Depuis des
millénaires, en Algérie comme pour les autres pays arabes, les invasions
externes, conjuguées aux compromissions internes, n'ont jamais cessé de se
succéder dans le tempsEt elles ont toutes pour objectif principal la
déstructuration des bases existentielles du monde rural dans son ensemble, afin
d'occuper les ressources minières ainsi que les terres fertiles et, à
l'occasion, mettre en valeur d'autres par le truchement de nouvelles modalités
foncières. Le tout, imposé par des modes de production exploiteurs.
A l'évidence, il serait vraiment futile de
limiter les accaparements effectués sur le foncier agricole et les espaces
champêtres d'une manière générale, qu'à une seule période de notre Histoire,
colonialiste fût-elle, puisqu'ils continuent de s'opérer sous d'autres formes jusqu'à
l'heure actuelle. Et peut-être pour encore longtemps. En effet, aux temps
présents, les terres agricoles, notamment domaniales, constituent des enjeux
politico-économiques et socioculturels foncièrement importants et, donc, à la
merci des convoitises effrénées et en tous genres. Ainsi, des échanges
d'allusions virulentes entre les différentes obédiences partisanes, pivotant
toutes autour de l'axe central du pouvoir actuel, cultivant, pour sa part, le
suspense, voire la suspicion sur le récent projet, entre autres, de proposition
d'amendements de la loi foncière en vigueur, concernant des articles formulés
par le département de l'Agriculture et du Développement rural, foncièrement
soucieux, quand à lui, d'améliorer la production agricole alors que d'autres
sont plutôt affairés sur la pérennité de leurs privilèges, y compris au dépens
de l'intérêt général.
Sur un autre
chapitre, il existe d'autres controverses non moins enragées concernant
d'autres projets de loi, en couvaison incertaine, à l'image de celle
incriminant le passé colonial de la France, instaurant en Algérie un système
inique tant au niveau des paysages que des populations autochtones, rurales
dans leur majorité, dépossédées, paupérisées… Pourtant, le parti du FLN se
prétend être héritier de l'original, cultive la suspicion sur l'aboutissement
dudit projet de loi. Qu'importe, puisque le passé colonial de la France ne
relève pas d'une loi, encore moins d'un parti politique. Il appartient à la
mémoire de l'Histoire. Et c'est justement ça qui dérange, voire inquiète, à
plus d'un titre, les gens qui ont quelques choses à se reprocher, toujours
scellées, en terme de compromissions déshonorantes, de part et d'autre des deux
rives de la Méditerranée. En fait, une arme à double tranchant pour les obscurs
« secrets d'Etat ». Peut-être plus tranchante pour nous autres !
A ce propos, nous venons de remémorer, cette
semaine, l'une des pages sanglantes parmi tant d'autres : le soulèvement du 8
Mai 1945. Ainsi, la paysannerie algérienne, constituant 75% de la population
nationale de l'époque, avait payé un lourd tribut avant et après le 8 Mai 1945,
aux multiples conséquences psychologiques perverses, notamment de comportement
léthargique, visibles jusqu'à ce jour.
Actuellement, l'important secteur stratégique
qu'est l'agriculture, formant la colonne vertébrale de tout pays soucieux de
son avenir dans un Monde de toutes les incertitudes et incohérences, est censé
être à l'écart des vicissitudes de gouvernance et des agissements politiciens,
du fait de son passé et, surtout, de par ses activités liées intimement aux
aléas de la nature, laquelle, de son côté, ne s'aligne que sur ses propres
lois.
Il serait utile de noter et de reconnaître
que le monde rural, avec toutes ses composantes, bénéficie depuis cette
dernière décennie d'éléphantesques moyens humains et financiers. Cependant, ils
sont insuffisamment ciblés et planifiés et, notamment, maladroitement appliqués
sur le terrain du fait d'une myriade d'intervenants piètrement coordonnés à
cause de la divergence des intérêts et des modes fluctuant d'une année à
l'autre, de la distribution de la rente, variant du simple au double voire au
triple, selon les régions, et le tout au gré des humeurs changeantes au plus
haut niveau de l'Etat.
En plus, ces ressources financières investies
proviennent exclusivement de la rente pétrolière et non d'une politique de
l'épargne interne générée par le travail et le surplus des productions en
découlant, notamment agricoles. A ce propos, l'autosuffisance alimentaire est
définie également dans ce cadre comme suit : « C'est la capacité de subvenir à
ses besoins essentiels, sans échanges commerciaux avec l'extérieur ». En
conséquence, la situation du secteur agricole dans son ensemble interpelle des
analystes animés par de la bonne volonté et, notamment, les professionnels
actifs et observateurs pénétrants, afin que les différents responsables
puissent s'engager réellement et pertinemment dans la voie nous permettant
d'assurer notre indépendance alimentaire liée à des revenus conséquents au
profit du monde paysan dans son ensemble.
Ce qui semble
être, en principe, dans les cordes dudit département ministériel au vu de ses
intentions médiatisées et possibilités de maîtrises affichées ostensiblement.
