont favorisées par l'instabilité juridique, le manque de visibilité de la politique socio-économique et des relations dialectiques d'intérêts communs entre la logique rentière et la logique de la sphère informelle expliquant la faiblesse pour ne pas dire la nullité des exportations hors hydrocarbures contrairement aux discours démagogiques. Les entrepreneurs, qu'ils soient nationaux ou étrangers, demandent seulement à voir clair, du moins ceux qui misent sur les moyen et long terme (investissements inducteurs de valeur ajoutée contrairement à l'importation solution de facilité). Cela n'explique-t-il pas que, selon les rapports internationaux 2008- 2010 au niveau de la région MENA, l'Algérie via la dépense publique/rente des hydrocarbures dépense deux fois plus pour deux fois de résultats moindres par rapport à des pays similaires et donc que la majorité des instituions internationales même celles qui par le passé classaient l'Algérie favorablement émettent depuis 2009 des signaux négatifs ' 3) Quelles perspectives pour l'Algérie après 49 ans d'indépendance politique ' L'Algérie, en ce mois de juin 2011, est caractérisée premièrement par une aisance financière grâce aux hydrocarbures, mais des incertitudes vis-à-vis de l'avenir avec une population qui dans 30 ans sans hydrocarbures atteindra 50 millions. Deuxième caractéristique, un Etat riche mais une population de plus en plus pauvre avec une concentration excessive du revenu national au profit d'une minorité rentière. Troisièmement, devant cette prise de conscience d'inégalités favorisées par le nouveau système de communication et le printemps démocratique arabe, qui a montré l'importance de la corruption des dirigeants et leurs proches avec des fortunes colossales à l'étranger, une tendance à un suicide collectif, tout le monde voulant immédiatement sa part de la rente des hydrocarbures traduisant le divorce Etat-citoyens. Face à l'ébullition sociale qui touche tous les secteurs et toutes les régions du pays, nous assistons à des augmentations de salaires sans contreparties productives et, face à 1'absence de morale et d'éthique, gouvernants et gouvernés vivent à crédit, 98 % d'exportations d'hydrocarbures et 75 % d'importations des besoins des ménages et des entreprises. L'Algérie serait-elle à l'image du Titanic où tout le monde dansait alors que le bateau coulait ' Quelles sont donc les perspectives de l'Algérie ' Nous aurons trois hypothèses qui font jouer tant les acteurs internes qu'externes favorables ou défavorables aux réformes. La première hypothèse est l'échec du processus des réformes. Les conditions de l'échec sont réelles et réunies dans l'environnement juridique et économique en cas de manque de visibilité et de cohérence dans la démarche économique et sociale, accentué par les rentiers au niveau interne et certains segments d'acteurs externes entretenant des relations informelles et qui ne sont pas intéressés par l'approfondissement des réformes (perte des marchés en cas d'avis d'appel d'offres transparents) ; l'ambiguïté des textes juridiques permettant le blocage légal des réformes ; la multiplicité des intervenants autorisant une confusion des prérogatives ; la méfiance entretenue par des investisseurs internes et externes, par des modifications continuelles de textes de lois alors que la stabilité doit être de rigueur et enfin la forte pression pour revenir aux pressions protectionnistes dans la mesure où la libéralisation détruit une fraction de la rente. La deuxième hypothèse est le statu quo. Ce statut quo participera à un échec programmé et serait suicidaire pour le devenir de l'économie et de la société algériennes. Cela est entretenu par la confusion de certains concepts assimilant faussement réformes à bradage du patrimoine national. La troisième hypothèse est la réussite de la réforme, contenue également dans l'environnement local et international de l'Algérie. Cela passe par une démystification culturelle, une étroite collaboration des partis politiques, des associations, des chambres de commerce, des universités et centres de recherche, de la société civile, de l'administration, dont les walis, des entreprises publiques et privées, les collectifs des travailleurs, des syndicats, en aplanissant par le dialogue et la concertation les divergences Les réformes déplaçant les segments de pouvoir, notamment des tenants de la rente, doivent être assimilées par l'immense majorité de la population, d'où l'importance des médias, pour pouvoir être concrétisées, montrant que les gagnants de demain seront plus importants que les perdants d'aujourd'hui. Forte de l'appui des acteurs externes et la mobilisation des acteurs internes favorables et par une solidarité gouvernementale sans faille, animé par de véritables réformateurs, l'Algérie, qui, en termes géostratégiques, est un élément indispensable à la stabilité euro-méditerranéenne et arabo-africaine, peut faire aboutir le processus des réformes inséparables d'une profonde démocratisation de la société et s'inscrire dans la modernité tout en préservant son authenticité. En résumé, à l'occasion de la fête de l'indépendance de notre beau et cher pays, tout en n'oubliant jamais de rendre hommage et de s'incliner à la mémoire à nos valeureux martyrs qui ont permis à l'Algérie de recouvrer son indépendance, permettez-moi d'adresser à vos lecteurs mes meilleurs v'ux avec une grande espérance pour l'avenir de l'Algérie. Oui, en ce jour du 05 juillet 2011, l'Algérie est indépendante depuis 49 ans. Le défi majeur entre 2011, 2020 et 2025, c'est-à-dire 10 et 15 ans, est de préparer l'après-hydrocarbures pour les générations futures. En cette ère de la mondialisation impitoyable, impliquant de s'inscrire dans un grand espace économique qu'est le Maghreb, où toute nation qui n'avance pas recule, l'Algérie, recelant d'importantes potentialités, peut relever ces défis sous réserve d'une gouvernance renouvelée et d'une valorisation du savoir, fondement du développement du XXIe siècle. (Suite et fin)


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