Algérie

Fondé en 1885 à Blida: Le club hippique menacé par le béton



Fondé en 1885 à Blida:   Le club hippique menacé par le béton




Des associations, des industriels, des élus ont manifesté leur opposition à la réalisation d’un projet d’école d’équitation et un centre d’hébergement à l’intérieur de ce centre hippique.

"Arrêtons le massacre du dernier espace vert à Blida. Sauvons le seul endroit où êtres humains et animaux coexistent encore", tel est un exemple de slogan, parmi tant d’autres, scandés, samedi dernier, par plus d’un millier de défenseurs de la nature et des espaces verts venus d’Alger, Tipasa et Boumerdès, pour dénoncer la «bétonisation» du Club hippique de Blida (CHMB).

Une dizaine d’associations représentant la société civile, des industriels, des élus, ainsi que les médias étaient également présents au niveau du CHMB de Blida, ou de simples citoyens qui sont venus pour manifester leur ferme opposition au projet de réalisation (première phase) d’une école nationale d’équitation algérienne, d’un centre d’hébergement et des logements de fonction au sein même du Club hippique.

Ce dernier a été fondé en 1885 par un colon anglais et, depuis, ce poumon palpitant de la ville des Roses n’a cessé d’accueillir tous les amoureux de la nature, les sportifs, les universitaires et les gens paisibles qui aiment venir savourer la sérénité des espaces verdoyants.

«Si le projet venait à être réalisé, je vous assure que la totalité de cet espace vert ne sera que du béton et du coup ce lieu multidisciplinaire ne sera plus accessible aux simples citoyens qui viennent ici régulièrement pour s’oxygéner», fera remarquer M. Sidi Moussa, coordinateur de la journée de protestation.

Un autre, toujours dans le même sens, dira: «On ramène chaque semaine parfois plus d’une centaine de handicapés moteurs, trisomiques… pour les mettre en contact avec Dame nature. Ils en ont besoin dans le processus de leur traitement. Où iront-ils si cet espace était envahi par le béton armé?», tempête un représentant d’une association qui prend en charge des handicapés.

Sur les lieux, le coordinateur du mouvement de protestation nous fait savoir que, mardi dernier, 13 députés représentant la région de Blida s’étaient entretenus avec le ministre de la Jeunesse et des Sports pour demander la délocalisation de ce projet vers un autre endroit.

Il affirme aussi qu’il «s’étonne que le projet, qui devrait être réalisé au niveau de la nouvelle ville très aérée de Bouinan, dont une assiette foncière de 40 hectares était destinée à un complexe multisports, soit, sur une absurde proposition de quelques responsables locaux, délocalisé vers ce lieu déjà très exigu et à forte densité humaine. Si l’on se vante dans les hautes sphères de la plantation d’un million d’arbres pour soi-disant rendre notre cadre de vie plus agréable et protéger l’environnement, la réalité ne reflète pas tous ces discours creux de nos responsables.»

L’un des doyens fondateurs du Club hippique de Blida (après l’indépendance) a insisté sur le fait que cet endroit est ouvert à tout le monde sans exception et cela dans le respect total de la vocation du site et des convenances de cet espace familial. Pour les défenseurs de ce projet, il s’agit de faire de la ville de Blida un pôle d’excellence de sport équestre en ressuscitant tous les métiers annexes.

Un projet infructueux et impossible

Les conclusions d’une équipe d’experts français qui a séjourné une semaine sur le site, ont été sans aucune équivoque. Le site est très mal approprié pour servir d’assiette foncière à la réalisation d’un établissement national de formation équestre.

«La contrainte principale du site est son assise intramuros qui empêche tout développement extérieur. L’actuel club hippique […] offre de nombreuses facilités sportives extrinsèques à l’équitation, voire en opposition totale avec les objectifs et missions assignés à l’école. Il en va ainsi du parc d’animation pour les enfants, des terrains de sport (basket, tennis), des pistes sur lesquelles des sportifs viennent pratiquer du footing», rendra compte un rapport remis à qui de droit.

D’autres n’ont pas manqué de crier au bâclage, mais à partir du moment où une école nationale est construite sans respecter les standards internationaux, cela ne lui ouvrira pas droit à une éventuelle certification ISO ; donc, qu’en sera-t-il des diplômes qui seront délivrés par une école qui ne sera pas reconnue par la communauté internationale, alors que sa vocation première est la formation des instructeurs?

Pour Chafia Mentalecheta, une Blidéenne amoureuse de sa ville natale, venue spécialement de Paris pour défendre une cause noble, (actuellement représentante de la communauté algérienne établie à Paris), il est inadmissible de réfléchir d’une manière verticale.

«Il faut associer la communauté à des projets qui ont un impact direct sur leur quotidien. On doit rompre définitivement avec le travail bâclé», conclut-elle.


Mohamed Abdelli



Blida - Le projet de l’école hippique. Les arguments des officiels: Commençons par le principe que le club hippique n’a pas la vocation d’espace vert, encore moins d’un parc de loisirs», déclare le directeur de la jeunesse et des sports de la wilaya de Blida. «La vraie vocation d’un centre équestre est celle d’entretenir les chevaux et d’y pratiquer toutes les disciplines d’équitation, y compris le dressage. Sa mission est de rendre ce sport noble accessible à toutes les catégories de la société.» Selon notre interlocuteur, à l’état actuel, le club hippique est loin de jouer ce rôle. C’est à partir de ce principe que la création d’une école nationale des sports équestres s’est, d’après lui, imposée. «Au début, le projet consistait en une école de jeunes talents, explique Mme Boudjadja Meriem, directrice du projet. Avec l’absence de formateurs, il a été décidé de faire de Blida un pôle équestre qui prendra en charge la formation des formateurs de demain. Cet établissement devra aussi ressusciter les métiers annexes à cette discipline, à savoir ceux de sellier-bourrelier, maréchal-ferrant, groom, moniteur et bien sûr le dresseur de chevaux.» Elle nie catégoriquement la rumeur de bétonnage du site. Sur les sept hectares du site, seulement 600 m2 abriteront un internat pour les cavaliers reçus des quatre coins du pays. Pour l’administration, les bureaux fermés existants déjà seront ré-exploités. Tout en respectant le même style architectural, un manège pour les chevaux y sera réalisé. Une réhabilitation des écuries et des pistes pour le galop est aussi prévue. «Le club et l’école sont les deux faces d’une même pièce. Il n’y a aucune raison valable de s’inquiéter. Un country-club entre bourgeois ne figure pas dans nos objectifs, nous comptons dans le cadre de ce projet pour développer l’équithérapie. Dans les pays développés, le cheval est un allié précieux pour soigner certaines maladies, tel que l’autisme. Pour ce faire, on devra importer des poneys dressés. Nous voulons aussi rapprocher cet animal des enfants et promouvoir l’équitation scolaire. Une coopération avec le ministère de l’Education est sur notre feuille de route», indique-t-elle. Par Asma Bersali (El Watan.com du mercredi 16 janvier 2013).
Akar Qacentina - Constantine, Algérie

17/01/2013 - 63343

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