Algérie

Fonction publique



Les syndicats jouent à quitte ou double La grève de deux jours décidée par les 12 syndicats autonomes représente un tournant majeur dans le bras de fer entre eux et le gouvernement. Son dénouement porte déjà en lui l’avenir du champ syndical algérien... Malgré les annon-ces multipliées, chiffres à l’appui, du caractère effectif de la hausse des salaires, les syndicats de la Fonction publique ne reviennent pas sur leur plate-forme de revendications. Celle-ci porte toujours sur le relèvement du point indiciaire de 45 à 70 dinars dans l’établissement de la grille des salaires. La nouvelle fiche de paie, montant jusqu’à 25.000 dinars pour certaines catégories, beaucoup moins pour d’autres, ne serait pas du goût des syndicats autonomes qui lui reprochent d’avoir été convenue sans leur participation. Car, bien plus que les salaires, c’est sur l’ouverture du dialogue immédiat avec le gouvernement que la revendication se porte. Le coordinateur, Meziane Meriane, n’a eu de cesse d’ailleurs de revenir sur cette exigence, renforcé qu’il est depuis l’accord auquel sont parvenues l’intersyndicale et la coordination des syndicats de la Fonction publique. Devant l’inflexibilité du gouvernement, et surtout le recours des ministères concernés (Education, Santé, Collectivités locales, Agriculture...), de manière systématique, à la justice, les syndicats de l’Education menacent de «saborder» les examens de fin d’année, tandis que les vétérinaires, par exemple, en sont à la grève de l’estampillage. C’est tout bonnement à une promesse de reconduction du statu quo que l’on assiste ainsi. Impasse d’autant plus confirmée que rien ne semble infléchir la position des uns et des autres. Comme de constat, le gouvernement, lui, ne change rien à sa préférence à avoir l’UGTA comme unique interlocuteur, position clairement exprimée lors du congrès de l’Union de Sidi Saïd à côté de qui était assis le chef du gouvernement, ce qui vaut une caution et non des moindres. Il ne saurait être autrement que de voir l’Exécutif et la Centrale syndicale se serrer les coudes, du moment que le dossier de la hausse des salaires est le fruit du pacte économique et social signé entre les deux parties. Un engagement mutuel qui, sous la pression des syndicats «multigrévistes», a jugé bon de se passer de la finalisation des statuts particulier par la direction générale de la Fonction publique. Cette tentative de calmer le front social, marqué par une baisse irrépréhensible du pouvoir d’achat, n’a pas été totalement réussie. Et c’est donc demain encore que le nouveau cycle de grève est appelé à reprendre avec la perspective, selon Meziane Meriane, que cela débouche sur la «grève ouverte». Pour l’instant, et au vu de l’impossibilité pour le gouvernement de lâcher une UGTA «championne du blanc-seing», le tout est de savoir quelle est la véritable capacité de mobilisation et donc de «nuisance» des syndicats autonomes. Si les véritables chiffres (ceux dont tout le monde disposera avant d’en faire l’usage qui l’arrange) établissent la force des syndicats autonomes, alors sans doute faudra-t-il espérer que le gouvernement, ou du moins certains ministères, soit amené à modifier son discours. Mais, si en revanche les trois jours de grève sont sanctionnés par l’échec de la tentative, l’Exécutif saura encore une fois qu’il a raison de poursuivre sa guerre d’usure et que la hausse des salaires ainsi accélérée aura permis de couper l’herbe sous les pieds des syndicalistes et de les isoler de leur prétendue base sociale. Dans ce cas de figure, la porte sera large ouverte à une contre-offensive de la Centrale syndicale, fraîchement requinquée par un congrès autant unificateur que légitimant. A elle alors de lancer ses projets en instance, de recouvrer le terrain perdu et de cerner les «autonomes» par des structures plus agressives et des fédérations dans les secteurs sur lesquels elle n’avait que très peu d’emprise. A contrario, si Meriane et ses compagnons réussissent leur tour de force, ce sera une nouvelle donnée pour le champ syndical qui risque de connaître une étape nouvelle qui fera date après son ouverture en 1989 et la présente alliance des syndicats pourrait constituer un exemple d’émulation pour des collectifs de salariés aux revendications latentes. Amine B.


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