Algérie

Foncier Qui veut 5.000 à 50.000 m² à Oran ?



En deuxième avis, l'Agence foncière d'Oran met en vente des terrains de 5.000à 50.000 m² situés sur la voie express reliant l'aéroport d'Es-Sénia à la villed'Oran. Il est fait appel aux investisseurs nationaux et étrangers pour yconstruire et éventuellement exploiter des « hypermarchés, des show roomscommerciaux grand public, des unités de restauration et de loisirs ». Quoi deplus normal que d'attirer des investisseurs vers un pays, une région, une villelorsque les disponibilités foncières le permettent d'autant que ces terrainsseraient viabilisés ? A priori, l'initiative s'inscrit dans la dynamiquenormale du développement d'une ville qui a longtemps été considérée par lespouvoirs publics comme ayant suffisamment de ressources pour se passer d'unplan de développement. En fait, Oran a longtemps vécu de l'héritage colonial enmatière de logements et d'infrastructures de base, de routes, bien que la villeait attiré la population la plus importante en provenance d'autres régionsaprès Alger. Cette attirance s'explique par nombre de facteurs dont le plusimportant était la légendaire générosité de la ville et de ses habitants. Toutle monde ne l'entend pas bien sûr de cette oreille.  Mais aujourd'hui qu'Oran sembleattirer des investissements étrangers au point de réserver une zone qui semblesortir du néant et devant se transformer en zone récréative et commerciale, ily a tout de même quelques questions à régler. D'abord celle du plan dedéveloppement de la ville qui s'est étendue sauvagement de toute part, alorsque précisément et il faut malheureusement le reconnaître, l'héritage coloniala laissé un tissu urbain cohérent avec des repères clairs et des ouvragesstructurants, autour desquels la ville s'est construite. Lors de la périodecoloniale quelques urbanistes avaient trouvé à redire concernant le concept duFront de Mer. Oran faisait alors débat et le modèle définitif a fait coulerbeaucoup d'encre, les archives de la ville en témoignent.  Quelques urbanistes honnêtesencore aujourd'hui s'évertuent à critiquer le mode opératoire des pouvoirspublics et se heurtent à un mur d'incompréhension dont les conséquences sur lemode de vie chargé de violence se font déjà ressentir. Comment en effetdévelopper une ville sans en référer à ses habitants, en s'appuyant simplementsur des études aléatoires d'urgence, comme celle qui a touché la zone dite USTOet qui a massacré, c'est le terme, le tissu urbain sous prétexte que l'urgencepour loger la population l'emportait sur l'harmonie. Qu'est-ce qui urge à telpoint qu'au réveil de leurs sommeils profonds les pouvoirs publics locaux ounationaux décident du jour au lendemain et sans que personne ne soit au courantde la réservation d'une zone et de la nature de l'activité qui doivent s'yinstaller. Les scandales financiers à ce propos ont été légion justement àOran. La précipitation sur de telles opérations devrait nous rappeler l'époquede Riadh El Feth qui a certes connu ses moments de gloire, mais qui s'esttransformé avec le temps en un immense dépôt pour marchandise d'importation.Sans vie. La précipitation sur de telles opérations nous rappelle les fameuseszones industrielles qui devaient servir d'assiette pour une industrieindustrialisante. Rien n'a en effet changé dans le comportement desgouvernants. L'autre question qui paraît devoir occuper l'esprit consiste às'interroger pourquoi Oran a eu la palme d'or en matière de saleté. Pourtant ily a quelque temps à peine on pouvait y voir quelques arbres pousser et quelquesroutes et autres trottoirs se refaire.  Si la priorité est d'abord à laconservation « durable » de l'existant et à la création d'une dynamique propreà la ville, une zone commerciale de plus en dehors d'Oran ne contribuera qu'àdévelopper cette économie de bazar pour le seul bien-être des produitsd'importation. Sauf si cela est déjà inscrit dans les stratégies des pouvoirspublics. L'on est alors en droit de rire sous cape lorsque « la société civile» se précipite sur des critiques de cafés ignorant sans doute le pouvoir quiest le sien ou attendant le moment où les terrains seront vendus de gré à gré.


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