Algérie - Revue de Presse

Folio : Course de deux astres humains


« Les yeux ne mentent pas » (p. 39), « le baiser est dangereux » (p. 51), semble nous dire Nacima Bouloufa(1) dans ses nouvelles. Elle croit ' ou fait croire à ses personnages que l'amour ne parvient jamais à posséder une âme ou alors il la tue. Il croit posséder un corps. Et c'est une illusion (elle l'a aimé p. 29). Il rêve d'une annexion, d'une identification dont il serait le souverain triomphant (Rendez-vous, p. 09). La vérité est que si l'amour ne vivait pas d'innombrables petites confiances, de petites patiences, de dons incessants dans de douces habitudes, il mourrait très vite. Mais, précisément, les personnages de Nacima Bouloufa refusent ces moyens d'humaniser l'amour par la soumission à la vie. Dans Un Baiser dangereux(2), le héros égoïste cultive avec soin un autre égoïsme, le bonheur personnel de sa « bien-aimée », comme un soleil qui aurait l'ambition de se joindre à un autre soleil dans une ivresse de lumière.Parfois, on pourrait presque dire (Une femme à vendre, p. 35) que « l'amant » organise cette course de deux astres humains dans la vie terrestre, jusqu'au point où la nature humaine rappelle ces étoiles ascendantes à leurs risques, à leurs sensibilités, à leurs douleurs : c'est quand un semblant d'adultère est le fruit de cette chasse au bonheur dans l'infini. Et vraiment « Les deux anges diaboliques » (p. 57) manquent d'aborder dans l'infini, le soir où ils ont voyagé l'un et l'autre aux rivages de la mort. S'ils rentrent ensuite dans la vie, c'est désormais dans la vie ordinaire et non plus dans l'idée qu'ils en avaient. Ainsi remonte-t-on des enfers en ayant perdu le souvenir de ce qu'on a vécu avant. Pourtant, ils sont hors d'eux-mêmes.Chacun d'eux se crée presque entièrement sa propre planète, ce monde où « il s'est installé en commençant par ramener l'univers à lui » (Une histoire sans début, p. 15). Ils sont au bord de la folie, présente d'ailleurs dans l'ombre du drame quand il arrive à son point aigu. Avec ses belles nouvelles, Nacima Bouloufa est allée au c'ur même de notre être. Elle n'a qu'à perfectionner son style pour être un bon écrivain. L'avenir lui appartient. (1) Nouvelliste arabophone née à Alger (2) Edition m.Culture, Alger 2007
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