Algérie

Folio : Djamel Foughali, écrire des nouvelles originales



Le rêve et la fable se greffent souvent sur la réalité appréhendée avec intelligence par Djamel Foughali(1). Le monde qu?évoque l?auteur apparaît vierge, fermé, sombre, et pourtant concret comme la vie des citadins de Annaba, sa ville natale. « L?art ne peut être un lyrisme sûr, affirme Foughali, mais doit s?occuper de la vie moderne. » Pas de tradition de style, mais une forme calquée sur la vie.

Enfant de Annaba, Djamel Foughali se sent à l?aise dans ses nouvelles décrivant la ville et ses habitants. Tous les quartiers et périphérie de sa ville natale sont analysés dans ses nombreuses nouvelles avec un amour lucide et dans tous leurs aspects les plus contradictoires : « Porte frontière entre l?impasse poussiéreuse , le cri du mendiant colporteur et le patio haut de murs, sombre, ombragé par les citronniers et les grenadiers, or et rouge. » « Mois d?août. Les citronniers jaunes et les grenadiers écarlates empêchent le soleil de trop dessécher les dalles de pierres, dalles anciennes, vieilles de trois siècles qu?un jardinier arrose, minutieux et maniaque, toutes les demi-heures. » (L?Alouette). Djamel Foughali a des couleurs vives sur sa palette de narrateur. L?existence et l?art sont pour lui une vaste toile, riche en nuances et en lumières : son monde a une senteur de sel, de mer, de soleil, d?arbres et d?herbe. Il a atteint ses expressions les plus heureuses dans : Cette femme? ce qui reste de ma langue et dans L?alouette, nouvelles imprégnées d?une saine atmosphère naturelle. C?est un écrivain doué d?un riche tempérament créateur. Son style est plein de poésie : Nuage de solitude, la vapeur d?eau, en s?élevant, s?arrête un instant entre les branches, inattendue et paresseuse, à la recherche d?un jeu lubrique peu conforme à la nature de ce lieu. Mais le temps qui n?a pas de faiblesse la volatilise avant qu?elle ne devienne goutte d?eau, goutte caillée, goutte lourde. « Des oiseaux anonymes, invisibles et sonores, ni endormis ni éveillés : oiseau de midi de juillet? » (Ville enchanteresse). Les problèmes sociaux et politiques qu?évoque Djamel Foughali sont coulés dans le moule artistique de ses nouvelles. Les quatre recueils de nouvelles qu?a publiés l?auteur l?ont placé parmi les plus remarquables représentants de la génération des années 1980 avec sa tendance expressionniste qui a représenté la plus intéressante et la plus originale conquête, commune à toute la littérature algérienne d?avant-garde. « La discussion se prolongeait et je me suis évanouie. Je me suis réveillée dans l?infirmerie. Ma main gauche était munie d?une multitude de doigt-clefs », ou « un sommeil instantané sur la terrasse d?un coup. Sa majesté, le chat persan, en profite pour faire son apparition et déchirer à belles griffes la soie des couvre-lits ». Djamel Foughali est l?un des nouvellistes et conteurs algériens les plus originaux et les plus colorés.  1) Né à Annaba en 1960, Djamel Foughali est directeur de la culture de la wilaya de Mascara.




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