Charme et mélancolie, ironie et fantaisie, anachronisme et négation féconde de l?individualisme en art, la poésie de Bachir Hadj Ali établit entre la pensée et l?objet qu?elle se donne une relation de continuité, de sorte qu?elle peut être interprétée globalement comme la célébration d?un éveil de la conscience à une liberté créatrice sans cesse accrue : « Vigueurs amples féeries L?artiste scrute sa forêt Où découvrir l?achèvement ? Où découvrir le son caressant ? Sinon au commencement Du mouvement énigmatique. » (Chant) Pour le poète, cette liberté est un continuel défi, sans jamais se laisser réduire à une énigme solitaire, dans un espace vide et pur. La relation de continuité par laquelle nous pouvons la saisir et expliquer son mouvement est garantie d?une pensée qui ne se lasse pas de s?interroger sur les moyens d?appréhender la réalité du monde contemporain : « Le message d?espoir est délivré Il tamise la lumière Mécanique brisée du rêve La mer est jaune La ville désemparée Délivrez les cadavres Nous aurons des ailes Les tombes seront ouvertes La nuit. » (Danse) En lisant les poèmes de Bachir Hadj Ali, nous décelons un objet constant de recherches esthétiques assurant du même coup l?accession du poète à l?invention de son propre univers et à la vérification de son expérience de créateur. Les actes qui appartiennent à cette ?uvre ne peuvent se résumer en quelques affirmations : « Séparer le bruit du songe C?est retrouver l?intimité Et les instants successifs De la transition Mais ils retournent Contre eux-mêmes L?avenir à réaliser. » (Musique contre l?insomnie) L?éclosion ou la décadence (jamais la plénitude ni l?équilibre) sont les deux pôles de son art. La souffrance de Bachir Hadj Ali s?humanise. La chanson des pauvres s?allume après le soir avec une seule lumière. La voix fatiguée d?une femme se désespère dans une pauvreté pleine d?allégresse. Le monde de Bachir Hadj Ali est un monde de luttes et de contrastes : « Architecte des hauteurs Siècle de créativité Ils dirigent la main de l?intelligence Ils respectent le pain Et sa saveur craquelée Ecorces miraculeuses Où est ce temps De la complicité fraternelle Entre l?homme et l?outil Incitation à vivre debout Nos doigts survivront Au feu. » (L?outil) Un poème de Bachir Hadj Ali commence par dépayser le lecteur par une espèce de renversement du monde réel dont il ne déchiffre l?énigme essentielle qu?à partir de la signification plénière de l??uvre du poète.
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Posté Le : 11/06/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Djilali Khellas
Source : www.elwatan.com