Algérie

Folio : poésie et liberté



Selon Chawki El Ansari(1 ): «le poète ne connaît pas de repos, n'a pas de limite géographique, son métier n'est pas une routine artisanale. Sa profession est la plus ancienne, à  savoir :  vivre, même en tuant son temps au bord de la mer, tandis que la plupart des gens en ont perdu l'habitude, rester assis et sentir quelque part dans le cœur l'écho d'un vrombissement d'un avion qui s'apprête à  atterrir ».«Il faut de l'audace pour cela. Vivre les moindres manifestations de la vie, depuis Homère on ne connaît pas de procédé artistique plus efficace. C'est à  cette condition seulement que l'on peut faire quoi que ce soit avec la poésie, c'est cela seulement qui en justifie   toutes les techniques, tant anciennes que modernes.» Ce livre(2) Poésie et liberté de Chawki El Ansari se signale par la pénétration de l'essence profonde de la création poétique, la compréhension de son objectif et de sa mission, les réflexions sur la personnalité de l'artiste.
La poésie n'est pas décrite, mais vécue, l'auteur en est à  la fois un laudateur et un détracteur, elle prête à  discussion et cause des souffrances, mais reste toujours «au fond du cœur», comme la seule vocation possible.
L'ouvrage de Chawki El Ansari est un soliloque et une leçon faite aux confrères, il est mû par la logique des méditations surgissant bien à  propos, et non pas par l'ordonnancement rigoureux d'une étude scientifique programmée.
L'auteur réfléchit et cherche. Sa voix est simple, cordiale, empreinte de chaleur humaine et de sincérité. Rarement un critique renonce, avec tant de naturel, à  s'ériger en moralisateur, évite les  inflexions, si répandues d'une voix bien posée, atteint un tel degré de spontanéité et de désinvolture. La liberté, selon Chawki El Ansari, est issue de la nature même de la poésie. Le contraire est aussi vrai. La parole critique y vient de la personnalité du poète, elle est dictée par son caractère, elle est bien individuelle et électrisée par ses rapports en évolution permanente avec le monde. Cette parole témoigne du don de communication avec l'homme, don que nous recherchons dans la littérature. Quelquefois, la parole critique rend mieux la personnalité de l'artiste, son horizon et ses intérêts que la parole poétique. Il cite dans ce chapitre les poètes Moudhaffer Ennuels (Irak), Amel Dounqel (Egypte), Sannih El Kacem, Mahmoud Darwich, Mouin B'sissou (Palestine), Zineb Laouedj, Hakim Miloud (Algérie), Kacem Haddad (Emirats). Il n'oublie pas de nous rappeler que son choix est subjectif. Enfin, Chawki El Ansari termine son livre par des conseils aux jeunes poètes : «…Il faut àªtre ouvert à  tous les phénomènes et changements de ce monde, déterminer sa position dans le tourbillon de l'histoire, trouver son point d'appui et la grande idée qui sera capable de vous enflammer de l'intérieur, et alors seulement le verbe sera perfectible».   Note : 1) Critique et poète irakien né à  Baghdad en 1982. Docteur es lettres arabes .
2) Editions Dar El Kaws Baghdad 2011.
 


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