Algérie

Folklorisation



L'élection présidentielle d'avril prochain a pris une étrange tournure qui ne cesse d'étonner les observateurs. A voir le nombre de candidats à la candidature (139 retraits de formulaire), il est tout à fait logique, sinon décent de se poser des questions sur cette tendance inattendue prise par l'opération de recueil des candidatures à l'élection présidentielle d'avril prochain. D'autant que non seulement il y a cette exécrable tendance à la folklorisation d'une procédure éminemment politique, celle de se déclarer candidat à la magistrature suprême, mais également cette voie ouverte, dans les textes constitutifs de la RADP, à tous les aventuriers politiques comme aux ‘'plaisantins'' pour décrédibiliser cette élection présidentielle.Le chiffre de 139 prétendants à la candidature devrait atteindre la barre des 140, ce qui renvoie à cette peu reluisante image d'une société à la dérive dès lors que la plus importante institution de la République, la présidence, est devenue sinon un jeu de société, du moins l'objet de toutes les atteintes à la moralité et la décence politique. Assurément, il est plus qu'urgent de revoir les textes fixant les modalités et les conditions pour les candidats à l'élection présidentielle. Car au point où en sont les intentions de candidature, il est clair que l'intérêt même de l'opinion publique, et par ricochet les électeurs, est détourné par un mouvement généralisé à la facétie politique. Et à ce niveau, il est évident que cette élection présidentielle est l'objet d'un véritable détournement, voulu ou non, au vu d'un nombre de candidats à la candidature qui étonne les plus avertis. D'autant que le ministère de l'Intérieur, qui gère le processus, a les mains liées devant un phénomène qui frise le ridicule, car il ne peut intervenir au risque de violenter la loi organique portant code électoral.
C'est là le piège, par ailleurs, qui n'a pas été pris en compte par les rédacteurs de la Constitution révisée de 2016 qui stipule en son article 62 que ‘'tout citoyen remplissant les conditions légales est électeur et éligible''. Ce qui est également conforté par les dispositions particulières relatives à l'élection du président de la République de la loi organique portant code électoral et notamment l'article 87 qui énumère un ensemble de conditions qui peuvent être toutes remplies par un Algérien de ‘'la normale''. Il y a donc assurément comme une faille dans le système d'accès à la candidature à une élection présidentielle, même s'il y a le verrou des 60.000 signatures. Car tout le problème est que les textes en vigueur ouvrent la porte à toutes les dérives et à des situations délirantes, comme celle actuelle qui est en train de discréditer cette élection présidentielle.
Certes, il y aura le tamis du Conseil constitutionnel, mais auparavant l'opinion publique aura assisté à un simulacre dans la préparation de cette échéance électorale extrêmement importante pour l'avenir du pays. D'autant que sur les 126 prétendants indépendants actuels il n'y a aucune personnalité politique d'envergure qui se porte candidat à cette présidentielle. Et donc qu'à tout prendre, il n'y a pour le moment que 13 présidents de parti, dont Ali Benflis de Talaie El Hourriyet et Abderrezak Makri du MSP, qui sont partants pour briguer la magistrature suprême. En attendant évidemment l'annonce ou pas du candidat de la majorité, ou celle d'une candidature à un 5ème mandat.


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