Algérie

Fondation du 8 Mai 45: La dissolution de l'APN réclamée



Les réactions à l'annonce par le président de l'Assemblée populaire nationale, Abdelaziz Ziari, de mettre de côté le projet de loi de criminalisation du colonialisme pour des «considérations d'ordre diplomatiques et juridiques» ne se sont pas fait attendre. La Fondation du 8 Mai 1945 a ouvert le bal des communiqués de dénonciation.

 Dans un communiqué de presse, d'une rare virulence, paraphé par son président, Boukherissa Kheiredine, la Fondation qualifie de «scandaleux et honteux» l'incapacité de la chambre basse du parlement algérien de répondre aux aspirations de son peuple. Les rédacteurs de ce communiqué considèrent comme «scandaleux les propos avancés par le président de l'APN exprimant clairement une tentative avérée d'enterrer une revendication légitime soutenue par tout un peuple et exprimée dans un projet de loi incriminant le colonialisme déposé par plus d'une centaine de députés». «La tentative de mettre sous scellés un projet de loi incriminant le colonialisme est l'expression ultime, signe avant-coureur, d'une décadence des institutions de l'Etat. C'est le fléchissement d'un pouvoir qui se veut réconciliateur, alors qu'il plie l'échine devant l'ex-empire colonial. La peur peut-être de le contrarier, de perdre son amitié… Ce geste irresponsable est le pire cadeau de l'Aïd que l'Assemblée puisse offrir à un peuple avide de vérité et en permanence dans l'expectative d'un signe probant d'une réelle indépendance. Le signe honorifique, glorifiant son histoire et le martyre de son peuple. Quelle est la raison d'Etat qui met le pouvoir législatif actuel dans cette position de repli face aux agressions constantes de l'ex-colonisateur ? Quel deal a été établi entre les deux pouvoirs pour pousser le nôtre à tourner le dos à son peuple ? C'est la mémoire de ceux tombés au champ d'honneur que nous revendiquons haut et fort notre droit à la vérité. C'est par devoir de mémoire en tant que citoyens à part entière que nous exigeons toute la vérité sur ce revirement indigne et spectaculaire», lit-on dans ce communiqué de presse.

 Et d'enchaîner: «Le collectif des associations soutenant le projet de loi, la famille révolutionnaire, les partis politiques (…) s'indigent devant les propos du président de l'APN sur le report à des calendes grecques de la loi incriminant le colonialisme. Une décision qui n'a pas seulement stupéfait l'opinion publique, mais par sa platitude et son indigence, à chercher de faux arguments pour justifier l'injustifiable, a poussé la presse étrangère à poser les mêmes interrogations. A un moment crucial de notre histoire immédiate et à quelques jours seulement de la célébration du 5e anniversaire de la réconciliation nationale, les propos du président de l'APN sont un souffle dans le brasier non encore éteint de la décennie noire.

 Ils ouvrent imprudemment aujourd'hui un front populaire de résistance sur les 85% de ceux qui ont soutenu, il y a cinq ans, l'initiative du président de la République à se réconcilier avec soi, ses amis, ses frères, son Etat et son histoire». La Fondation considère que ces «propos irresponsables» fragilisent les institutions et l'Etat en général. «Cette Assemblée mérite d'être dissoute. Elle n'honore en aucune manière la mémoire de ceux qui l'ont déjà présidée, Ferhat Abbas et Rabah Bitat, et encore moins ceux qui ont eu le privilège de siéger depuis l'indépendance. Décider seul le report injustifié d'un projet de loi inscrit et qui a reçu l'examen du gouvernement, quel que soit l'avis, est une atteinte aux règles constitutionnelles qui régissent le fonctionnement du Parlement. Le président de cette Assemblée n'a pas l'autorité ni le pouvoir de prendre à sa guise des décisions de cette envergure. Il se doit de se soumettre au bureau de l'Assemblée, lequel informe la population sur les tenants et aboutissants d'une telle décision», déclarent les rédacteurs de ce communiqué. Ces derniers ajoutent que «la France officielle envoie constamment des signes réprobateurs pleins de haine et de rejet de l'Arabe à l'heure où on lui colle à la peau par notre bassesse, quémandant ses visas et ses bienfaits (...) Cette France officielle maltraite nos diplomates. Elle accuse notre armée populaire de crimes contre ses évangélistes de Tibhirine. Elle honore les harkis en réprimandant ceux qui les insultent (…) Elle réhabilite l'OAS. Réveille la France-Afrique pour mieux nous circonscrire. Elle menace nos ressortissants de les déchoir de la nationalité sans se soucier des relations diplomatiques, ni des bilatéralités. Elle s'acharne contre Bouchareb pour avoir osé dire une vérité (…) tout ce que veut cette France officielle c'est notre argent.

 Animé de mercantilisme, elle ne change pas de nature depuis la nuit coloniale. A l'heure où ses politiques pataugent dans des scandales interminables, elle diligente des émissaires pour nous convaincre de la probité de ses intentions à renouer des relations saines et porteuses, sans jamais oser reconnaître au moins un de ses crimes».

 Les rédacteurs de ce communiqué de presse appellent ainsi à une mobilisation générale de la famille révolutionnaire contre cette mise à l'écart de cette revendication légitime de tout un peuple.




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