En principe seulement, car la réalité des contradictions agricoles sur le
terrain est tout autre de ce que nous percevons de temps à autre, telles que
les décisions d'importer des aliments de base pendant les occasions de
bouffetance ramadnanesque, que nous croyons avoir à notre portée en terme de
possibilités culturales.
Donc, l'essentiel est d'encourager la
profusion des idées et, surtout, les pratiques agricoles rénovatrices
entretenues inlassablement durant des décennies sur toute l'échelle de la
profession, et non de celle relevant de la seule responsabilité d'une équipe
ministérielle, fût-elle puissamment soutenue au plus haut niveau de l'Etat. Par
conséquent, un engagement puissant tant au niveau des cadres honnêtes et
surtout engagés corps et âme sur le terrain, que des agriculteurs et de leurs
filiations amoureuses à l'encontre de ses différents métiers et, surtout,
attachées viscéralement à la terre. Foncièrement ! Aussi, l'important, ce n'est
pas l'instauration d'organes alibis du genre fourre-tout et d'avoir tout, à
l'image d'un haut conseil national sur l'agriculture, tel que proposé
dernièrement par l'UNPA, affiliée au parti du FLN, mais l'instauration d'un
état d'esprit, indépendant, de suivi scientifique, à même le terrain, sur
l'état d'évolution des richesses agricoles et, surtout, d'instaurer un état
d'esprit concurrentiel entre des producteurs avérés.
Paradoxalement, il se trouve que les
divergences d'appréciations sur la manière de concevoir ledit conseil sur
l'agriculture, parmi d'autres initiatives, sont le fait de responsables issus
de la même enseigne de partisanerie, mise sous condition permanente dans ce
sens depuis un certain temps déjà et qui ont fait le malheur, et rarement le
bonheur, de notre agriculture.
A l'image des frictions médiatisées entre
l'UNPA et le département ministériel chargé du secteur. Entre ce dernier et la
Chambre d'agriculture, ou encore avec celui, coalisé, de son collègue du
Commerce et ainsi de suite. Que des balourdises issues de balourds ! En somme,
que des chicaneries du niveau d'une ménagerie et non d'un ensemble
gouvernemental cohérent dans les idées et les actes, et surtout animé par le
travail harmonieux et les échanges clairs et pertinents de points de vue
démocratiquement exprimés et sereinement défendus par des arguments perçants et
convaincants, dans le strict cadre des lancinantes préoccupations citoyennes,
devenues aujourd'hui non seulement démotivées mais révoltées, voire déroutées
par tant d'insanités, de tous ordres, handicapant tout essor définitif du monde
rural, aujourd'hui ressemblant à tout sauf à lui-même. En effet, il s'agit de
problèmes cruciaux, répétitifs, qui traînent depuis 1962, rappelle-t-on, et ce
malgré toutes les lois promulguées pour venir à bout de cette situation,
illustrant à plus d'un titre notre incapacité de gérer, dans la transparence et
l'objectivité requises, notre patrimoine le plus précieux que nous avons en
main : le foncier agricole.
Les décrets de mars 1963, relatifs à la
nationalisation des terres appartenant jadis au système colonial de production
agricole, sont intervenus suite à une situation d'urgence. Actuellement, ce
n'est pas du tout le cas. Malgré cela, l'on continue de perdurer dans cet état
d'esprit inconséquent, nous reconduisant aux mêmes balourdises et mesures
précipitées d'hier, qui nous ont menés là où nous sommes.
Pourtant, que
d'innombrables sacrifices des 75% de paysans que nous étions - aujourd'hui à
peine 30% - durant plus d'un siècle et demi, afin d'éviter aux temps actuels
d'autres formes de précarités liées à notre dépendance alimentaire. A titre
d'exemple, au cours de l'exercice de l'année 2007/2008, nous avons importé pour
plus 8 milliards de dollars de produits alimentaires de base, dont les
céréales, etc. Pour 2008/2009, la facture serait de moitié, paraît-il. Un yoyo
des plus « amusants » !
Donc, nous n'avons pas suffisamment tenté de
nous libérer des multiples sujétions d'hier et, surtout, de ne pas pouvoir, par
des textes appropriés, amender nos approches pour un développement étalé dans
le temps et l'espace. Le tout, lié à l'utilisation rationnelle et à la
préservation pertinente des potentialités agropédoclimatiques des meilleures
terres par des agriculteurs, foncièrement attachés à la profession, donc
pensant aussi bien dans le court que dans le long terme.
Les enjeux et défis de l'heure, c'est de
pouvoir imaginer les voies et moyens appropriés contre les défigurations ainsi
que des dilapidations effrénées malgré la mise en valeur d'autres surfaces le
plus souvent délaissées car servant uniquement de motifs afin de bénéficier des
subventions de l'Etat et des crédits bancaires, sans que leurs occupants
tiennent compte de leur devenir agricole en termes d'éventuels démembrements à
d'autres fins non agricoles.
