Algérie


Folio
Mona Monaurore (La septaine d'amour)(1) d'Abderrahmane Djelfaoui sont des poèmes du doute et de la beauté. Du doute alors la certitude monte, aveuglante comme la beauté, comme de l'ignorance des prestiges, le prestige s'assure, et des mystères déjoués le seul mystère vrai, sous le soleil la forme humaine d'une vie. Pure ou impure 'La pureté se fane, et de l'impur fleurit le lis immaculé, mieux, le regard à jamais préservé de toute souillure. A moins qu'une nuit fatale ne le fauche, une lune exorbitée, ce seront le matin, dans la rosée flamboyante, des crapauds bavant sur la transparence. Tout est dans tout, si l'on veut, mais il faut alors accepter que tout ne soit rien, et n'importe quoi tout, c'est un monde absurde qu'il faut aimer, et de l'absurde même tirer le sens de l'amour :«Ce murmure au lit d'ombreOù tu t'étires blancheOrée des songes».Dans les poèmes d'Abderrahmane Djelfaoui, on admire une langue sûre d'elle-même, dont la beauté jaillit comme nue d'une pensée que l'équivoque apparemment ne trouble plus, ce qui indique un effort soutenu, mais tellement surmonté, si résolument intégré même à la pensée dont cette forme est l'expression, qu'on ne le sent pas dans l'élégance du jeu de mots.La forme et la pensée sont ici presque indissociables avec les contradictions superbement subjuguées de leur commune matière. Le noir ici fait du blanc, et la lumière se brise en ténébreux diamants que la poussière guette :«De l'obscur de la séparationRepenser la fente du jourMystique soupirail d'être par où muter Nos solitudes en vallée neuve de neige».Belle victoire vers la conquête du langage du c?ur. Est-il déjà tout entier réinventé ' Abderrahmane Djelfaoui prépare en tout cas son vocabulaire, précise sa syntaxe, essaye ses flexions, ses inflexions, définit son espace de vibration. Déjà on le perçoit dans celui qu'exige et suggère cette «Mona», cette bien-aimée transparente comme le poème qui l'évoque, de sensible lumière la crée et la protège. Une poétique de l'espoir, alors, qu'un tel poème suffirait presque à fonder, car cette transparence résiste, et à bien la dire, comme évidence concrète qu'elle est, le poème ne l'ampute d'aucune beauté profonde. La transparence de l'esprit et la beauté sublime célèbrent ici leurs noces dans la ferveur du c?ur :«Des ondes à mes tempesCreusent lumièreA des amandiers inconnusPleins de ferveur».La vie répond des mots, le c?ur, qui est courage, répond de tous les jeux. La beauté et la vérité se trouvent dans le seul dire. «Mona» n'est-elle pas désormais la bien-aimée transparente dont la pureté innocente les roueries ' Le poète Djelfaoui est ici ce moissonneur qui, dans le champ illimité de la réalité absurde, lie les gerbes du possible et offre sa moisson à ses frères humains.




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