Algérie

Folio-Joseph Anouma : Vérifier l'espoir des hommes



Il existe sur la question de la conscience que propose la poésie de Joseph Anouma(1) un radicalisme, une expérience particulière de la certitude absolue, traduits en termes spécifiques, lesquels repoussent, dans sa totalité la formule « spéculative » que Bernard Bekin Dadié(2) représentait encore partiellement. Anouma a tenté de nouer avec l'univers une certaine relation et le non-aboutissement de ses efforts lui a causé une souffrance lancinante et sans fin : « Et j'ai beau bander mes lèvres Et j'ai beau boucher mes oreilles Les plaintes des hommes sans bouche me pénètrent inexorablement inexorablement' »La chose est d'autant plus curieuse que Joseph Anouma ne manquait pas de moyens d'adaptation aux situations les plus diverses que comporte l'existence. Mais il y a en lui une énorme disproportion entre les facultés de la connaissance, leur inégalité constitutive et le manque de sûreté avec lequel elles fonctionnent. Manque de sûreté ' Plutôt « l'espoir des hommes », de tous les hommes, qui ne le laisse pas « s'accrocher à la vie ». - « Je ne cherche pas tant à m'accrocher à la vie Qu'à vivifier l'espoir des hommes peut-il en être autrement Quand les cloques ensanglantent les mains rêches paysannes. »La grandeur d'Anouma ne réside pas dans ses idéaux ni dans des solutions qui ne lui ont pas permis d'achever ses profondes aspirations ; elle se trouve dans l'humain de sa vision, dans ses frissons pathétiques, autrement dit dans une aventure spirituelle, d'ouverture immense, englobant les situations les plus variées et se déroulant sous une tension à l'échelle de ses « visions ».Vu de la sorte, Joseph Anouma, quoi que l'on puisse avancer sur la valeur de son action littéraire, est un homme à « l'âme africaine », sensible et, partant, intéressant (surtout pour nous les Africains) : « Des morts' ! Des milliers de morts jonchent le sol ougandais Des charniers ardents des enfants de Soweto mués en pyramide Pour avoir pris d'assaut la liberté Cris hilares des vautours Hennissement des Kraals tanzaniens Ventres vides striés de côtes déshydratées Sommeils apeurés' Et vous prenez le café à l'ombre de nos peines ! »La poésie en tant que processus existentiel apparaît en même temps que lui dans la littérature de Côte d'Ivoire ; elle est une expérience de vie et de mort. Son chemin est « fait » de sang, de labeur et de larmes. 1) - Né à Debré en 1949. Parmi ses 'uvres, notons : J'ai perdu mon berceau ; Les Matins blafards ; L'Enfer géosynclinal. 2) - Pionnier de la poésie francophone de Côte d'Ivoire.


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