Algérie

Foncier: Le réquisitoire des patrons



« La facilitation de l'accès au foncier industriel pour les porteurs de projets ne figure que sur le papier. Dans la réalité, le foncier reste cher, inaccessible car il est enfermé dans des procédures qui ne sont pas convaincantes», a déploré, hier, Réda Hamiani, président du Forum des chefs d'entreprises (FCE).

S'exprimant sur la radio Chaîne 3, le patron du FCE a affirmé que sur le terrain, la mise à niveau des entreprises et les mesures de facilitation à l'accès au foncier et aux emprunts bancaires tardent à donner les résultats escomptés. Et de s'interroger sur le fait que les mêmes conditions encadrent l'attribution du foncier aussi bien à Alger, Blida ou Oran qu'à Adrar ou Theniet El-Had (Tissemsilt NDLR). «Il faut inciter les industriels à s'implanter en dehors des villes côtières qui sont des zones sous tension foncière», a-t-il suggéré.

Tout en reconnaissant les efforts consentis par le gouvernement en vue d'encourager la création des PME, dont il salue les différents programmes de mise à niveau des entreprises et la nouvelle politique du foncier, il a estimé toutefois que les résultats tardent à se faire sentir. «Beaucoup d'efforts ont été consentis dans l'accès au financement mais la surconsidération du risque par les établissements financiers n'est pas faite pour encourager la création d'entreprises», a-t-il souligné.

Et de relever l'absence d'un plan ambitieux visant à renforcer les capacités de production des entreprises privées. «La diversification de l'industrie nécessite des programmes de soutien et d'incitation à l'investissement par filière», a-t-il plaidé. «Il faut, a-t-il proposé, lancer des formations pour inciter les porteurs de projets à investir dans d'autres secteurs d'activités que l'agro-alimentaire». Selon M. Hamiani, il n'y a pas de remèdes miracles: «Il faut accompagner les porteurs de projets et adopter des mesures incitatives pour drainer par exemple les investissements dans la mécanique, la chimie, la pétrochimie…», explique-t-il. Selon lui, l'industrie manque de vision macro-économique. Et de déplorer une ouverture débridée de l'économie ces dernières années, ayant favorisé les importateurs et la concurrence déloyale qui a laminé les entreprises locales. «L'industrie locale a reculé. Il faut restructurer en urgence notre outil de production. Si l'on veut résorber le chômage, il faut que la croissance économique atteigne entre 6 et 8 %, une performance qui ne peut être réalisée que par la diversification de l'économie», dit-il. «Il faut ouvrir l'économie, encourager les initiatives et transformer l'administration en un service qui encourage l'économie et les entreprises», a-t-il plaidé.

Sur le front social, M. Hamiani a souligné «l'importance» du budget (estimé à quinze milliards de dollars) alloué par le gouvernement à la subvention du système de solidarité nationale, destiné au soutien des prix des produits alimentaires de première nécessité qui connaissent une flambée sans précédent sur les marchés internationaux, mais aussi les aides au logement, l'enseignement, la santé. Pour lui, l'Algérie est le seul pays d'Afrique du Nord qui a consenti de tels efforts colossaux pour ces transferts sociaux.

Un effort qui, toutefois, reste encore soutenu par la seule rente pétrolière, d'où, selon lui, l'urgence d'une restructuration et de diversification de l'économie basée sur la productivité, notamment dans le secteur de la petite et moyenne industrie. M. Hamiani souligne que la PME «est non seulement le premier employeur économique dans le pays mais aussi l'acteur majeur de création de richesse». Et d'appeler les autorités à mettre en branle un processus de concertation avec les industriels. «La politique industrielle doit se baser sur la concertation avec tous les acteurs économiques pour aider le processus de décision à aboutir à la cohérence entre la macro et la micro-économie par filière», a-t-il proposé. Et de considérer que la prise des décisions d'une manière unilatérale n'est pas à même d'encourager l'économie, appelant ainsi à une concertation avec l'ensemble des acteurs; gouvernement, syndicats, patronat public et privé.




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