Algérie

Folio : l'extraordinaire aventure des Berbères II Culture : les autres articles



Folio : l'extraordinaire aventure des Berbères II                                    Culture : les autres articles
Selon Abou El Ala El Maârri, Frikès était un roi intelligent et courageux. Au lieu de baisser les bras, de s'abandonner au désespoir et de s'apitoyer sur son sort et sur celui de ses proches, il ordonna aux maigres troupes qui lui restaient d'avancer vers l'Est. L'ennemi qui avait conquis les terres fertiles de l'Ouest ne paraissait guère s'intéresser à ce désert immense et sans vie qui s'étendait à perte de vue devant le roi Frikès et ses troupes.Ce désert aride a certainement des limites.
Et le roi Frikès et ses troupes avancèrent vers l'Est. Ils traversèrent le désert de Libye en longeant la côte de la mer Méditerranée où la température était plus clémente et l'eau potable disponible. Les quelques nomades qu'ils rencontrèrent étaient des bergers généreux et pacifiques. Ils donnèrent à Frikès et ses troupes eau et vivres et les orientèrent vers les meilleures pistes du désert libyen. Après des jours et des jours de marche, après avoir perdu quelques-uns de ses hommes, victimes de maladies ou de déshydratation, le roi Frikès apprit par la bouche de quelques nomades qu'il est entré en Egypte. Il ne tarda pas à remarquer que les vents de sable étaient moins fréquents et peu violents. Quelques jours plus tard, le sourire illumina son visage.
Depuis de longs mois, depuis l'écrasement de ses troupes par ces maudits envahisseurs qui ont conquis son pays, le roi Frikès sentit enfin que la chance lui souriait. En effet, des nomades qui poussaient leurs troupeaux de moutons vers l'Est lui apprirent qu'un grand fleuve à l'eau limpide et aux berges verdoyantes est tout proche. Juste quelques heures de marche et «le reflet bleuté de ce fleuve vous transportera au septième ciel !» Un petit vent frais revigora le roi Frikès et ses maigres troupes. Et après une demi-journée de marche, le miracle se produisit. Le souffle brûlant du vent des déserts arides se métamorphosa en une brise douce et revivifiante, et l'horizon, d'habitude scintillant de mirages terribles et de trompeurs, devint soudain vert. Un vert qui rappela étrangement à Frikès et ses hommes le feuillage touffu des forêts et l'herbe abondante de leur pays perdu.
Ce fut là pour le roi Frikès et ses hommes un trait de lumière. Et quand ils arrivèrent à cette immense étendue verdoyante, ils constatèrent que la végétation était si luxuriante que l'on avait peine à traverser pour atteindre les eaux limpides et bleuâtres qui l'arrosaient là-bas au fond. Pourtant, Frikès et les siens lâchèrent leurs bêtes, jetèrent leurs maigres provisions et s'enfoncèrent dans cette végétation qui revivifiait tant de souvenirs pour eux.Bien plus tard, après s'être désaltérés et lavés, Frikès et ses hommes apprirent de la bouche d'un berger, qui s'approvisionnait en eau à côté d'eux, que ce grand fleuve qui coule vers le Nord s'appelle «le Nil».
Après avoir constaté que les hommes qui vivaient sur les berges du Nil n'étaient nullement agressifs, le roi Frikès et ses soldats choisirent une petite colline proche du fleuve et campèrent tout en restant vigilants. Ces environs si paradisiaques pourraient toujours attirer les convoitises. En bon roi aguerri par «les malheurs et les guerres», Frikès organisa le mouvement des sentinelles du camp. Il veilla strictement à ce que la responsabilité de ses lieutenants soit exercée par rotations de jour comme de nuit. Selon Abou El Ala El Maârri, le roi Frikès et ses proches n'ont jamais été inquiétés en Egypte. Au contraire, ils ne rencontrèrent que générosité et convivialité de la part des autochtones.
Ces derniers élevaient des moutons, des vaches des b'ufs, des ânes et des chevaux ou pêchaient le poisson dans le fleuve en utilisant de petites embarcations de deux ou trois personnes. Abou El Ala El Maârri a écrit dans son épître intitulée Les malheurs de l'humanité, que «les Berbères et leur roi Frikès s'installèrent en Egypte pendant de longs mois». Il ne signale nullement qu'il y avait un «Etat», un «royaume» ou «un pouvoir autochtone quelconque dans cette Egypte qui avait adopté le roi Frikès et ses proches».
(A suivre )


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