Les romans de Samiha Khreïs (1) scrutent les aspects secrets et inavoués du malaise individuel. L?écrivaine procède par intuitions partielles, discontinues, mais, chemin faisant, elle sonde les coeurs, perce leur désespoir, démasque leurs faux-semblants. Ses romans nous valent d?admirables explorations des zones les plus retranchées, les plus interdites du moi. Ailleurs, Samiha Khreïs risquera des remèdes : libération des activités féminines, satisfaction inhérente à des choses très simples, comme le travail artisanal (notamment dans son excellent roman intitulé Carnets du déluge (2), sens de la vie, retrouvé dans l?action sociale. Samiha Khreïs croit que « la femme-écrivain » est prise dans une société, dans un siècle et dans un pays, autant et plus que les autres femmes, tenue en quelque sorte par son « public ». « L?évasion », souvent pratiquée par ses personnages, correspondant à une quête quasi mystique du vrai. L?écrivaine évoque, aussi, minutieusement l?atmosphère de son « Amman », mais en s?attachant à suivre le cheminement d?une vie souterraine qui double, avec de mystérieuses intermittences, le cours du quotidien. Le diagnostic, parfois pessimiste, ressort également de ces portraits dont les modèles ont été pris dans la Jordanie contemporaine, écartelée entre son engagement « nationaliste » (problème arabo-israélien) et son alignement aux côtés des Etats Unis d?Amérique. Les personnages de l?auteure torves et pathétiques sont victimes avant tout d?un milieu social ou politique (parfois économique) déséquilibré. Ses romans nous offre un destin jordanien moyen. Mais Samiha Khreïs est aussi une romancière au style dense et poétique. Sa minutie descriptive recrée une phase de l?évolution sociale de son pays. Sur un autre plan, ses romans confirment sa démarche inlassable vers l?intériorité de la conscience, vers ces arcanes étouffés par la loi du nombre, vers un rêve de justice sociale où l?harmonie entre personnalité et collectivité serait assurée. Cette recherche qui fournit à Samiha Khreïs à la fois ses matériaux et sa manière, se confirme dans la majorité de ses romans. 1)- Romancière jordanienne 2)- Ed.Dar El Misrya-El Loubnania. Beyrouht 2003 .
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Posté Le : 07/11/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Djilali Khellas
Source : www.elwatan.com