Algérie

Folio : Cheikh Abderrahmane Djilali, historien



Erudit curieux du passé, cheikh Abderrahmane Djilali savait, en bon historien, allier l’investigation menée sur place à l’étude des textes. Dans sa monumentale Histoire générale(1) d’Algérie, il est souverain quand il évoque des gestes à tant d’égards quasi légendaires, dans un cadre géographique, où il a été recueillir minutieusement, il y a plus de quarante ans (il a terminé le premier tome de son livre en 1968), les vestiges ou écritures effacés peu après par une urbanisation sauvage. Cheikh Abderahmane Djilali a été – peut-être – le seul historien algérien qui est monté sur les coupoles et minarets des mosquées algéroises pour lire ou déchiffrer les écritures dessinées par leurs constructeurs.(2) Sur beaucoup de points, il  ne saurait être retouché, car il a été aussi le dernier à examiner ces monuments.Lecteur assidu, passionné d’histoire, il dépouilla ou fit dépouiller des archives considérables. Aujourd’hui, où quelques découvertes de détail viendraient s’insérer dans son «panorama historique», on ne saurait, toutefois, de l’aveu des spécialistes, le rectifier substantiellement.Son livre intitulé Histoire des trois villes, Alger-Médéa-Miliana reste une référence incontournable pour l’époque de Bologhine Ibnou-Ziri, fondateur des trois grandes villes. Sans doute cheikh Abderrahmane Djilali force-t-il parfois la couleur, sans doute accorde-t-il un poids excessif aux «héros», mais il est critique lucide des témoignages, psychologue aigu, relativement indemne du moralisme prédicant, et surtout admirable narrateur. Il a été le premier historien algérien à avoir présenté les portraits des rois et révolutionnaires berbères : les portraits de Sifax, Massinisa, Jughurta, Tacfarinas demeurent de magnifiques créations, vraies humainement aussi qu’historiquement. Scientifiquement, il a été le premier Maghrébin à avoir «corrigé» les erreurs «idéologiques» de Charles André Julien. Ce dernier vouait — par exemple — une admiration tout à fait particulière à Massinissa, tout en occultant le génie civilisationnel de Sifax, premier roi berbère qui a construit des villes historiques, telles Cirta (Constantine), Rossicada (Skikda) ou Sétifis (Sétif). Mohamed Chérif Sahli a fait le reste dans son célèbre Décoloniser l’histoire. Cette grande fresque (Histoire générale d’Algérie) écrite par cheikh Abderahmane Djilali se lit avec plaisir. Son style est dépouillé, nerveux, concis, mais surtout clair et pédagogique. Une Histoire générale d’Algérie modèle pour nos élèves (du CEM au lycée).


Notes de renvoi : 1- Editions Dar El Gharb  El Islami, Beyrout.
2- Feu Yacef N., photographe d’El Moudjahid à l’époque, l’a immortalisé avec de belles photos (sur El Djamaâ El Kebir, Djamaâ Ketchaoua, etc.)
 


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