Algérie


Ayité Iwanu, un chroniqueur de son temps Le romancier nigérian Ayité Iwanu (1) est un observateur aigu doublé d?un moraliste. Il se plaît à peindre avec une sympathie réelle, relevée d?une discrète ironie, « les nouveaux riches » (de Lagos principalement), à souligner sans lourdeur, en les opposant aux hypocrisies, aux snobismes, aux ridicules de ses modèles, les conseils d?une sagesse, peut-être mondaine elle aussi, mais droite et claire. Ayité Iwanu débute par le journalisme et par des nouvelles. De cette étape, son art retiendra sa tonalité optimiste et ses menues habiletés. Le héros de son premier roman, Courte fuite (1964), est une figure de bien-pensant, de pharisien, qui conduit sa vie en fonction de traditions héritées et qui subordonne toujours son plaisir à ce qu?il croit être son devoir (synonyme le plus souvent d?obligation conformiste), il est imprégné d?un charme un peu mélancolique. La satire, limitée à des travers, ne comporte pas la moindre acrimonie : même quand le héros (ou plutôt l?anti-héros) entreprend d?une ridicule « croisade » contre l?immoralité, l?auteur ne s?indigne guère. Tristes « riches », pensera plus d?un lecteur, mais le romancier, souvent attendri par son propre humour, ne s?attardera pas à cette perspective. Avec Le carrefour (1969), qui étudie une génération plus récente, la verve allègre d?Ayité Iwanu s?exerce aux dépens d?une grande famille enlisée dans ses préjugés, ses vanités, ses petitesses ; la décadence, pas seulement financière, est patente en regard de la « solidité personnelle » (expression de l?auteur) qui caractérisait Roger Wanyo dans Courte fuite. Heure tardive (1975) reporte dans la génération de l?écrivain (celle qui a fait la guerre du Biafra) le conflit entre tradition et individu. Le personnage central a été sorti de son milieu de « riches » par l?expérience du feu ; à son retour, il prend une situation à Lagos, rencontre une jeune fille qui travaille comme lui et qui s?est faite elle-même. Le contraste entre cette fille,issue des couches cosmopolites de Lagos et l?austère famille du héros, dont l?accueil bienveillant dissimule mal la réserve glacée, est rendu avec une admirable acuité qui éclaire les structures cachées de la société nigériane. Le héros renoncera à elle et fera le mariage de raison qu?on attend de lui. Est-il heureux ? C?est la question posée mais non résolue par cette rétrospective d?une vie. Décédé en 1981, Iwanu reste surtout un chroniqueur de son temps. Il est aussi peintre intimiste de la classe des « nouveaux riches » dans le Nigeria indépendant.  1) Né à Lagos en 1915


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