A l'image, justement, de la fameuse loi
87/19, entre autres perversités et paravents plusieurs fois transgressés par
ses propres concepteurs, de tous acabits, que par les bénéficiaires eux-mêmes,
n'ayant pas hésité à effectuer toutes les transfigurations inimaginables
jusqu'à les démembrer outrageusement, puis les donner en location usufruitière,
ensuite sciemment les délaisser en friche, voire carrément les vendre en
dernier lieu en utilisant des subterfuges, justiciables et punissables à tout
moment, selon les failles de la… dernière loi sur l'orientation foncière en
vigueur. En attendant les nouveaux textes, en projet, initiés par les services
du département concerné, et qui font déjà l'objet d'une levée de boucliers de
la part des intéressés, il serait utile d'élargir les débats sur l'essentiel
des motifs qui ont motivé ces nouvelles approches.
Essentiellement, ces dernières tournent
autour de la durée des baux d'exploitation, moins prolongée dans le temps que
précédemment, et du droit de regard plus conséquent par les pouvoirs publics
sur la manière de travailler les terres, dont une grande partie est en jachère
broussailleuse, rappelle-t-on, ne servant que d'alibis pour bénéficier de
crédits bancaires le plus souvent non remboursés, et reprises de surcroît dans
le cadre des opérations de mise en valeur supportée par de… l'argent public
issu de la rente des hydrocarbures.
Ainsi, et à quelques égards, ce projet de loi
pourrait engendrer un renouveau foncièrement prometteur. Malheureusement,
encore une fois, il intervient après avoir fait habituer les concernés à
l'esprit rentier le plus extrémiste, voire n'acceptant nullement d'être
dépouillés des privilèges indûment acquis par la faute des successifs reports
aux calendes grecques, des actions salvatrices allant dans le sens de
l'assainissement de fond en comble de cette situation aux multiples effets
pervers sur l'activité agricole et rurale, liée à un foncier foncièrement
assaini.
A l'image de la
lutte actuelle contre la corruption, dans le dit secteur et d'autres, après
tant d'années de gabegie et de tergiversations-souvent dues au laxisme pour des
considérations de perdurer au pouvoir -, intervenant donc trop tard, d'après
des analystes, malgré le semblant de volonté affichée.
A l'évidence, lorsque les malversations
commencent par la ressource, fondatrice à d'autres richesses, qu'est la terre ?
Le reste devient de la normalité et…de l'habituel. Ainsi est le lot des pays
confondant les priorités et donc se complaisant dans les contradictions.
Après la terre
appartient à celui qui l'occupe, est-t-il venu le temps de celui qui la
fructifie ? Peut-être. En vérité, il existe manifestement une obsession pour ce
genre de slogan et de terminologies arrangeantes, pour un temps, plus que par
la volonté de mettre un terme, y compris par la contrainte mesurée allant
jusqu'à la déchéance du droit de jouissance, à ces échappatoires ne menant
nulle part, sinon aux erreurs répétitives qui ont causé tant de régressions
conjuguées à la non-visibilité des enjeux sur le long terme.
Pour que la terre
fructifie dans le bon sens et non dans l'autre, à caractère minier,
c'est-à-dire purement extractif et donc usurier de nature, au lieu de
l'interactif fructificateur des potentialités agropédoclimatiques en présence,
il serait judicieux d'établir des contrats de performance décennaux, évalués en
profondeur, clôturés par ceux illimités, selon les cas, tout en instituant des
mécanismes successoraux, préservant le potentiel agronomique des terres, qui
restent à imaginer avec pertinence pour les lignées héréditaires qualifiées
dans le domaine agricole, en premier lieu, et rural en général.
De toutes les
façons, toutes les reformes foncières, mal ou bien conçues et appliquées,
pourraient apporter un plus et, dans la plupart des cas, beaucoup de moins.
C'est selon et c'est ainsi ! Par contre, seul l'engagement passionné et
désintéressé de braves agriculteurs attirés corps et âme par le travail
foncièrement agricole, quel que soit le statut de la terre, pourrait constituer
la norme à suivre. Enfin, le temps presse, aussi bien pour le secteur agricole
que dans d'autres intimement liés au devenir des futures générations du pays.
Dont principalement leur autosuffisance alimentaire, gage de leur indépendance
d'agir et de s'imposer dans un monde de plus en plus imposant. Entre-temps, les
enjeux - non ceux du football, devenu néanmoins chez nous un investissement
politique sur le long terme - et les défis agricoles nationaux grossissent
démesurément par rapport aux acquis. Les attentes pour des jours meilleurs
également.
L'essentiel est
d'éviter de se complaire dans la « conviction » du genre : plus que ça, il n'en
existe pas. A l'évidence, cela relève de la déraison, voire de l'arrogance
blasphématoire. Et encore, sur un autre registre foncièrement de « sportivité »
: sans un Algérien à la tête de la Ligue arabe, celle-ci ne marchera pas. C'est
comme elle avancerait avec un autre. Ainsi, le dernier match de football entre
l'Algérie et l'Egypte n'a pas encore montré tous les dessous de son… maillot
!!!
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Posté Le : 13/05/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ali Brahimi
Source : www.lequotidien-oran.com