Algérie

Folio-Salvatore Quasimodo : la mer jalouse


Le beau temps bleu rappelle des souvenirs, des impressions concrètes, très appuyées. La Sicile de Salvatore Quasimodo(1) (1901-1970) aux jardins sauvages, avec l'herbe devant, les arbres derrière et « le bleu de la mer » partout, est un poème exquis, interminable et envoûtant comme le beau temps sur les plages qui s'étendent à perte de vue : « Je te reviens enfin, mouvante immensité, près de qui l'harmonie a voulu que je naisse et qui, pendant vingt ans, en berçant ma jeunesse, me révéla le rythme et m'appris la beauté. » « Je te reviens et pour toujours ô mer houleuse, ô mer profonde, ô mer immense, ô mer d'azur pour que ton flot me berce indéfiniment sur le vaisseau de la vie, ô mer, mer onduleuse. » Salvatore Quasimodo n'oublie jamais les très agréables journées, ces dimanches ensoleillés qu'il a passés à se baigner sur les plages de sa terre natale. « La bleue » est presque à toutes les secondes du battement de la poésie : « 'Mais tu reviens à notre amour ! C'est aujourd'hui mon plus beau jour, et pour célébrer ton retour, je veux que tous mes flots en fête, mes flots bleus au front argenté, accourus de l'immensité viennent incliner leur fierté devant ta gloire, ô mon poète ! » Pour Salvatore Quasimodo, le sentiment dominant est l'étonnement devant la nature, la confusion sciemment recherchée entre les impressions et les sensations de l'homme et celles de l'arbre, de la mer, des sillons, des rocs, des pierres. « Et c'est une rencontre d'astres, dans des archipels sans sommeil, la nuit, mais fraternels pour moi, fossile qui émerge d'une vague fatiguée, ce sont des orbites secrètes traçant leur courbe et nous y sommes plongés, avec les pierres et l'herbe. » Mais, naturellement, point n'est besoin de chercher « ailleurs » pour éclairer ce beau temps bleu qui est la simplicité même, l'évidence même celle d'un éden perdu retrouvé qu'« un miroir d'eau recrée, éphémère, en transparence' » : « De toi, une ombre se détache et la mienne semble morte, bien qu'elle oscille si je bouge' Je ne vis que d'ombre, car la terre, le soleil et une douce offrande d'eau ont renouvelé tout ton feuillage. » Quasimodo est le poète de l'eau, du printemps ou de l'été des couleurs vives. Il aime s'abîmer dans les cycles éternels des saisons, dans une sorte de réalité primordiale, dans le chaos d'avant l'action ordonnatrice du verbe. (1) Poète italien, prix Nobel de littérature * La traduction des poèmes est de Maria Albini
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)