Mohamed Daoud(1) vient de publier pour les enfants, (entre 10 et 15 ans), un beau livre sur les bijoux algériens. Avant, il avait publié un livre biographique sur Hadj M’hamed El Anka El beït oua siyah (Le poème et le refrain), 2010. Ce qui étonne dans ces parures, ce n’est ni le luxe ni le miroitement de pierres ou de métaux précieux (elles sont réalisées en cuivre, en laiton ou en argent, rarement en or), mais le génie créateur des femmes ou des hommes, leur invention, leur originalité. «La vénule d’une pierre simple, dit un bijoutier de La Casbah d’Alger, un dessin de fissures surprenant, un jeu insolite de la nature séduisent quelquefois plus que ‘‘le joyau le plus précieux’’». Les artistes algériens, depuis la lointaine Numidie, semblent jouer avec le métal.
Dans leurs mains, il acquiert des formes vivantes, changeantes, tour à tour flamme légère qui jaillit et frisonne, perles de rosée, dentelle fine, plis et volants d’une étoffe souple et docile au toucher. Ainsi montée, toute pierre est belle, précieuse ou simplement «finie» ou «dure», servant à la fabrication d’objets d’art. Les armements les plus originaux — présentés par Mohamed Daoud — sont ceux où les artistes remplacent les pierres par des petits «morceaux» taillés de corail (Beni Yenni) dont les sujets sont inspirés de l’histoire et du folklore algériens(2). De vraies œuvres d’art dont beaucoup, et pour cause, sont conservées dans le Musée d’art traditionnel sis à quelques encablures de La place des Martyrs (Alger). L’art des bijoutiers algériens porte incontestablement l’empreinte de la tradition nationale séculaire, matérialisée avant tout par l’air de bonté et de tendresse de leurs créations. Je me suis rappelé soudain en les examinant cette croyance algérienne très ancienne : ce qui est fait avec passion et amour porte joie et bonheur.
Les artistes algériens affectionnent les motifs, nés dans l’antique Berbérie, pour leur gaité et leur verve généreuse. De tout temps, pour traiter le métal, nos artisans ont eu recours au filigrane et au cintrage, travail rien moins que simple, surtout pour des mains de femme. On l’oublie toutefois aussitôt en admirant les bagues, les boucles et les bracelets créés par nos illustres artisans, tellement par leur harmonie et leur naturel, ils semblent être créés par la nature elle-même.
Note :
(1) – Mohamed Daoud : El Hadaïd li chadaïd (Des bijoux pour les jours difficiles – un proverbe algérien). Edition ONDA, Alger 2011.
2) Voir le beau livre de Wacila Tamzali sur les bijoux algériens ou les gravures colorées de Kouaci Mohamed. Enag-Alger 2007.
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Posté Le : 28/06/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Djilali Khellas
Source : www.elwatan.com